Trois mois de réflexion pour le projet de téléphérique urbain entre Francheville et Lyon : coup d'envoi de la consultation du Sytral

Concernant le projet de téléphérique à Lyon, le Sytral lance ce lundi 15 novembre 2021 une consultation préalable. Elle se déroulera jusqu’à mi-février 2022. D'autres villes avant Lyon, Grenoble, Brest et Toulouse ont choisi ce mode de transport.

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C'est un projet qui divise : celui de transport par câble entre Francheville (secteur du Chatelard) et Lyon. Avec 5 stations, la ligne de près de 7 kilomètres partirait de Francheville pour relier le quartier de Gerland, de Perrache ou de Jean-Jaurès. Il passerait par Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière. Le coût du projet est d'ores et déjà estimé à 160 millions d'euros. Le projet pourrait aboutir à l'horizon 2026.

Concertation publique

Le syndicat mixte des transports du Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral) a décidé de lancer ce lundi 15 novembre 2021, la concertation sur ce projet qui fait grincer des dents. Les débats sur le projet auront lieu jusqu’au 15 février. Trois mois de concertations et de débats chapeautés par la Commission nationale du débat public (CMDP). Durant cette phase d'écoute, chacun peut s’informer, participer et s’exprimer sur le projet.

La concertation prévoit de recueillir l'avis des citoyens sur l'opportunité du projet, les hypothèses de tracés, les différentes technologies envisagées, les principes d'insertion des stations et pylônes, mais aussi sur les alternatives éventuelles, tel que le bus à haut niveau de service (BHNS), aussi appelé trolleybus électrique.

Les habitants de la Métropole de Lyon sont donc invités à donner leur avis sur l’ouvrage en ligne sur une  plateforme participative. "Cette concertation a pour ambition principale de trouver des solutions pour désengorger la circulation entre Francheville, Sainte-Foy-Lès-Lyon et le centre de Lyon," indique le Sytral sur son site internet.

Sur internet et en mairie, des registres ont été mis en place pour recueillir les observations, les avis ou les contributions. Des réunions publiques seront également organisées.

Les 4 tracés définis par des études de faisabilité :

•Fuseau nord en direction de Confluence avec un terminus en gare de Perrache 
•Fuseau nord en direction de Confluence avec un terminus à Gerland/Jean-Jaurès 
•Fuseau central avec un terminus à Gerland
•Fuseau sud avec un terminus à Gerland

Une forte opposition au projet

Si ce mode de déplacement est connu et accepté à la montagne, il est loin de faire l'unanimité en ville. Et dans l'Ouest lyonnais, l'opposition est très forte. Ainsi, les opposants se sont regroupés derrière la bannière du collectif "Touche pas mon ciel" et dénoncent depuis le départ "un projet tombé du ciel". Le collectif revendique près de 1500 adhérents, essentiellement des habitants des communes de l'Ouest lyonnais. Tous sont vent debout contre ce projet voulu par les élus écologistes de la majorité métropolitaine à l'horizon 2026.

Les détracteurs dénoncent un projet qui n'est pas sans effets pour le "balcon vert" de l'agglomération lyonnaise. Beaucoup évoquent un impact négatif sur le paysage avec pollution visuelle à la clef à cause de ses pylônes. Ils redoutent également une pollution sonore. D’autres craignent le survol de leurs propriétés et habitations par plus de 20.000 passagers tous les jours. Enfin certains préfèrent miser sur le développement de la ligne E du métro. 

La commune de Sainte-Foy-lès-Lyon avait par ailleurs commandé à l'institut Ifop un sondage dont les résultats ont été dévoilés le 20 octobre dernier. Le sondage a été réalisé auprès de 502 personnes, du 30 août au 3 septembre dernier. Ce sont 77% des Fidésiens sondés qui se sont prononcés contre le projet porté par la majorité écologiste de la Métropole. 61% des personnes consultées avaient même dit y être "très défavorables" au projet.

Le projet de transport par câble n'a pas non plus obtenu l'adhésion des habitants du 2e arrondissement de Lyon. Selon une consultation menée par la mairie, près de 80 % des habitants interrogés se disent défavorables au projet de télécabine. La consultation a été menée du 20 septembre au 20 octobre par le biais de 10.000 questionnaires adressés aux administrés.

Un référendum le 28 novembre

Un référendum, organisé par les mairies de la Mulatière et de Sainte-Foy-lès-Lyon est prévu le dimanche 28 novembre. Ce vote ne relève pas de la concertation organisée par le Sytral. 

"Le transport par câble est la solution la plus adaptée pour assurer un tracé direct, rapide et confortable de Francheville et Sainte-Foy-lès-Lyon au centre de Lyon," indique de son côté le Sytral sur son site. 

Pour convaincre les habitants, l'organisme met en avant des objectifs écologiques et d'alternative à l'usage de la voiture individuelle. Selon les chiffres avancés par l'autorité organisatrice des transports lyonnais, 59.000 personnes se déplacent chaque jour entre l’Ouest lyonnais et le centre-ville. Le trajet en voiture dure en moyenne 50 minutes aux heures de pointe contre 25-30 minutes en transport par câble. 

