Du jaune vif, une cuisine ouverte sur la salle, et des serveurs en tee-shirts noirs avec une tète qui vous sourit... Le café joyeux pourrait ressembler à beaucoup d'autres mais dans cet établissement vous serez servi par des personnes en situation de handicap, autistes, porteuses de trisomie. Plus qu'un café, un pied de nez à l'exclusion.
De l'extérieur, la buée sur les vitres indique qu'il y a déjà du monde au Café Joyeux, à l'angle des rues Ferrandières et Quatre-Chapeaux de Lyon.
Cet établissement est le 8e du genre à ouvrir en France. Derrière ce nom facétieux, c’est en fait une famille de café-restaurants qui forme et emploie des personnes en situation de handicap.
8 équipiers, c'est comme cela que sont nommés les serveuses et serveurs, sont formés sur les différents postes par 4 encadrants.
Pour que les commandes arrivent correctement, un lego de couleur est posé à la fois sur la table et sur le plateau de service. Chaque serveur a une couleur attitré, comme l'explique Maÿlis de Torcy, manager, "C'est une petite astuce qui permet aux équipiers de travailler avec nous en milieu ordinaire, ça leur facilite le travail, et à nous aussi."
Un café exceptionnel et comme les autres
L'objectif non dissimulé de cette entreprise est de changer le regard sur la différence, de rendre le handicap visible et favoriser la rencontre, l'échange.
"C’est un restaurant ordinaire, poursuit Maÿlis, on n'a pas d’autres petites astuces, on travaille comme tout le monde. La particularité, c’est que la cuisine est ici, indique-t-elle en se retournant, elle est vraiment en salle et ça c’est pour que tous les équipiers, même ceux qui sont en cuisine, puissent participer à l’accueil des convives et à la salle."
Faire de la différence une force pour tous
En proposant du travail, en milieu ordinaire, à des personnes éloignées de l’emploi, le Café Joyeux réussit à construire un modèle rentable en faisant de la différence une force.
Derrière le comptoir, Alix arbore fièrement son uniforme, une casquette brodée à son nom et un tee-shirt tout sourire.
Sous son masque, il est facile d'imaginer le même sourire sur son visage quand elle explique : «je trouve que le mieux c’est de trouver un travail où l’on est bien, que l’on aime faire, où on a envie de réaliser son rêve. Comme ça, on montre à ceux qui ne connaissent pas mon handicap que même si l’on est handicapé on peut réussir à travers le travail."
Alix est porteuse de trisomie, elle a toujours travaillé en milieu protégé et là elle apprend à faire de nouvelles choses comme des expressos, ce qui la ravit.
L'ouverture de deux nouveaux établissements est prévue, à Tours et à Montpellier. Preuve, s'il en fallait une, que la joie de ce café est communicative !