Mi-janvier, l'hôpital des Portes du Sud, à Vénissieux, a décidé de fermer ses urgences la nuit. Une décision effective à partir du 6 mars jusqu'au moins en septembre. En cause, un manque d'effectifs médecins et infirmiers. La direction a lancé une campagne de recrutement qui pour le moment a du mal à prendre
Les urgences des Portes du Sud à Vénissieux fermeront leurs portes la nuit, à partir du 6 mars. Une nouvelle que les usagers de cet hôpital de proximité accueillent avec inquiétude.
"C'est gênant, car certaines personnes ne sont pas véhiculées. Au lieu de venir ici, elles sont obligées d'aller loin", déplore Mustapha, un patient. Même constat pour Ilhem, une autre patiente. "Cette fermeture, c'est grave si on est obligé de se déplacer dans d'autres hôpitaux : on n'a pas forcément tous le permis ou un véhicule, c'est un peu angoissant", confie-t-elle.
Pourtant d'autres hôpitaux se trouvent à proximité, à dix minutes de voiture. "Et même si on appelle le SAMU c'est toujours surchargé, et on nous demande de nous déplacer aux urgences. Sauf si c'est très grave. Les personnes malades ne sont pas toutes transportées par les pompiers", ajoute la jeune femme. "Dix minutes, si on doit se déplacer en bus c'est compliqué, et selon les heures, il n'y a plus de transports en commun". Et elle conclut : "pour les autres hôpitaux, ce sera une surcharge supplémentaire".
Réorganisation
"Ce n'est pas une décision facile à prendre mais elle était devenue nécessaire par le manque de ressources humaines", justifie Claire Ravier, directrice du groupe hospitalier "Les Portes du Sud".
La direction de l’hôpital "Les Portes du Sud" a en effet décidé de fermer ses urgences de 22h à 8h du matin. Une décision qui s'appliquera à partir du 6 mars et devrait se prolonger au moins jusqu’en septembre. Car impossible de faire fonctionner ce service 24h/24, faute de personnels suffisants. Il manque en effet cinq infirmières, soit le tiers des effectifs. Six médecins, la moitié des besoins, font également défaut.
La direction a donc décidé d'une réorganisation et d'un renforcement de l'équipe médicale en début de soirée.
A partir de 22 h, nous ne ferons plus d'entrée de patients mais nous avons des équipes qui seront plus importantes de 20 à 22h (...) Dans les services d'urgence, le principal afflux, c'est 18h-22h.
Claire RavierDirectrice de l'hôpital "Les Portes du Sud" (Vénissieux)
L'objectif de l'administration : mettre davantage de moyens sur ce créneau horaire "pour travailler de manière plus qualitative".
Qui sera pénalisé par cette fermeture nocturne ? La direction répond : "Une fermeture de 22h à 8h, impacte 10 à 12 patients. Un tiers d'entre eux, c'est une régulation SAMU. Ces patients seront acheminés vers d'autres établissements. L'autre tiers ce sont des personnes conduites par quelqu'un, le dernier tiers, ce sont des gens qui n'ont pas de médecin traitant", explique la directrice.
Pour le Dr Didier Brodsky, Chef du service des urgences de cet hôpital, le choix de la direction laisse malgré tout un goût amer : "c'est une décision relativement désagréable dans le ressenti car on a toujours l'impression d'une rupture de service par rapport à ce qu'on offre habituellement à la population".
Du côté des syndicats, cette fermeture n'a rien d'une surprise. D'ailleurs, Delphine Mallet, Déléguée syndicale UMGEGL - CGT ne croit pas à une réouverture complète du service en septembre.
Manque de moyens humains
Le personnel doit faire face à une surcharge de travail. C'est ce qui a aussi motivé la direction de l'hôpital. "Pour faire tourner les urgences, il faut 13 'équivalents temps plein médecin' et je n'en ai que 6 et demi. Donc nous travaillons avec des remplaçants, des heures supplémentaires. Mais les heures supplémentaires, ce n'est pas éternel, ce n'est pas infini. C'est un coût financier et humain, on ne peut pas faire faire des journées et des soirées au personnel", ajoute la directrice de la structure hospitalière. Le Dr Didier Brodsky évoque aussi une gestion compliquée des plannings.
Réorganisation des salles, investissement dans du matériel, campagne de recrutement... malgré les efforts déployés par la direction pour attirer du personnel, les postes restent vacants. Ici comme ailleurs, le manque de médecins et de personnel infirmier est criant. La direction compte sur les mutations, plus nombreuses l’été. Les syndicats sont dubitatifs. Des doutes qui tiennent aussi au statut d'ESPIC (établissement de santé privé d'intérêt collectif) de cet hôpital, moins doté financièrement. Difficile d'attirer du personnel soignant.
De son côté l’Agence Régionale de Santé, a pris acte de la fermeture des urgences la nuit. En revanche, la direction insiste : la maternité restera ouverte 24h/24.
Avec F.Bouyablane et JM.Nouck-Nouck