VIDEO. Dans les cuisines du lycée, c'est l'ébullition et une grande première : les élèves de seconde concoctent un menu de choix, sous l'oeil avisé de grands Chefs. Le défi? Cuisiner des "plats" à emporter, à partir de produits bruts issus de dons et qui seront livrés aux plus démunis.
Dans les vestiaires, on s'affaire consciencieusement. C'est comme un rituel. La veste, le col, et le masque...devenu indissociable, tout doit être "au cordeau", d'autant qu'aux fourneaux, des grande Toques sont de la partie.
Tous se prédestinent au métier de la restauration-hotellerie, et malgré la pandémie qui secoue la planète, les établissements fermés pour cause de Covid, ils restent optimistes quant au choix qu'ils ont fait "ça finira bien un jour, j'ai toujours voulu faire ce métier, il y aura toujours du travail dans ce domaine-là" dit l'un. " J'ai encore deux ans d'étude avant de décrocher mon diplôme, les choses auront évolué d'ici là" se rassure un autre.
Toujours est-il que ce jour-là, le Covid est la dernière de leurs pensées. Ils se concentrent sur les mets du jour qu'ils ont à confectionner en équipe.
C'est Romain Hubert, chef un macaron Michelin à l’Émulsion à Saint-Alban-de-Roche, qui les accompagne dans la création de leur premier menu : "soupe de champignons aux croûtons, carottes glacées à blanc et pommes fondantes, un filet de cabillaud servi avec un pesto de roquette et mâche".
Il est là à titre bénévole. D'autres chefs étoilés de la région viendront sur les autres mercredis de l’opération.
Tous ont été séduits par l'idée : concocter des repas solidaires, pendant les fêtes, pour les plus démunis. C'est un ancien élève de l'établissement, Hugo Bijaoui, aujourd'hui gérant du restaurant Le Rousseau à Grenoble qui en eu l'idée : " Mon établissement a dû fermer, j'avais envie d'être utile, de partager, plutôt que de rester inactif, et d'offrir notre savoir-faire, et nous, ce que l'on sait faire, c'est la cuisine" explique-il .
Bruno Nicolas, professeur et directeur des travaux en hôtellerie-restauration de l'établissement, a tout de suite adhéré à la proposition "d'autant que la solidarité fait partie des valeurs que l'on veut aussi leur enseigner et leur transmettre". L'école régulièrement participe à des actions solidaires comme le repas des anciens de la Ville ou au profit du Téléthon.
Pour ces repas solidaires, il leur a fallu faire preuve d'imagination : la matière première qu'ils travaillent et "mettent en bouche" est issue de dons. Ils ont sollicité plusieurs fournisseurs, qui ont accepté de les aider, des jardins potagers, des supermarchés, le Secours populaire et même lancé" un appel aux parents d’élèves qui possèdent un jardin ou qui travaillent dans l’agroalimentaire pour participer à cette action solidaire".
A l'arrivée ce jour-là, après trois heures de travail, ils ont pu offrir plus de 90 repas, dressés avec soin dans des barquettes d'aluminium, avec de autant d'attention qu'ils l'auraient fait, avec une assiette de grand restaurant.
A terme, ils doivent en offrir près de 400. Tous les élèves participeront aux ateliers de fabrication.
A charge pour les bénévoles de l'association de mener à bien la livraison jusqu'au centre de distribution du Secours Populaire dans le quartier de La Villeneuve, à Grenoble.