Le Sytral et son président Bruno Bernard, également président écologiste de la métropole de Lyon, jugent ce mode de transport électrique comme "le plus adapté" à répondre aux besoins de ces communes. Toujours selon Bruno Bernard, il est aussi adapté aux impératifs de transition écologique, même s'il reconnaît des "obstacles" tels que la présence d'imposants pylônes et un survol qui peut poser problème pour les riverains.

Devant la presse, ce lundi 15 novembre, Bruno Bernard a assuré que sa "conviction que ce projet (de transport par câble) est le bon ne vaut pas décision", et que sa réalisation dépendrait des résultats de la concertation.

Transport par câble : ce qu'il faut savoir

Selon Alicia Aliaga, chargée d'étude au CEREMA (Centre d'études
sur l'environnement, la mobilité et l'aménagement), "le transport par câble est le mode le plus adapté au franchissement d'obstacles; des obstacles naturels comme un fleuve, comme du dénivelé ou un canyon. Ça peut être aussi des obstacles urbains, comme le franchissement de voies ferrées ou de voies autoroutières". Elle poursuit : "ça peut permettre le raccordement de quartiers, le désenclavement de quartiers qui sont séparés par ces obstacles-là."

Si les avantages de ce mode de transport sont incontestables, il comporte aussi des inconvénients, comme pour "tous les autres modes de transport". Elle énumère: "contraintes d'insertion des stations en milieu urbain" ou encore "acceptation visuelle", "tracé en ligne droite, on ne va pas pouvoir serpenter comme le métro, le tramway ou les bus". 

Quant au coût de ce mode de transport, "il dépend d'un nombre important de critères comme les technologies associées, le nombre et la configuration des stations, le nombre de pylônes, les choix architecturaux, le design que l'on veut donner aux pylônes va aussi impacter le coût," indique Alice Aliaga. Et si le coût dépendait du nombre de câbles? "On sait qu'en général les téléphérique et télécabines monocâbles présupposent des coûts plus faibles que les systèmes tri-câbles. Par exemple, à Brest, le téléphérique a coûté environ 19 millions d'euros. A Toulouse, c'est un système tri-câbles qui va coûter 82 millions d'euros. Mais on va aussi trouver des projets de monocâble comme le projet grenoblois qui coûte 65 millions d'euros," explique Alice Aliaga.

Téléphérique de Brest : l'argument économique

A Brest, le téléphérique relie le centre-ville au quartier des ateliers de l'Arsenal, en plein développement. Depuis près de 5 ans, les cabines ont déjà transporté plus de deux millions de personnes. Cet équipement comporte deux stations distantes de 400 mètres. Dans la ville bretonne, le téléphérique a été adopté dès son inauguration en novembre 2016. Pourtant, il a connu de nombreuses pannes à ses débuts. Une cabine s'est même décrochée, heureusement sans faire de blessé. En bref, Brest a essuyé les plâtres : il a fallu trouver des solutions pour limiter le bruit ou encore préserver la vie privée des riverains. Pour la Métropole de Brest, la construction d'un pont ou d'une passerelle était jugée trop chère. L'option téléphérique à moins de 20 millions d'euros est apparue comme une évidence. "Le transport urbain est cher par définition. Ce téléphérique est celui qui à la meilleure rentabilité lorsque d'un côté on met le coût et de l'autre les recettes," explique François Cuillandre, maire (P.S.) et Président de Brest métropole. Le téléphérique circule tous les jours.

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Alors que la concertation pour le téléphérique de Lyon commence, petit tour de France des projets de transport par câble.... illustration à Brest. ©France 3 Rhône-Alpes - Grand Lyon (JC.Adde, S.Goldstein, M.Dubois)

Toulouse : le téléphérique le plus long de France

"Les contraintes étaient avant tout des contraintes naturelles, et non des contraintes totalement urbaines," explique Jean-Michel Lattes, Président Tisseo Ingénierie. A Toulouse, le téléphérique survole une zone verte au sud de la métropole. Pour réaliser le projet, ce sont 1.500 arbres qui ont été sacrifiés mais 3.000 végétaux ont été replantés ailleurs. Les travaux ont duré près de deux ans. Les câbles ont été posés par hélicoptère l'été dernier.

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Alors que la concertation pour le projet de téléphérique de Lyon débute, petit tour de France des transports par câble : illustration à Toulouse où le téléphérique devrait entrer en fonction en 2022. ©France 3 Rhône-Alpes - Grand Lyon (JC.Adde, S.Goldstein, M.Dubois)

A Lyon, le projet de transport par câble pourrait voir l'érection de 14 à 35 pylônes de béton de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, selon la technologie retenue (monocâble ou 3S). A Toulouse, en raison des forts vents qui soufflent sur la ville rose, c’est la technologie du 3S qui a été retenue avec seulement 5 pylônes sur 3 kilomètres.

Dernière ligne droite : le téléphérique toulousain sera mis en service au printemps 2022. 

Le saviez-vous ? Dans la région, Grenoble dispose aussi d'un téléphérique depuis 1934. Il relie le centre-ville à la colline de la Bastille. Mais c'est davantage un mode de transport à vocation touristique. 

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