"5 ans c'est inhumain!", le 16 janvier 2019 une adolescente avait été renversée par un bus en plein centre-ville de Lyon. La filiale de la SNCF, qui gère les transports en commun lyonnais, a été mise en examen 5 ans après les faits.
La société Kéolis Lyon a été mise en examen pour homicide involontaire, cinq ans après le terrible accident qui a coûté la vie à Johanna, 15 ans dans le centre-ville de Lyon.
Johanna, a été renversée par un bus le 16 janvier 2021 tandis qu'elle traversait la rue près de l'Hôtel de ville. Sa mère avait décidé de porter plainte contre le maire de Lyon de l'époque, Gérard Collomb, et contre le groupe Kéolis pour homicide involontaire.
"Ce n’est pas trop tôt!" a commenté la mère de Johanna à l'annonce de cette mise en examen. Rien n'est sûr mais c'est l'aboutissement de 5 ans de souffrance et de combat.
Je reste prudente car j'ai eu tellement de déconvenues et de maltraitance que je prends de la hauteur. Et je ne lâcherai pas, je n’ai pas le choix car sinon ça serait direction le cimetière.
Sandrine Barthélémy, mère de Johanna
Cinq ans c’est très long c'est inhumain et je ne parle pas que de moi mais aussi des nombreuses autres victimes, comme moi, car malheureusement je ne suis pas toute seule dans ce cas-là."
L'entreprise Kéolis prête à coopérer
"Ce drame a touché chacun d’entre nous au sein des TCL. Cette mise en examen est une étape de l'information judiciaire : ce statut n’implique aucunement une présomption de culpabilité. La procédure d’instruction se poursuit et les juges vont continuer de mener leurs investigations" a précisé l'entreprise dans un communiqué, ajoutant : "nous coopérons pleinement aux actes menés par les magistrats et continuons à apporter tous les éléments nécessaires, la sécurité de tous étant notre priorité".
Quelles responsabilités ?
Cette décision des juges d’instruction est conforme aux réquisitions d’octobre 2023, du
Parquet de Lyon, qui leur avait demandé "de poursuivre les investigations et d’envisager la mise en examen des personnes morales susceptibles d’avoir pénalement contribué à la réalisation de l’accident". La société Kéolis est donc visée par une procédure judiciaire et la question est de savoir si la Métropole de Lyon a également été entendue par des juges d'instruction. Au moment de la rédaction de cet article la collectivité n'a pas encore répondu à notre demande. Depuis l'accident, la famille de Johanna pointe des négligences au niveau des aménagements de la voirie sur ce carrefour particulièrement dangereux. Il s'agit d'"aire piétonne".
"Une voie piétonne est limitée à 5km/h pour permettre aux chauffeurs de s'arrêter instantanément. Or il y a une limitation à 30km/h," explique Me Sannier, l'avocat de la famille. "On a une incohérence complète car on permet par arrêté municipal à des véhicules de 20 tonnes sur cette aire piétonne. Si ces incohérences avaient été rectifiées, cette petite fille ne serait pas décédée" estime-t-il. "Une mairie était prévenue du danger et a répondu par une inertie totale. J'attends des mises en examens" affirme-t-il.
Sandrine Barthélémy, la mère de Johanna mène un combat depuis 5 ans pour faire reconnaître la responsabilité du transporteur et de la municipalité qui selon elle n'avait pas suffisamment sécurisé les lieux. "Il a fallu que cet accident arrive pour qu'il y ait un passage piéton" regrette-t-elle. "J'attends la vérité et que les responsabilités soient reconnues".
La Métropole de Lyon, de son côté, indique que le projet de réaménagement de la presqu'île prévoit une piétonisation et un contournement de la zone pour les bus d'ici 2025.