Tué pour un paquet de cigarette à Villeurbanne : la famille de Fouad Guessoum attend ce procès depuis 15 ans

C'est une affaire qui remonte à août 2009 qui est sur le point de s'achever. La famille de Fouad Guessoum, abattu d'une balle en plein cœur "pour rien", pourra-t-elle enfin faire son deuil et exprimer sa souffrance ? Une audience doit avoir lieu ce mardi 1ᵉʳ octobre devant la cour d'assises du Rhône. Mais l'accusé, déjà condamné en Algérie, ne sera pas présent.

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La famille de Foued Guessoum réclame justice depuis plus de 15 ans. La mort tragique et soudaine du futur père de famille avait soulevé une vague d'émotions à Villeurbanne. Son meurtrier, déjà jugé et condamné en Algérie voilà 9 ans, doit être rejugé à Lyon ce mardi 1ᵉʳ octobre 2024. Un procès très attendu mais une audience sans la présence de l'accusé. Retour sur cette affaire criminelle qui a endeuillé tout un quartier.

Été 2009 : abattu pour un paquet de cigarettes

Le 31 août 2009, vers 23 heures, Fouad Guessoum, un homme de 35 ans, est abattu pour un motif futile en plein centre de Villeurbanne, avenue Henri Barbusse, dans le quartier des Gratte-Ciel. Le drame s'est déroulé à la brasserie de la poste. Aux lendemains des faits, une foule d'amis et anonymes est venue rendre lui hommage à l'endroit où il a été tué.

Ce soir-là, une femme vient acheter un paquet de cigarettes alors que l'établissement est sur le point de baisser le rideau. Caisse fermée. Le ton monte entre la serveuse et la cliente. L'employé de nettoyage, Fouad Gessoum, est présent et assiste à la scène. Prenant la défense de la serveuse, il invite la cliente à sortir. Cette dernière, énervée, revient avec son compagnon, un homme d'une cinquantaine d'années. Le couple se voit de nouveau refuser l'achat d'un paquet de cigarettes. Le ton monde, l'employé s'interpose pour défendre sa collègue. Lorsque le quinquagénaire revient seul dans l'établissement un peu plus tard, il est armé d'un pistolet et abat l'employé d'une balle en plein cœur et s'enfuit. Fouad Guessoum est tué sur le coup. Le jeune homme a laissé une épouse qui a accouché quelques semaines plus tard d'un petit garçon. 

Repris de justice en cavale 

Le meurtrier présumé est rapidement identifié. Il s'appelle Redouane Khedoune. Il fait à l'époque l'objet d'une mesure de semi-liberté. Ce dernier est bien connu de la justice pour divers crimes et délits. Il a notamment été condamné à 20 ans de prison en 1989 pour un hold-up sanglant perpétré en 1984 en Saône-et-Loire. Une affaire durant laquelle un policier a trouvé la mort. Après avoir tiré sur l'employé de la brasserie de Villeurbanne, Redouane Khedoune prend la fuite. Direction l'Algérie.

Deux ans après le drame, alors que l'auteur présumé du coup de feu mortel est encore en cavale, la famille et les proches de Fouad Guessoum se sentent abandonnés par la justice. Une marche blanche est organisée en septembre 2011 pour réclamer l'arrestation de Khedoune qui s'est volatilisé.

2015 : un procès expéditif en Algérie 

Visé par un mandat d'arrêt international, l'individu est finalement arrêté par les autorités algériennes à Annaba, une ville de bord de mer, début décembre 2013. Quatre ans et demi après le drame de Villeurbanne. Mais le repris de justice n'est pas extradé vers la France. Le pays n'extrade pas ses ressortissants.

Redouane Khedoune est cependant jugé le 18 mai 2015 par la justice algérienne. Il écope d'une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre. Ni la famille de la victime, ni leur avocat, Me David Metaxas n'ont été informés de la procédure. Il a regretté les conditions dans lesquelles s'était déroulé
le procès en Algérie. "La famille n'a pas été convoquée, les témoins n'ont pas été convoqués. C'est un procès qui s'est fait en catimini, avec seulement l'accusé," a déploré l'avocat lyonnais de la famille, Me David Metaxas. Inacceptable pour ce dernier qui avait dénoncé à l'époque "un simulacre de justice" et "une offense faite aux victimes". 

Les proches de la victime ont appris par un simple SMS en mai 2015 que le meurtrier venait d'être jugé et condamné en Algérie. Un procès expéditif qui s'est déroulé sur une journée, sans témoins, sans experts et sans les proches. Pour le frère, c'est un mélange de colère et d'amertume qui dominait, des années après le procès algérien : "On a l'impression qu'on a été abandonné par l'État algérien. Ils ont voulu bâcler l'affaire. On le voyait sur les photos, mais j'aurais voulu l'avoir en face de moi. Qu'il nous explique pourquoi il a tué mon frère pour un paquet de cigarettes", avait déclaré Bilal Guessoum à l'époque.

Procès à Lyon : feu vert en 2019

Durant des années, la famille de la victime a réclamé un procès. En 2019, l'avocat des proches de Fouad Guessoum demande la tenue d'une audience à Lyon comme le permet le Code de procédure pénale. "Cette disposition prévoit que lorsqu'une personne commet une infraction sur le territoire national - même si elle a été jugée à l'étranger par une juridiction de son pays - on peut tout de même le juger en France", avait expliqué Me David Metaxas.

La famille a finalement été entendue : une audience va se dérouler à Lyon ce mardi 1ᵉʳ octobre 2024. Un tournant dans cette affaire qui intervient 10 ans après la tragédie. Pour les proches de Fouad Guessoum, cette étape constitue enfin l'espoir de tourner la page. "Je défends une femme qui a accouché d'un enfant orphelin de père, d'un frère qui n'a jamais pu faire son deuil et de parents qui restent prostrés dans leur appartement", avait également expliqué en 2019 Me Metaxas. 

Mais cette audience va-t-elle permettre à la famille Guessoum de faire enfin son deuil ? Si ses membres seront bien présents sur les bancs des parties civiles, le box des accusés sera vide. Le procès va se dérouler sur une seule journée, sans la présence de l’accusé, toujours détenu en Algérie. Redouane Khoutir, aujourd'hui âgé de 66 ans, sera jugé par défaut et risque la perpétuité.

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