Croquer des pâtisseries, elle pourrait faire ça toute la journée ! Mais ne vous y trompez pas : si Céline Chaverot est une gourmande, elle est surtout graphiste et illustratrice. La Lyonnaise navigue allègrement entre ses deux passions, le dessin et la cuisine. Elle a lancé en 2020 un projet qu'elle a baptisé "L'Art en Douceurs". Immortaliser à travers ses dessins des pâtisseries de chefs, un challenge réussi : ses dessins font littéralement saliver !
"J'adore venir ici ! J'adore Nolwenn, Pauline et Edouard" confie Céline Chaverot, enthousiaste ! Le rendez-vous avec Céline était donné dans un lieu encore confidentiel du 5e arrondissement de Lyon, le discret salon de thé de la pâtisserie Grains de Sucres.
Aux commandes de cette pâtisserie de quartier, un jeune trio dont les deux pâtissiers ont fait leurs armes chez Régis Marcon, chef triplement étoilé à Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire). Ce jour-là, Céline en profitait pour venir découvrir une nouvelle création fine de la jeune maison : le grain de riz. Qu'elle va peut-être dessiner un peu plus tard...
Dessins alléchants, plume gourmande
En un tour de main, Céline arrive à rendre le fondant d’une ganache, le moelleux d’une génoise, la souplesse d'une pâte à chou, la finesse d'une mousse, la brillance d’un glaçage, le velouté d'un fruit, le craquant d’un biscuit ou des petits éclats de cacao. De là à deviner le pourcentage de cacao à la seule vue du dessin, il n'y a qu'une bouchée ! Car rien n'échappe à son œil, elle relève le moindre petit détail, comme les plus subtiles traces de cuisson. Alors on ne résiste pas à la comparaison, un peu facile : dans ses illustrations, il flotte comme un petit parfum de "madeleine" de Proust. "J'ai un attachement avec chaque pâtisserie, associée naturellement à un souvenir", explique-t-elle.
Pour réussir ce tour de force artistique et gourmand, elle l'assume, elle est «une éponge à émotions». Et le parallèle avec le grand écrivain n'est jamais loin.
Goûter ce qu'elle dessine, le secret !
Mais comment réussir à traduire en dessin la saveur d'une pâtisserie, son parfum, sa complexité ? Il y a de quoi être perplexe. Elle l'avoue, certaines textures lui donnent du fil à retordre. Mais Céline a son petit secret : goûter, goûter et encore goûter pour bien avoir "les saveurs en bouche". Prendre son temps, sans mettre les bouchées doubles !
"Il y a beaucoup d'émotions car on fait jouer tous les sens à la dégustation : la vue, l'odorat, une fois en bouche le son compte beaucoup aussi. Tous les sens sont éveillés et si on se laisse aller, on a toutes les émotions qui remontent". La dégustation devient pour elle un moment unique. Au moment de dessiner, Céline fait alors appel à sa mémoire pour "coucher l'émotion qui s'est mise en place à la dégustation sur le papier ou la tablette".
Céline nous montre fièrement une création du chef Aurélien Trottier, chef installé à Angers : un biscuit moelleux aux amandes grillées et à la crème vanillée, couronnée de framboises fondantes. "Elle m'a fait penser à un gros bouquet". Même si, elle l'avoue, la macaronnade lui a donné "du fil à retordre".
"Au diapason de ma vie"
Spontanée et pétillante, la Lyonnaise de 42 ans est rayonnante. Son secret : elle fait le métier de ses rêves. Après avoir dirigé très jeune une agence de communication, elle est graphiste freelance depuis quelques années. "Je suis venue dans ce métier car j’ai toujours voulu dessiner depuis que je sais tenir un crayon", se souvient-elle. "J’ai toujours intégré de la gourmandise dans mes illustrations", ajoute celle dont le père était cuisinier.
J'adorais mettre des petites pâtisseries dans mes illustrations. Mais un jour, je me suis dit : au lieu de mettre de la gourmandise dans tes dessins, vas-y ! Mais vas-y vraiment !
Céline Chaverot
Son autre secret, c'est une personnalité ouverte sur les autres et la nature. "La cuisine, c'est l'amour de ma vie", confie la jeune femme, avec un brin d'émotion dans la voix. "Et depuis que j'ai lancé le projet L'Art en Douceurs, je suis au diapason de ma vie", ajoute-t-elle.
Belles rencontres
Céline a développé au fil du temps, une véritable proximité et une complicité avec les chefs pâtissiers. L'aventure a en fait commencé avec une rencontre, celle de Cyril Bosviel, chef de l’Institut Paul Bocuse. Ce dernier lui a proposé de venir observer la réalisation de son Paris-Brest, de le déguster et de le dessiner. Cette expérience a été une révélation. Après ce chef, d'autres suivront. Son carnet d'adresses est impressionnant.
Amour du dessin et amour de la pâtisserie. Quand tu peux allier les deux, c'est parfait !
Céline Chaverot
Son challenge depuis qu'elle a lancé son projet artistique baptisé "L'Art en Douceurs" en 2020 : rendre hommage aux artisans pâtissiers en dessinant leurs créations les plus esthétiques et savoureuses, et ensuite partager ses dessins sur les réseaux sociaux. Une manière d'immortaliser une création qui a parfois demandé des mois de travail et qui disparait dans l'assiette en cinq minutes. C'est un peu plus que cela, plus qu'un hommage à un artisanat d'excellence.
"C’est une rencontre entre un chef, sa brigade et moi. Le chef me fait découvrir son univers, ses techniques de travail, son équipe. J'ai la chance de pouvoir aller en labo. Je sélectionne une pâtisserie, celle qui m'a vraiment touchée et ensuite j'essaie de résumer tout le moment passé avec cet artisan". Pour Céline, son projet est avant tout "un échange de temps".
Cette année, pour la fête des mères, Céline a même osé lancer un challenge à un duo de chefs pâtissiers. Ce sont les frères Dorner qui ont relevé le gant et réalisé une entremet audacieux, imaginé comme "un gros câlin d'une maman" par Céline. Défi réussi et collaboration fructueuse : "On était sur de la légèreté ! Ils ont mis le paquet ! "
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A la question de savoir quelle est sa pâtisserie préférée, Céline répond sans détours : "Je n'en ai pas et j'en ai mille ! Ça dépend du temps, de mes émotions, de la saison" ! On n'en saura pas plus.