Trois des protagonistes du braquage d'un fourgon blindé en Suisse en 2018 ont été condamnés à des peines allant de 16 ans de réclusion criminelle à 6 ans de prison ferme et 4 ans dont 2 avec sursis. Un quatrième accusé a été acquitté.
La cours d'assises du Rhône a rendu son verdict, ce mercredi 5 avril 2023, dans l'affaire de l'attaque d'un fourgon blindé perpétrée en Suisse en 2018. Trois des accusés sont condamnés, notamment celui considéré comme le cerveau de ce braquage rocambolesque.
3 condamnations et 1 acquittement
Mehdi A. a été reconnu coupable de vol en bande organisée et enlèvement. Il est condamné à 16 ans de réclusion criminelle par la justice française. Selon l'avocat général, ce "malfaiteur chevronné" serait détenu en Tunisie, impliqué dans une affaire de faux.
Eric Mazaud avait requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre Mehdi A. Il l'a décrit dans son réquisitoire comme "le personnage évidemment central" de ce braquage, perpétré le 8 février 2018 à Chavornay, dans le canton de Vaud.
Yusuf K. le convoyeur accusé de complicité a redit à la fin du procès qu'il était innocent, il a été condamné à 6 ans de prison ferme.
Pascal G., le seul à avoir reconnu les faits reprochés, était accusé d'avoir recelé et enterré dans son garage la malle contenant 2,5 millions de francs suisses du butin. "Je me suis fait avoir dans cette histoire, je suis une personne tranquille je vous demande une deuxième chance" a-t-il demandé au tribunal. Il a été condamné à 4 ans de prison dont 2 avec sursis.
"C’est vrai j’ai eu une vie chaotique j’en suis pas fier j’ai fait énormément de conneries mais j’ai tout payé et sur ces faits je suis innocent", ce sont les derniers mots de Mehdi B avant que la cour ne se retire pour délibérer. Il était suspecté d'avoir effectué des repérages près du domicile lyonnais de la fille du conducteur du fourgon, séquestrée pendant l'attaque, pour contraindre son père à obéir aux assaillants. Il a finalement été acquitté.
"On a de la Suisse dans les idées"
"Dans le milieu du banditisme, on a de la Suisse dans les idées, depuis longtemps, depuis très longtemps. Les affaires de fourgons blindés se suivent sans se ressembler", avait déclaré l'avocat général, en introduction de son réquisitoire. Et d'ajouter : "la Suisse est un pays riche, qui fait l'effet d'une friandise pour les malfaiteurs. Avec des morceaux gourmands : des fourgons que l'on attaque en passant une frontière à portée de parkings, de boxes. Avec préparation, avec une certaine sophistication. L'imagination peut être sans limite."
Au passage, Éric Mazaud a déploré les complications de la coopération franco-suisse, ayant empêché le témoignage de deux complices de l'attaque de Chavornay, condamnés par le tribunal criminel du canton de Vaud, mais qui n'ont pas été obligés de venir témoigner à ce procès.
Rappel des faits
Un des moments forts de ce procès fut le témoignage de Sarah B., 26 ans, la fille d'un convoyeur de fonds enlevée chez elle en 2018. Elle a expliqué avoir été surprise à son domicile par deux faux plombiers le 8 février 2018 au soir. "Je me suis sentie écrasée par cette personne encagoulée", se remémore-t-elle en évoquant la taille d'un de ses ravisseurs, plus de 1,90 mètre. "J'étais terrorisée. Mon instinct de survie m'a dit qu'il fallait faire ce qu'il me demandait."
Elle se souvient avoir été ligotée, bâillonnée avec du scotch, enfermée dans une poubelle et transportée à bord d'une camionnette, jusqu'à un secteur désert, à l'extérieur de Lyon, en pleine nuit.
"A ce moment-là, j'avais peur pour ma vie, je ne savais pas ce qui allait se passer", rapporte-t-elle.
Elle redoute le meurtre, le viol et même le trafic d'organes, jusqu'à ce que ses ravisseurs lui demandent d'appeler son père, alors au volant de son fourgon blindé en Suisse.
Ils l'utilisent comme moyen de pression, pour le forcer à débloquer les portes du véhicule sans alerter son entreprise.
Une fois le butin volé, les malfaiteurs prennent son manteau, son écharpe et nettoient ses mains avec des lingettes de javel, pour effacer toute trace d'ADN, avant de l'"abandonner sur une nationale, sans rien, sans téléphone". "J'avais froid", se souvient-elle en se triturant les mains.
Le surlendemain, elle est placée en garde à vue, les enquêteurs ayant des doutes sur le rôle de son père dans l'attaque. Un carton de billets a en effet été laissé sur les lieux du braquage, pour un montant de 605.000 francs suisses, une possible récompense.
Dans le box des accusés, l'ancien collègue de son père, Yusuf K., 31 ans est accusé d'avoir renseigné l'équipe de braqueurs sur ses habitudes, ce qu'il conteste.
Le verdict est attendu ce mercredi 05 avril 2023, le procès avait débuté le 29 mars, devant la cour d'assises du Rhône.
Avec AFP