Un ancien président de bureau de vote à Lyon, a choisi de sortir du silence. Diagnostiqué positif Covid 19 comme beaucoup d'autres assesseurs, il soupçonne d'avoir été contaminé pendant le 1er tour des élections municipales.
Près de deux semaines après le premier tour des élections municipales, les témoignages d’assesseurs atteints par le Covid-19 se multiplient sur la toile. Dans la région lyonnaise, un ancien président de bureau de vote a choisi de sortir du silence. Diagnostiqué positif à son tour, il soupçonne l’élection d’en être la cause.
Avec 39 degrés de fièvre, il se dit très faible. Olivier lutte chaque jour pour respirer correctement. Il a été diagnostiqué positif au Covid-19 dans un centre hospitalier de la région lyonnaise.
Fièvre, essoufflements au moindre effort, aucune amélioration de son état de santé depuis le samedi 15 mars, lorsque les premiers symptômes ont débuté.Je ne vais pas bien", nous confie-t-il par mail. "J'ai été détecté à la limite du seuil de l'insuffisance respiratoire.
Pour cet homme habitué du télétravail, il ne fait aucun doute qu’il a été contaminé au bureau de vote de son arrondissement "Je ne suis pas sorti de mon domicile entre le 9 mars et le jour de l’élection, assure-t-il. Et un assesseur du bureau d’à côté est lui aussi positif."
Le premier tour, une "hérésie"
"Mon état d'esprit initial, c’était d'offrir de mon temps pour la vie démocratique et citoyenne" raconte-t-il. Dimanche 15 mars, cet homme âgé d’une quarantaine d’années est président d’un bureau de vote de la métropole lyonnaise, pour la seconde fois.
Même s’il a cru "jusqu’au dernier jour " que le vote serait reporté, il se sent bien décidé à faire respecter les gestes barrières conseillés par le gouvernement. Mais une fois sur place, il déchante.
Pas de masque à disposition., pas d'équipement de protection pour l'ensemble du personnel, le public, les présidents. "J’ai réussi péniblement à acheter 11 masques pour mes assesseurs, scrutateurs et employé d’Etat civil, dont je m’estimais responsable de la santé. J'ai été le seul à venir ainsi équipé, et j'ai été raillé d'être quelqu’un d’anxieux et d’anxiogène."Les mesures étaient insuffisantes, et toutes n’ont pas été appliquées - Raconte Olivier.
Ce jour-là, plus de 370 personnes ont défilé devant son urne. "Les distances de sécurité n’étaient pas respectées" se souvient-il. "Chaque isoloir disposait d'un rideau impossible à retirer sans outillage adéquat, soit autant de vecteurs de contamination. Le flacon hydro-alcoolique était commun à l'ensemble du bureau. Et, je ne disposais d'aucun pouvoir pour imposer le lavage préalable des mains, ni enjoindre quelqu'un à porter un masque ou des gants quand il toussait."
ce dimanche 15 mars, Olivier ne peut que subir impuissant, et poursuivre la journée ainsi. Après le dépouillement, vient le temps de plier bagage. "Le gardien est parti en même temps que moi et aucun personnel de ménage n'était présent sur les lieux. La poubelle des gants usagée n’a pas été vidée de la journée" déplore-t-il. "Je ne sais pas si cela a été fait depuis, dans cet ensemble scolaire important."
Un dépôt de plainte contre le gouvernement
Pour Olivier, la signature du procès verbal dans la mairie de sa commune n’est pas non plus exempte de toute critique, "nous étions plus de 200 personnes, massées dans un couloir exigu. Une fois de plus, les distances de sécurité n’étaient pas garanties."
Avec le recul, ce directeur de communication estime que c’était "une hérésie de ne pas avoir reporté ce premier tour." Il affirme avoir porté plainte contre le gouvernement pour "mise en danger volontaire de la vie d’autrui et application parcellaire du principe de précaution."