Carole Burillon, chef de service aux HCL, est visée par une enquête pour "détournement de biens publics" et "prise illégale d’intérêt". L’association Anticor avait signalé en mars dernier son implication dans la signature d’une convention entre l’hôpital et une société privée dont l'un des cogérants est son époux.
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête visant Carole Burillon, chef du service ophtalmologie aux HCL, pour "détournement de biens publics" et "prise illégale d’intérêt". L'enquête a été confiée à la Direction interrégionale de la police judiciaire.
Tout commence en 2009. Les HCL décident de rentabiliser l’achat de matériels en louant certains équipements à des sociétés extérieures. Parmi elles, la société SCM Lyon Lasik dont l'un des cogérants est l'époux de Carole Burillon.
Un an plus tard, une convention est signée entre l’hôpital et cette société. "Carole Burillon est à l'origine de cette signature. Sauf qu’à travers la société Lasik elle a des intérêts par l’intermédiaire de son époux”, insiste Patrick Mottet co-référent d'Anticor Rhône, association à l'initiative d'un signalement effectué après la publication d'un rapport de la Chambre régionale de la Cour des comptes (CRCC).
Ce rapport pointe du doigt une non-réévaluation des prix, un manque de suivi de la convention et le non-respect du principe de mise en concurrence pourtant obligatoire depuis 2017.
Patrick Mottet souligne également un manque à gagner pour les HCL. “Sur 10 ans, il y a eu en plus une baisse du nombre d’actes effectués par cette société. 450 en 2018 contre 250 en 2020. Le manque à gagner pour les HCL est d'environ 488 000 d’euros sur 10 ans”, soit jusqu’à la rupture de cette convention en 2022.
Un signalement d’Anticor, aucun du côté des HCL
Si un signalement a bien été réalisé par l’association Anticor le 9 mars 2023, ce n’est pas le cas du côté des HCL. “On pensait que suite au rapport de la CRCC, les HCL allaient a minima poser une sanction ou faire un signalement de ce qu’il s’était passé. En 2022, ils ont rompu le contrat avec la société Lasik donc ils ont bien senti qu’il y avait un problème. Mais ils n’ont pas fait de signalement contre Madame Burillon. Ils ont conclu qu’il n’y avait pas matière à poursuivre mais qu’il fallait changer les pratiques”, regrette Patrick Mottet pour qui il est certain, les faits mis en lumière par la Cour des comptes sont bien répréhensibles.
De leur côté les HCL ne s’épanchent pas sur le sujet : “Une enquête est en cours, les HCL ne feront aucun commentaire”.
Autre déconvenue pour l’association : “Si vous regardez le CV de Madame Burillon, loin d’avoir été sanctionnée par les HCL, elle a été promue. Madame Burillon a beaucoup de relations, elle est conseillère municipale et métropolitaine d’opposition. Cette promotion est un peu étonnante quand vous avez une personne qui a contribué à une erreur de gestion”.
Pour l’heure, Carole Burillon n’a pas donné suite à nos sollicitations d’interview.