Dans ce spectacle imaginé tel un long pamphlet politique, la chorégraphe Maguy Marin assène sa rage et son désespoir face à un monde dominé par l'argent et par des médias qui colonisent les esprits. Il est présenté à Lyon du 8 au 10 novembre à la Maison de la Danse.
Des dominants rongés par le mal du capitalisme et des vaincus qui veulent reconstruire un monde. Et une question : avons-nous encore la liberté de penser ? Voilà le nouveau spectacle de Maguy Marin présenté à la Maison de la Danse à Lyon.
Sans équivoque, il est politique. La chorégraphe opte pour un spectacle où la parole inonde le spectateur. En cause, un monde étouffé par le flot continu des informations et de la vacuité infinie des réseaux sociaux. Pour elle, cette création est aussi une tentative, celle de parler de l'instant présent comme le souligne le titre du spectacle "Deux Mille Vingt Trois".
"Avec tout ce que l'on reçoit de partout, ces informations tellement tristes, cruelles, douloureuses...Je ne sais pas comment on fait pour continuer avec tout ce qu’il se passe. Il y a vraiment un poids", s'interroge Maguy Marin.
La bêtise des dominants
Poutine, Darmanin, Le Pen... Des visages de "puissants" sont projetés, accompagnés des phrases qu'ils ont prononcées. Elles sont vécues comme "des absurdités de ces gens qui sont eux-mêmes des absurdités humaines", nous détaille la chorégraphe.
Le spectacle comporte aussi des moments de chants douloureux et mélancoliques mais aussi de l'humour, "histoire de faire passer la pilule, ce sont des respirations hors de la bêtise qui règne parmi ceux qui nous gouvernent", explique Maguy Marin.
Que veut-elle nous faire comprendre que l’on ne sache pas déjà ? Des médias sont assujettis au bon vouloir de milliardaires peu scrupuleux, le capitalisme est une aberration mortelle ? "Rien, je sais que tout ce qui est dit là, tout le monde le sait, reconnaît l'artiste, il n’empêche que c'est bien de s’en parler car il y a des choses à organiser."
La danse reste toutefois l'ADN de l'artiste, lorsqu'un mur s'écroule, derrière les danseurs qui répètent des gestes inlassablement. Ils incarnent ceux qui veulent construire. "Il faudra recréer une société, du lien, et c'est ce qui sera le plus difficile à faire mais on dansera encore", espère Maguy Marin. Car l'espoir n'est pas totalement absent de ce spectacle. "Des gens travaillent à un monde plus juste et plus humain mais cela va prendre du temps.", assure-t-elle.
Informations pratiques
Deux mille vingt-trois, une pièce de Maguy Marin, à voir du 8 au 10 novembre 2023 à la Maison de la danse de Lyon. Rencontre avec la chorégraphe vendredi à 19h (entrée libre).
De 13 à 40 euros.
