Depuis l'annonce par le président de la République d'un projet de loi sur l'aide à mourir, le débat sur la fin de vie est relancé. Dans l'unité des soins intensifs, à l'hôpital Lyon sud, on "soulage" les patients atteints de pathologies graves. Ici, on parle de dévouement, pas de mort.
"Il a de la morphine en continu, il peut appuyer tout seul sur la pompe s'il a mal".
Ce jour-là, à l'heure de la relève, dans le bureau des infirmières, on échange. Comme d'habitude. "Il a dit que c'était un peu douloureux localement, mais on n'a pas eu d'autres alertes". "Monsieur X a bien dormi, on n'a pas eu besoin de lui donner un traitement". "Il toussait beaucoup, on est passé à l'eau gélifiée".
Un personnel dédié et dévoué
La cheffe de service écoute. Attentive. Elle sait que 60 % de ces patients pourront rentrer chez eux, un jour ou l'autre. Ils sont pourtant en soins palliatifs. Ici, on veille au confort des malades."La réalité du service, ce sont des patients atteints de pathologies graves, chroniques et évolutives." Elise Perceau-Chambard est la médecin cheffe, elle explique que, quand ils sont accueillis, "ils sont dans des souffrances, d'inconfort et de crises, ce qu'ils vivent à ce moment-là, n'a plus de sens". Puis, elle ajoute : "on se dévoue pour eux".
Développer des soins dédiés, avec une équipe dédiée, des personnels compétents, ça permet de diminuer les symptômes. Ici, on parle beaucoup de projets comme sortir, prendre l'air, même alité, recevoir sa famille, y compris la nuit. On a des intervenants qui proposent de la médiation animale.
Elise Perceau-Chambard, médecin cheffe des soins palliatifs, hôpital Lyon sud
Le serment d'Hippocrate
Le projet de loi, comme imaginé par le chef de l'État, ne la rassure pas. Elle cite le serment d'Hippocrate. "Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément." Pour elle, sa mission de médecin"ce n'est pas aider à mourir, mais aider à soulager". Dans cet extrait, elle fait part de ses doutes quant au projet de loi sur l'aide à mourir. Elle relativise et se pose la question du sens.
"Des questions compliquées"
"Tous les jours, les patients nous montrent que les réponses ne sont pas évidentes. Il faut se prémunir des réponses évidentes à des questions si compliquées." La médecin cheffe explique qu'elle ne voit pas "imaginable" de devoir donner la mort.
Des formations en soins palliatifs
Elle préfère parler formation. Selon elle, tous les soignants, de tous les services, devraient pouvoir accéder à des formations en soins palliatifs "pour comprendre et pour connaître les enjeux autour du soulagement des patients. Avec des formations en lien avec l'étique".
En fin de matinée, Roberto rentrait d'un petit tour à l'extérieur, avec son déambulateur. Dans le local pharmacie, les infirmières échangeaient, l'une de leur collègue vient d'accoucher. Un beau bébé de 3 Kg 500. Il se porte bien. Il a la vie devant lui.