Du 10 au 12 novembre, à l'occasion du salon du chocolat qui se tient à Lyon, des duos de stylistes associés à des chocolatiers de la région rivalisent de créativité pour proposer une collection de robes à croquer. Parmi eux, deux jeunes stylistes en dernière année de formation ont eu l'idée d'une robe bulles de douceurs....
"Le plus difficile était de passer du croquis au réel, surtout en tenant compte des contraintes du chocolat", explique Noa, styliste. "C'est compliqué avec cette matière, parce qu'il faut que la robe en chocolat tienne quatre jours", ajoute Bérénice, styliste et cocréatrice de cette création couture et gourmande. Quatre jours, soit le temps du salon du chocolat qui se tient à la Cité Internationale de Lyon jusqu'à dimanche soir. La robe doit aussi résister à plusieurs passages quotidiens sur le catwalk à l'occasion du défilé, le "cacao show".
Bulles de douceurs : on fond pour la robe
Une robe chasuble rigide, avec des volants. Pas moins de 10 kg pour cette création, dont 70% de chocolat. C'était l'exercice imposé. "On ne s'en rend pas compte, mais elle pèse très lourd", assurent Bérénice et Noa. L'impression de légèreté vient sans doute du tissu transparent. Le cacao est fixé sur du polyester assez rigide, "du crin ajouré", précise Noa. Une prouesse pour parvenir à faire adhérer le chocolat au tissu.
Mais ce qui distingue la robe de Bérénice et Noa des autres créations, ce sont ses finitions : des boules de cacao, parfum chocolat noir, lait ou blanc. Même finitions tout en rondeur sur l'accessoire principal qui ne manque pas d'originalité : le sac à main est équipé d'une machine à bulles de savon, "pour rappeler les bulles de la robe", précise Noa. Les deux étudiants ont parfaitement répondu au thème du défilé : "effet waouh" garanti. Leur robe a défilé en avant-première jeudi soir et ce vendredi après-midi, avec d'autres créations fashion et gourmandes de professionnels.
Des idées plein la cabosse !
Bérénice Nimal et Noa Chuimer sont deux jeunes créateurs lyonnais, en 3ᵉ années de Bac Pro "métiers de la mode et du vêtement" à la SEPR à Lyon 3ᵉ. À l'occasion de leur dernière année de formation, les deux étudiants ont répondu au challenge lancé par leurs professeurs en juin dernier : participer au défilé du salon du chocolat de Lyon.
"On nous a inscrits sans nous demander notre avis, mais c'est une super expérience, une occasion unique", assurent de concert les deux étudiants âgés de seulement 17 ans.
Ce défilé très technique leur a demandé plusieurs semaines de travail, en collaboration avec Marie Milbergue, une chocolatière de leur établissement. Un travail de réflexion, de concertation et de création. "Au début, on était partis sur quelque chose de tout à fait différent. Mais la chocolatière nous a fait redescendre sur Terre, il fallait tenir compte des contraintes du chocolat", expliquent les deux jeunes gens.
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Expérience formatrice
Le trio a travaillé d'arrache-pied sur le projet depuis septembre, deux mois de réflexion et d'essais. Il a fallu réaliser des croquis, réaliser la robe en tenant compte des mensurations du défilé, tout en composant avec une matière alimentaire complexe.
"On a appris beaucoup de choses sur le chocolat", explique en riant Noa, qui n'a cependant pas l'intention de changer de filière. "C'est une expérience qui nous conforte dans notre choix d'orientation, mais c'est beaucoup de stress et de pression," conclut Bérénice.
L'expérience les a projetés dans l'ambiance et les coulisses des défilés de mode. Jusqu'à la dernière minute, il leur a fallu surveiller leur création, comme le lait sur le feu. "Dans les coulisses, on était là avec notre chocolat, notre refroidisseur, notre bombe, parés à réparer les dégâts", explique Noa. En formation et déjà les réflexes des pros. Le challenge est donc réussi pour les deux étudiants lookés, admirateurs de Jean-Paul Gaultier, Paco Rabanne ou encore Thierry Mugler. Bérénice et Noa sont ravis.
Mais une question nous brûle les lèvres : que va devenir la robe et surtout le chocolat ? "La robe va retourner à l'école. Elle va repasser par les mains de la pâtissière, on va recoller certaines boules... Puis, elle va être mise dans un frigo et sortie pour être exposée pendant les journées portes ouvertes. Non, on ne la mangera pas. Et de toute façon, elle a tellement été touchée que ce ne serait pas une bonne idée", assurent les deux créateurs avec amusement.