Mourad Slimani, propriétaire de la Grande Boucherie à Vénissieux, a décidé d’offrir des colis de près de 5 kilos de viande aux personnes les plus précaires de sa ville. Près de 600 bénéficiaires recensés par la municipalité vont profiter de sa générosité.
«Allez, plus vite, plus vite. Ça ne suit pas les vieux là !». Ce jeudi matin, Mourad Slimani est d’humeur facétieuse avec ses amis retraités qui sont venus lui prêter main forte pour préparer les colis. L'après-midi, ce seront les jeunes du quartier qui viendront le seconder. Ce boucher des Minguettes a décidé de venir en aide aux Vénissians dont la crise sanitaire a accentué les difficultés financières.
Son cadeau : des colis de viande d’une valeur de 30 euros.
«On met une quantité conséquente pour une famille. On met par exemple 1kg200 d’escalopes de poulet, pour des familles de 4 personnes, on essaie de mettre un peu de tout. Vu qu’on est commerçant, on sait plus ou moins ce que veulent les familles. Je dis pour les familles, mais en fait c’est pour tout le monde !»
C’est en constatant la détresse de certains de ses clients que ce boucher a décidé de partager les 35.000 euros de bénéfices qu’il a réalisés l’année dernière :
C’est calculé par rapport à mon chiffre d’affaire. C’est de l’argent que les Vénissians m’ont fait gagner. C’est grâce à eux qu’on est là.
Chez les Slimani, la solidarité : une histoire de famille
Pour mener à bien cette opération, Mourad Slimani a sollicité le Centre Communal d’Action Sociale de la ville qui a recensé les potentiels bénéficiaires, et mis en place un système de bons pour récupérer les colis. Le commerçant souhaitait toucher tous les publics de tous les quartiers et de toutes confessions. A raison d’une centaine de colis par jours, ce sont près de 3 tonnes de viande qui vont être distribuées en l’espace de 3 semaines.
Et pour préserver les bénéficiaires du jugement d’autrui, la distribution se fait à l’abri des regards :
« Il y a certaines personnes qui se sentent gênées de venir. Mais on se met un peu en retrait ici, ils viennent directement et ils sont très contents. Rien que de voir le sourire de ces personnes, ça nous fait vraiment plaisir.»
Il y a plus de 50 ans, son père, lui-même boucher, offrait déjà des colis alimentaires dans le 3e arrondissement de Lyon. Comme si la générosité était inscrite dans l’ADN de la famille, Mourad a réalisé cette opération avec l’aide et sur les conseils de sa fille. Après ce premier geste de solidarité, il envisage à présent d’aider les étudiants. Une nouvelle opération aura donc lieu en avril.