V.O.S.T. : "Quand j'ai commencé à broder, je ne voulais plus m'arrêter", Elisabeth Gasbarre, brodeuse haute-couture

Pour Elisabeth Gasbarre, la broderie haute-couture est devenue une seconde nature, une passion dévorante et surtout un mode d'expression. Il y a 24 ans, elle est entrée dans ce monde, hors du temps, fait "de perles, de paillettes et de couleurs". Aujourd'hui, elle transmet son savoir-faire.

L'atelier installé derrière la place Saint-Jean, à Lyon, a pignon sur rue. A l'intérieur, des paillettes, des bobines de fil de toutes tailles, des échantillons de soies, des broderies ... un petit laboratoire scintillant aux allures de boudoir qui contraste avec la ruelle sombre du quartier renaissance. 

Elisabeth Gasbarre a ouvert ce lieu baptisé "Rêves de broderies" voilà plusieurs années. Elle y donne des cours de broderie haute-couture et de broderie traditionnelle. Formée chez Lesage, le pape de la spécialité, elle a également travaillé chez Cécile Henry.

"C'est comme si ça me brûlait les doigts"

Mais par-dessus tout, la Lyonnaise aime transmettre son art. Elle a déjà formé plus d'un millier d'élèves dans le monde entier... jusqu'en Thaïlande. Sa mémoire fourmille d'anecdotes. "Très vite, on m'a proposé de donner des cours. J'ai essayé et cela a été miraculeux. J'avais cette capacité à transmettre et le désir de transmettre. C'est comme si ça me brûlait les doigts". Pour la brodeuse, il y a avait aussi le souci de contribuer à sauvegarder un savoir-faire en péril. 

Les broderies d'Elisabeth sont un écho lointain au film d'Eléonor Faucher, "Brodeuses". Une Ariane Ascaride toute de noire vêtue qui révèle et adoube une jeune apprentie flamboyante campée par Lola Naymark. Sur une même toile, le noir et l'or se rejoignent, comme sur le métier de notre radieuse brodeuse lyonnaise. 

La broderie, c'est magique : il y a quelque chose qui se crée sous nos doigts. Je me souviens de ma première broderie pour un couturier japonais, une broderie assez simple. Je me suis rendue compte que ce que j'avais dans la tête, ma main pouvait le réaliser et ça m'a bouleversée. Quand j'ai posé ma dernière perle, je me suis mise à pleurer !

Sa passion pour la broderie a débuté voilà 24 ans, "presque un quart de siècle", comme Elisabeth Gasbarre aime le préciser. Tout a commencé après une maladie. Pas de compromis. Elle a alors décidé de changer de vie et de se lancer dans un métier dont elle ne faisait jusqu'à présent que rêver. "J'ai appris ce métier sur le tard. Je voulais découvrir ce métier mais j'ai longtemps tourné autour du pot. Quand j'ai commencé à broder, je ne voulais plus m'arrêter. ça m'a rempli de bonheur, instantanément." Et elle ajoute en riant : "le monde pouvait s'écrouler, moi je brodais!"

Elle l'assure, sa future broderie sera noire. Le noir, sa couleur de prédilection? Ce n'est pas la seule explication. Si notre brodeuse s'habille en noir, c'est en quelque sorte pour s'effacer derrière ses créations. "Ça me permet une plus grande liberté dans la création. Si je mettais de la couleur sur moi, cela aurait un impact sur le choix de ce que je vais faire, des fils que je vais utiliser...Dans le noir, il y a un éloignement de ma personnalité pour me permettre une plus grande créativité".

Une foule de détails minuscules

Dans la quiétude de l'atelier, c'est le petit bruit régulier du fil capturé par le crochet de Lunéville qui résonne. Un bruit à peine audible. Chez Elisabeth, la concentration se transforme en méditation. Ce bruit presque mécanique, elle l'apprécie tout particulièrement. Comme ce métier qu'elle a choisi malgré les difficultés. 

Quand je viens à l'atelier, je suis la femme la plus heureuse du monde. Je mets la clé dans la porte et je suis dans un monde à part où le temps s'arrête. C'est une forme de méditation la broderie. J'avais presque honte de le dire avant...

La broderie, elle en parle de mille façons. Elisabeth est même intarissable sur le sujet. "J'aime aussi l'idée de travailler sur quelque chose que je ne vois pas instantanément, parce que je travaille sur l'envers," explique-t-elle sans lever les yeux du métier. "Il y a une part de découverte à chaque fois que l'on retourne le métier à broder... avec son lot de surprises ou de minuscules incidents". Comme une perle oubliée ou doublée ... "mais ce n'est pas grave, on défait!" 

Le portrait en images à retrouver dans V.O.S.T. 

 

Rêves de Broderies
3, rue des Antonins, 69005 - Lyon
elisabeth.gasbarre@sfr.fr
www.facebook.com/elisabethroulleaubroderie

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