Un père de famille tué pour un paquet de cigarettes, son meurtrier condamné à 30 ans de réclusion criminelle 15 ans après

Un Algérien accusé du meurtre à l'été 2009 de Foued Guessoum, employé de brasserie à Villeurbanne en 2009, a été jugé en son absence ce mardi 1ᵉʳ octobre devant la cour d'assises du Rhône, à Lyon. L'homme a déjà été condamné pour ce meurtre en Algérie où il purge une peine de 20 ans de réclusion. L'avocat de la famille espérait "une peine exemplaire". Le verdict a été rendu en fin de matinée.

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Le verdict était attendu au plus tôt dans l'après-midi. Au final, il est tombé en fin de matinée, une peine de 30 ans de réclusion criminelle et une interdiction de présence sur le territoire national ont été prononcées. Un verdict conforme aux réquisitions de l'avocat général. Une satisfaction pour la famille après 15 ans d'attente.

"30 années de réclusion criminelle, interdiction définitive du territoire français. C'est ce que souhaitait la famille. Pas moins, pas plus. Ils sont reconnus en qualité de victimes. Quinze ans après, c'est le début du processus de deuil pour eux", a déclaré Me Metaxas. "Redouane Khoutir a été reconnu coupable du meurtre de sang-froid de Foued Guessoum et condamné à la hauteur de son crime". 

  "On voulait parler de notre peine"

"Pour moi, il est très difficile de parler. Je l'ai fait pour Foued, pour lui rendre justice et pour notre enfant, pour qu'il ait une vie meilleure". La veuve du disparu est la seule à avoir pris la parole ce mardi matin à la barre."On voulait parler de notre peine," a-t-elle expliqué. La jeune femme a aussi demandé une justice exemplaire. "Et dire que 20 ans de prison en Algérie, ce n'est pas suffisant", a-t-elle expliqué.

Dans la matinée, l'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle et une interdiction de présence sur le territoire français. De lourdes réquisitions motivées notamment par le passé judiciaire de l'accusé, mais aussi en raison du motif du meurtre. Une satisfaction pour la partie civile. "C'est le minimum pour réparer le prix d'une vie, arrachée avec une froideur consternante, avec la responsabilité d'un homme en récidive légale, condamné déjà deux fois par une cour d'assises," a réagi Me Metaxas, avocat de la famille Guessoum, après les réquisitions. 

"Il fallait que la justice soit rendue, même 15 ans après, c'est très important (...) On était toujours en attente, aujourd'hui peut-être que la page judiciaire sera tournée", a expliqué avec émotion la jeune veuve après le verdict. 

Épilogue judiciaire après 15 ans

"C'est 15 ans de procédure depuis le 1ᵉʳ septembre 2009, lorsque Foued Guessoum a perdu la vie. Il a été tué d'une balle en plein cœur. Sans sommations, à bout portant, par un individu à qui on avait refusé de vendre un paquet de cigarettes. Il a été tué pour ça !", a rappelé Me Metaxas, avocat de la famille Guessoum ce matin, avant l'audience devant les assises du Rhône.

Arrêté en décembre 2013 en Algérie où il avait fui après avoir abattu cet employé de la brasserie de la poste à Villeurbanne, Redouane Khoutir a été condamné en mai 2015 en Algérie. Le pays n'extrade pas ses ressortissants. C'est donc de l'autre côté de la Méditerranée qu'il purge actuellement sa peine. "En Algérie, il a pris 20 ans, mais ça n'empêche pas la France de juger cette affaire", a expliqué Me David Metaxas ce mardi matin. À Lyon, le procès était prévu sur une seule journée, sans la présence de l'accusé.

La famille a besoin, 15 ans après, de la reconnaissance de son statut de partie civile, de son statut de victime. S'il doit y avoir une vertu à cette audience, c'est que la famille de Foued Guessoum soit intégralement reconnue dans ses droits en tant que victime.

Me David Metaxas

Avocat de la famille Guessoum

"La difficulté, c'est qu'on juge cette affaire 15 ans après. Quinze ans, c'est trop long. Pour la famille, c'est une reviviscence des événements. La famille est à bout, elle n'y croit plus. Même ce matin, à l'ouverture du procès, elle ne sait pas ce qu'elle doit attendre. Elle a du mal à réaliser que le procès va se tenir, on est 15 ans après, c'est normal. Mais en même temps, il y a un besoin de justice évident", a confié l'avocat des parties civiles avant l'audience. 

Une audience symbolique ?

Déjà en 2015, Me David Metaxas avait regretté les conditions dans lesquelles s'était déroulé le procès de Redouane Khoutir devant la justice algérienne. Un procès "sans témoins, sans les parties civiles, sans les victimes, sans que personne ne soit informé".

Lors de cette unique journée d'audience devant les assises de Lyon, l'accusé, âgé aujourd'hui de 66 ans, ne comparaît pas. La mère, les frères, la sœur et la veuve de Foued Guessoum étaient présents à l'audience. La famille du disparu, très soudée depuis le drame, se retrouve donc seule face à un box des accusés vide. Lors de cette audience particulière, il n'y a pas de jurés non plus, uniquement des magistrats professionnels. "C'est le compromis minimum qu'on pouvait attendre. "C'est vrai que c'est une cour d'assises à voilure réduite, avec trois magistrats professionnels", a convenu l'avocat.

La sanction doit être exemplaire. Elle doit marquer à vie cet homme, comme elle a marqué à vie la famille. Cet homme a fait une veuve et un orphelin de 14 ans, né quelques mois après le meurtre de son père. Il faut que la justice prenne la mesure de cela.

Me David Metaxas

Avocat de la famille Guessoum

Pas de témoins non plus. Et le représentant de la famille s'en est expliqué. "On a un dossier d'instruction qui est carré, qui établit une culpabilité (...). On sait comment Foued est mort, on a le rapport balistique, les investigations policières... on n'a aucun doute sur la culpabilité (de l'accusé). Tout ce que doivent déterminer aujourd'hui les magistrats de la cour d'assises, c'est la peine", a précisé l'avocat ce matin.

Au moment de la mort de l'employé de la brasserie, Redouane Khoutir bénéficiait d'une liberté conditionnelle après avoir purgé une peine de 20 ans de réclusion criminelle après un hold-up sanglant commis en 1984. Jugé par défaut à Lyon, le sexagénaire risquait aujourd'hui une condamnation à perpétuité.

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