Les éditions Stock publient « Rue du premier film » dans la collection « Ma nuit au musée ». L’auteur de cette immersion dans l’intimité des frères Lumière n’est autre que Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière.
Après « Le parfum des fleurs, la nuit » de Leila Slimani ou encore « Le musée de la jeunesse » d’Aurelien Bélanger, la collection « Ma nuit au musée » s’enrichit d’un 21ᵉ ouvrage qui prend cette fois racine quartier Monplaisir à Lyon.
Pour écrire ce livre, Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière, a passé la nuit dans « son » musée. Un musée dédié à la mémoire des frères Lumière, les inventeurs du cinéma.
Je croyais m’en sortir facile, tricher, tout écrire à l’avance, car je connais tout par cœur, mais je me suis pris au jeu. Je me suis excité tout seul à redécouvrir ce lieu dans le silence. Je n’ai vu personne à part les femmes de ménage le matin.
Thierry Frémaux, directeur de l'institut Lumière
"On a coupé les alarmes"
Carnet de notes à l’appui, lit de camp déplié dans son bureau, il a parcouru tout seul jusqu’au petit matin la villa d’Auguste et Louis Lumière. Il connaît bien les lieux pour y avoir commencé sa carrière comme bénévole en 1982.
"J’ai prévenu tout le monde, j’ai dit que j’allais traîner partout. On m’a montré comment fonctionne le complexe tableau électrique qui ressemble à un ready-made de Duchamp, on a coupé les alarmes et j’ai proposé qu’on avertisse le commissariat d’arrondissement : si quelqu’un les sonne pour s’émouvoir de la présence d’un rôdeur, que personne ne s’inquiète, ça serait moi." "Rue du premier film", éditions Stock.
"La nuit avec des fantômes"
Du jardin d’hiver à la bibliothèque, en passant par le hangar du premier film, l’auteur entrelace plusieurs histoires. Celle des illustres frangins, celle de ce lieu monde qu’il a fallu préserver quand dans les années 70/80 certains politiques ont voulu le détruire. Et la sienne, indissociable de cette institution qu’il a contribué à bâtir et qui l’a propulsée aujourd’hui à la tête du festival de Cannes.
J’ai passé la nuit avec des fantômes. Tous ceux qui sont venus en pèlerinage ici ou qui nous ont laissé leurs films en dépôt. J’ai repensé à ces moments où lorsque j’étais jeune, je travaillais avec Bernard Chardere et Raymond Chirat, deux des fondateurs de l’Institut qui nous ont quitté aujourd’hui. Tout ce passé m’est revenu en mémoire. J’ai eu un vertige sur ma propre existence.
Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière
Une projection privée
Le livre est aussi l’occasion de découvrir des lieux secrets, interdits au public, comme cet entrepôt où sont conservées les bobines de films. À peine entré à l’intérieur, une odeur de vinaigre vous saisit les narines : celle des pellicules, du celluloïd qui s’oxyde avec le temps. L’occasion de rappeler le rôle essentiel des cinémathèques : celui de préserver les films. Dont les 1500 films Lumiere. Thierry Frémaux s'offre une projection privée d'une sélection de ces petits chefs-d'œuvre dans la nuit. 1/3 ont pu faire l’objet d’une restauration ; les autres sont jalousement conservés dans leur petite boîte.
Pour Alina Gurdiel, la directrice de la collection de « Ma nuit au musée », c’est cette dimension patrimoniale qui fait tout le charme de ce 21ᵉ livre.
La différence ici avec les autres livres de la collection, c’est qu’on est la fois dans un lieu de culture, d’archivage et de mémoire. Contrairement aux autres musées qui exposent différentes œuvres, différents artistes, Ici, il n’y a qu’une seule histoire qui est racontée : c’est celle du cinéma.
Alina Gurdiel, directrice de la collection "Ma nuit au musée".
« Rue du premier film » vient tout juste de sortir en librairie. Mais la collection « Ma nuit au musée » fait la part belle à une autre institution lyonnaise. Au mois d'août, a été publié « La nuit s’ajoute à la nuit », un ouvrage dans lequel l’autrice Ananda Devi raconte son immersion au mémorial de la prison Montluc.