Damien Abad est remonté. Il a été l’un des premiers à réagir aux propos d’Eric Zemmour sur la scolarisation des enfants handicapés. Il se sent «personnellement humilié» et en appelle à toutes les personnes handicapées pour qu’elles se mobilisent. «On ne peut pas banaliser de tels propos» selon lui.
Damien Abad, député de la de la 5° circonscription de l’Ain, a été l’un des premiers à réagir sur le fil d’un réseau social : "scandaleux propos sur la scolarisation des enfants handicapés", twittait-il dès hier en fin de matinée. Eric Zemmour "veut exclure de l'école en milieu ordinaire. Cette ségrégation à tous les étages est une honte absolue. Oui, nous devons avoir l'obsession de l'inclusion. Je demande des excuses publiques".
24 heures plus tard, la colère n’est pas retombée. «Moi, ce que je ressens, c’est de la colère, de l’amertume, et une profonde humiliation. Ces propos sont très graves», nous a-t-il répondu ce samedi en début d'après midi.
Vendredi, lors d'une discussion avec des enseignants acquis à sa cause à Honnecourt-sur-Escaut (Nord), le candidat d'extrême droite a expliqué "penser qu'il faut effectivement des établissements spécialisés (...). Oui, je pense que l'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là, qui sont les pauvres, complétement dépassés par les autres enfants. Donc je pense qu'il faut des enseignants spécialisés qui s'en occupent", a-t-il estimé.
L’obsession de l’inclusion et la mauvaise manière faite aux autres enfants ont particulièrement choqué Damien Abad. «Il s’agit d’un véritable appel à l’apartheid des handicapés, un projet d’isolement et de rupture des personnes en situation de handicap», lâche-t-il avec beaucoup d’émotion dans la voix. On comprend mieux le tweet du député et cette cinglante affirmation "oui, nous devons avoir l'obsession de l'inclusion".
Pour Damien Abad, il ne peut y avoir ni indifférence, ni banalisation de tels propos. «C’est une régression inadmissible. Mes parents se sont battus pour me scolariser en milieu ordinaire», rappelle-t-il. Damien Abad est atteint d'une maladie rare, l’arthrogrypose, et il est considéré comme une personnalité incarnant la diversité en raison de son handicap physique. Il est l’un des seuls députés porteur de handicap.
CLASSES ULIS, AESH, IL FAUT RENFORCER CES MOYENS D’INCLUSION
Il existe des dispositifs pour permettre l’inclusion des enfants handicapés. «C’est le fondement de la solidarité. Les classes ULIS, les AESH, c’est fait pour permettre de mieux vivre ensemble. C’est un formidable progrès réalisé depuis une trentaine d’années» ajoute-t-il.
Les Unités localisées pour l'inclusion scolaire ou ULIS sont, en France, des dispositifs qui permettent la scolarisation d'élèves en situation de handicap au sein d'établissements scolaires ordinaires. Les Accompagnants d'Elève en Situation de handicap (AESH), anciennement nommés auxiliaire de vie scolaire (AVS), sont des personnes s'occupant de l'accompagnement, de la socialisation, de la sécurité et de l'aide à la scolarisation d'enfants en situation de handicap ou présentant un trouble de santé invalidant, dans des classes spécialisées ou dans des classes ordinaires.
«Ce dont nous avons besoin», martèle le député de l’Ain, «c’est de mieux former les professeurs, c’est de plus de moyens pour les AESH, c’est de progresser dans cette voie. Ce retour en arrière est inacceptable».
Président du groupe LR à l’Assemblée nationale et membre du comité politique de la candidate LR Valérie Pécresse, Damien Abad entend contre-attaquer dans les jours qui viennent. «Je vais faire le tour des médias, réaliser une vidéo et peut-être monter au créneau mardi lors des questions au gouvernement» affirme-t-il ce samedi.
La question du handicap vient de s’inviter dans la campagne pour l’élection présidentielle. Damien Abad compte bien se faire entendre sur ce sujet, et ne laisser aucune place à l’indifférence et à la banalisation des extrêmes.