Séisme au Maroc. "Ce qu'il faut, c'est accepter le timing des autorités", disent des ONG en attente d'intervention

De toutes les villes ou presque de la région, des équipes de secouristes ou de soignants sont partis ou s'apprêtent à le faire pour la région de Marrakech et le moyen Atlas. Toutes ne sont pas pour autant encore autorisées à intervenir sur le terrain alors qu'elles sont présentes dans le pays.

Pas toujours simple de se mettre à la tâche quand on est une association ou une ONG qui intervient sur les théâtres sismiques ou de catastrophe naturelle, quelle que soit leur amplitude. C’est entre autres le cas au Maroc où le séisme a fait plus de 2681 victimes dans la nuit du vendredi 8 à samedi 9 septembre.

Or, on le sait, ce sont les premiers jours qui comptent le plus pour retrouver d’éventuels survivants. Pourtant, les groupes de secouristes français qui se sont organisés pour se rendre au plus tôt sur place ne sont pas tous à pied d’œuvre. Ils sont encore pour certains dans l’antichambre des interventions proprement dites, à plusieurs dizaines de kilomètres des points les plus touchés par le tremblement de terre.

Le déblaiement, les recherches dans les décombres avec scanner et autres appareils à infrarouge ne sont pas pour tout de suite. Attendre et savoir attendre fait partie du déroulé de ces premières journées sur site. “Dans ces configurations, il faut être patient, on arrive souvent dans les pays qui sont désorganisés du fait de ce qui vient de se produire, souligne un habitué membre d’une ONG lyonnaise. Il faut aussi tout simplement respecter les autorités locales, c’est bien légitime ! 

Se mettre à disposition des autorités est la première chose à faire. Ce sont les structures d’accueil locales qui vont orienter les groupes étrangers vers les lieux où ils vont pouvoir apporter leur contribution. Aider ne peut se faire sans organisation et répartition, résume notre habitué des terrains sensibles.  

 Dans l'attente des autorisations pour intervenir

Parmi les groupes de secouristes associatifs déjà au Maroc, tous ne sont pas encore missionnés par les autorités chérifiennes malgré leur dévouement. D’autres acteurs n’ont pas pour vocation de faire du secourisme au sens propre du terme. C’est le cas de l’ONG lyonnaise GIPS (Groupe d’intervention de protection et de sauvetage) qui doit prendre le bateau au sud de l’Espagne en direction de Tanger mercredi 13 septembre. Yann Badra, son président, n’est pas inquiet : “cette fois-ci, nous effectuons un convoi humanitaire. Après, une fois sur place, on se mettra à leur disposition s’ils ont besoin de nous. 

En attendant, dans les deux fourgons et les deux remorques en cours de chargement destinés à rallier le moyen Atlas, la dizaine de bénévoles qui se préparent à prendre le départ, empilent boîtes de médicaments, couvertures et toiles de tente : le matériel d’ultra-premier secours qui doit permettre aux victimes et aux habitants d’avoir un semblant de toit en attendant un retour à la normale.

Basée dans la région stéphanoise, PFH (Pompiers humanitaires français) est spécialisé dans les missions d'urgence pour venir en aide aux populations victimes de catastrophe naturelle. Présente sur les dernières grandes catastrophes (Turquie, Liban, Madagascar, etc.), elle a réussi à envoyer dimanche une équipe de huit personnes, un médecin, deux infirmières et cinq pompiers. En amont, les responsables de l’ONG se sont mis en relation avec une structure associative locale. “Nous travaillons en partenariat avec elle pour installer un centre de soins destiné à accueillir des victimes en zone reculée”, explique Mathieu Beaugiraud, vice-président de l’ONG stéphanoise. Le matériel transporté, des structures facilement montables et démontables, ne pèsent que 160 kg. “Avec un pick-up, on peut atteindre des secteurs difficilement accessibles, le moyen Atlas par exemple.” Là aussi, tout se fait après accord express des autorités.

Des situations toujours très compliquées

Alors, partir dès qu’il y a une catastrophe, cela est-il utile si l’on ne peut se rendre immédiatement au pied des zones touchées ? “C’est toujours compliqué, où que l’on soit, fait remarquer Mathieu Beaugiraud. Par exemple, pour Haïti, il a fallu trois jours pour arriver sur le terrain. Les inerties sont inhérentes à ces situations. En fait, ce qu’il faut, c’est accepter le timing des autorités, il faut le comprendre. Ça fait partie des choses que l’on doit à tout prix respecter. D’autant, que dans des cas de très grave catastrophe, les autorités du pays veulent avoir la main, parfois la reprendre quand c’est vraiment compliqué. En tous les cas, c’est parfaitement légitime de leur part.” 

Pour aller plus loin, peut se poser la question de savoir si, parfois, la diplomatie, les relations entre chancelleries ne peuvent pas expliquer certains retards dans l’accueil de groupes de secours. Intervenant en géopolitique, Stéphane Parrin livre des explications dans le contexte un peu complexe qui caractérise les relations entre le Maroc et l’Algérie, avec des points de tension sur la ligne frontière. Pour lui, à travers tout ce qui régit les rapports entre la France et le Maroc, ce dernier ferait payer à l’Hexagone sa volonté de rapprochement avec l’Algérie. “Le royaume se sent trahi, il utilise aussi le levier des ONG pour peser, même si cela lui coûte.” Cela pourrait expliquer pourquoi l’acheminement de certaines équipes de secouristes prend spécialement du temps.

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