À l'appel de trois syndicats, CGT, SNES et SUD, des enseignants et personnels de sept lycées de l'est lyonnais sont en grève ce lundi 18 décembre. Ils dénoncent des "conditions d'exercice indécentes" dans les quartiers populaires.
Des enseignants de sept lycées de l'est lyonnais sont en grève ce lundi 18 décembre, jour du conseil social d'administration qui prévoit les effectifs à venir dans les établissements. À l'appel de trois syndicats, professeurs et personnels se donnent rendez-vous à 11h devant le rectorat de Lyon. Ils travaillent au sein des lycées Brel et Sembat de Vénissieux, Brossolette et Faÿs de Villeurbanne, Camus-Sermenaz de Rillieux, le lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin et, enfin, le lycée La Martinière Monplaisir situé dans le 8e arrondissement de Lyon. Ces établissements sont exclus des réseaux de l'éducation prioritaire depuis la réforme de 2015.
L'humain avant tout
Gladys Frindi, 41 ans, est représentante des parents d'élèves du lycée Doisneau. Son fils, scolarisé à Doisneau en première, fait partie des 32 élèves de sa classe. "Les autres niveaux, surtout en technologique, ont plutôt 35 ou 37 enfants par classe", confirme Gladys Frindi.
Comme les professeurs, Gladys Frindi note les difficultés croissantes du lycée : des classes surchargées, des professeurs épuisés qui sont rarement remplacés. "On court aussi après un poste d'infirmière et d'assistant d'éducation", ajoute-t-elle. "La plupart des élèves de nos lycées viennent de collèges de secteurs qui eux, sont en éducation prioritaire, or les problèmes ne disparaissent pas miraculeusement en un niveau". Une critique largement partagée par les enseignants des établissements.
En septembre dernier, des professeurs du lycée Doisneau dénonçaient déjà leurs conditions de travail, des classes surchargées et un manque d'effectifs pour accueillir les élèves dans leur lycée.
"C'est un climat compliqué, les professeurs n'ont pas le temps d'être là pour les élèves, c'est mathématique : pour 50 minutes de cours et 35 élèves vous avez un temps individuel extrêmement réduit donc moins de temps pour les questions". Et ce n'est pas par manque de volonté. "Les professeurs qui restent plus d'un an vivent leur travail comme une mission mais il faudrait des moyens pour vouloir faire rester les autres", poursuit Gladys Frindi.
En tant que responsable des parents d'élève, elle reçoit les inquiétudes des parents. "Certains se demandent si leur enfant aura le bac, s'il sera le même que les autres étant donné l'importance du contrôle continu". Quand d'autres parents, s'inquiètent face aux absences non remplacées des professeurs.
"Ils se demandent pourquoi tel professeur fait grève, pourquoi un autre n'est pas remplacé, et ces inquiétudes se multiplient dans un contexte parfois tendu ou dans les cas de harcèlement". Gladys Frindi le dit sans détour : "l'humain fait tout, avoir des adultes en plus permet de s'adapter aux besoins des élèves, d'être à leur écoute et de les accompagner".
"On nous donne des miettes"
Des heures supplémentaires dans la dotation horaire globale, cette enveloppe d'heures attribuée à l'établissement par le rectorat, permettraient de dédoubler les classes, d'ouvrir de nouvelles options. "Les élèves, notamment ceux en difficulté, pourraient bénéficier de ce coup de pouce, de cette attention en plus d'un professeur pour obtenir leur bac", estime la quadragénaire. Des classes allégées, moins bruyantes de fait, permettraient aux élèves de se concentrer davantage.
Elle confie s'être sentie "particulièrement pauvre", en tant qu'habitante de Vaulx-en-Velin et parent d'élève, au moment de voter la dernière dotation horaire. "L'éducation nationale est en situation de pauvreté, chaque petite demi-heure de cours est réfléchie dans une grande magie financière : ce qu'on donne à l'un, on l'enlève à l'autre." Par exemple, les classes de seconde ont un seuil de 25 à 26 élèves. "Garantir ce nombre revient à enlever 30 heures sur l'ensemble du lycée, ce sont autant d'heures en moins pour d'autres élèves". Sans compter l'impossibilité de rajouter des options comme l'arabe en LV2, pourtant très demandée par les élèves de l'agglomération lyonnaise selon elle.
"On nous donne des graines, des miettes pour lesquelles on doit se battre, on doit quémander des heures à l'Académie", regrette Gladys Frindi. Aux côtés des professeurs, elle espère l'augmentation de la dotation horaire mais surtout, la reconnaissance officielle du caractère prioritaire des établissements en grève ce lundi.