Un surveillant du centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, a été agressé par un détenu. Une nouvelle attaque au sein de l'établissement due, selon les syndicats, à un manque de moyens.
Il est 14 heures. L'un des détenus du centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) doit comparaître, ce lundi 22 janvier, devant la commission de disciplines après plusieurs incidents. "L’agent en poste lui demande de présenter sa carte de circulation. En réponse, l’individu arme le bras et tente de lui planter une fourchette dans le cou", explique Alain Chevallier, membre de l’UFAP-UNSa Justice au sein de l’établissement.
Le surveillant a pu compter sur la présence des détenus à proximité qui ont maîtrisé l’agresseur. "L’homme est fouillé à corps. Il sera découvert, en plus de la fourchette, une deuxième arme artisanale. Incontestablement, la nature de cette agression laisse à penser qu’elle visait à atteindre mortellement notre collègue qui s’en sort miraculeusement grâce à l’intervention de plusieurs personnes détenues", précise Alain Chevallier.
Aussi surveillant au sein de l’établissement, il déplore les défaillances administratives dans le parcours de cet individu. Condamné en 2020 à la réclusion criminelle avec une période de sûreté de 20 ans, il aurait dû être affecté dans une maison centrale, selon Alain Chevallier. "J’ai échangé avec la direction, elle aussi se pose des questions sur le problème d’orientation des détenus les plus dangereux", affirme-t-il.
Des conditions de travail remises en cause
Le centre de détention, construit en 1991, souffre aujourd’hui d’un manque de moyens. Selon l’UFAP-UNSa Justice, il faudrait 135 surveillants permanents. Au moins une quinzaine manquerait à l’appel. En cause : des arrêts-maladies qui n’en finissent pas et une difficulté de recrutement. "Il y a un problème de sécurité des agents. Si nous n’avons pas assez de personnel, comment faire face en plus à la surpopulation carcérale ?", ajoute Alain Chevallier.
Le syndicaliste rappelle que l’agent agressé "a cumulé durant 2023 plus de 900 heures supplémentaires. Son agression n’est pas un cas isolé. C’est une répétition. Toutes ne font pas l’objet de communication, car il faudrait en faire toutes les semaines". Contactée, la direction interrégionale des services pénitentiaires d’Auvergne-Rhône-Alpes, chargée du suivi des lieux de privation de liberté, n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation.