Deux jeunes hommes de la communauté turque ont été interpellés à leur domicile le 5 novembre, à Meyzieu dans le cadre de l’enquête menée sur des tags anti-Arménie. Ils ont été placés en garde à vue. L'auteur présumé des tags a été laissé libre avec ouverture d'une information judiciaire.
Durant la nuit du dimanche 1er au lundi 2 novembre dernier, des inscriptions injurieuses visant l’Arménie, le président Macron et son épouse ainsi que Laurence Fautra, maire de Décines-Charpieu, avaient été peintes sur les murs du centre commercial des Plantées, sur la commune de Meyzieu. Une enquête avait aussitôt été ouverte par la BSU (brigade de sûreté urbaine) du commissariat local. Trois jours après la découverte de ces inscriptions, les investigations ont donné lieu à deux interpellations.
La vidéosurveillance a permis d'interpeller deux jeunes hommes, membres de la communauté turque. Ils sont âgés de 24 et 25 ans, tous deux originaires du quartier des Plantées, sur la commune de Meyzieu. Ces individus seraient déjà connus de la justice. Ils ont été interpellés tôt jeudi matin à leurs domiciles respectifs et aussitôt placés en garde à vue. Les perquisitions ont permis de mettre la main sur les vêtements portés au moment des faits reprochés. L'auteur présumé des tags a été présenté au Parquet de Lyon le samedi 7 novembre. Il a été laissé libre avec ouverture d'une information judiciaire. Les faits reprochés : "dégradations de bien privé, outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, incitation à la haine raciale". Son complice présumé a été laissé libre à l'issue de la garde à vue.
"Nous ne céderons pas !" la réaction de Laurence Fautra
La maire de Décines-Charpieu, Laurence Fautra, avait réagi avec fermeté et indignation à ces tags sur son compte Twitter : "Nous ne céderons pas ! Les insultes, les menaces ne doivent pas être banalisées. Il faut être intraitable contre ces mouvements extrémistes qui menacent le socle de notre société."Malheureusement les jours se suivent/se ressemblent ! Ces tags ont été inscrits cette nuit à Meyzieu.
— LaurenceFautra (@FautraLaurence) November 2, 2020
Nous ne céderons pas! Les insultes, les menaces ne doivent pas être banalisées. Il faut être intraitable contre ces mouvements extrémistes qui menacent le socle de notre société pic.twitter.com/h02LSoPwMF
Profanation du mémorial du génocide arménien de Décines
Quelque heures avant ces tags injurieux découverts à Meyzieu. C'est le Mémorial du génocide arménien de Décines près de Lyon qui a ainsi été visé et profané dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2020 avec des inscriptions à la peinture jaune. La façade du Centre national de la mémoire arménienne, à Décines, avait également été souillée par les inscriptions "loup gris" et "RTE" (pour Recep Tayyip Erdogan le président turc). Enfin, un autre tag, inscrit en jaune fluorescent, avait été découvert sur le mur du consulat général de la République d'Arménie, dans le troisième arrondissement de Lyon.
Tensions exacerbées dans l'agglomération lyonnaise...
Inscriptions injurieuses ou revendicatives, échauffourées ... la tension est croissante entre communautés turque et arménienne dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Des tensions qui sont exacerbées par le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, au sujet de la province du Haut-Karabakh. Aujourd'hui, l'inquiétude semble gagner la communauté arménienne face à la multiplication des incidents dans la région.
La préfecture prend des mesures
De son côté, la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de prendre des mesures, en demandant le renforcement de la présence de la police nationale et des militaires de l'opération Sentinelle aux abords des établissements scolaires arméniens et des lieux de culte. Une mesure prise "face aux tentatives d'intimidation dont sont victimes nos compatriotes d'origine arménienne", est-il indiqué dans un tweet officiel. Face aux tentatives d’intimidation dont sont victimes nos compatriotes d’origine arménienne, le préfet a demandé le renforcement de la présence de la @PoliceNat69 et des militaires de l’opération #Sentinelle aux abords des établissements scolaires arméniens et des lieux de culte. pic.twitter.com/Qe2c8gkBsy
— Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) November 5, 2020
Dissolution des Loups Gris...
Jeudi matin, le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse a condamné un homme de 23 ans, d'origine turque pour "incitation à la violence ou à la haine raciale" contre des Arméniens sur les réseaux sociaux. Cette condamnation survient au lendemain de la dissolution en France du groupe ultra-nationaliste turc les Loups Gris.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a en effet confirmé mercredi 4 novembre la dissolution des Loups Gris, un groupuscule ultra-nationaliste turc, pro-Erdogan, impliqué dans plusieurs violentes actions contre la communauté arménienne en France, et notamment dans l'agglomération lyonnaise.
Le mouvement des « Loups gris » a été dissous en conseil des ministres, conformément aux instructions du Président de la République.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 4, 2020
Comme le détaille le décret que j’ai présenté, il incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des actions violentes. A lire? pic.twitter.com/b3qL7REDPo
La décision du Ministre de l'Intérieur a été saluée par le Comité de défense de la cause arménienne. De son côté, la Turquie a prévenu qu'elle allait "répliquer fermement" à la dissolution par la France de l'organisation ultranationaliste turque des Loups Gris, qualifiant cette décision de "provocation".