Révolutionnaires. Des prothèses de hanche nouvelles générations imaginées à Lyon

Une nouvelle génération de prothèses de hanche arrive dans les blocs opératoires d'orthopédie. Le système de double mobilité de la tête de la prothèse ouvre la possibilité d'un grand nombre de mouvements. Sa durabilité permet une implantation chez les patients de tout âge.

Jusqu’à présent, Les porteurs de prothèses de la hanche ne pouvaient pas se permettre n’importe quel mouvement. Au moindre déhanché, ça coinçait. Mis à part des mouvements de marche, il était rigoureusement impossible de tenter un mouvement de danse. Désormais, les nouvelles prothèses offrent un degré de liberté inconnu jusque-là.  

Des implants à double mobilité

C’est grâce au travail acharné d’un chef de service de chirurgie orthopédique du CHU de Saint-Etienne, le professeur Gilles Bousquet, que peu à peu, en lien avec une jeune entreprise lyonnaise, SERF (implantée à Décines) les nouveaux implants ont pu voir le jour. Les implants en question sont à double mobilité, explique le professeur Sébastien Lustig, qui opère à l’hôpital de la Croix-Rousse. C'était il y a 47 ans. 

"Ces nouveaux matériels évitent toute forme de luxation grâce à une première pièce qui comporte une double articulation tournant sur elle-même, explique-t-il. Elle permet une amplitude nettement supérieure à tous les gestes que l’on fait dans la vie quotidienne, on peut même envisager de faire le grand écart ! ”, n'hésite pas à dire le professeur Lustig.

Des prothèses que l'on garde plusieurs dizaines d'années

Cette avancée technologique majeure de l’amplitude articulaire s'avère utile chez les jeunes sans risque de se déboîter. Les matériaux utilisés ne s’usent pour ainsi dire plus. En inox ou en céramique (entre autres), les rotules qui remplacent la tête de l’os lové dans le bassin ont une durée de vie de plus de près de 30 ans. Finie donc l’obligation pour un patient de subir une nouvelle opération dans les 10 ans qui suivaient la première implantation.  

Pour pouvoir permettre aux orthopédistes d'opérer sereinement, la société SERF, qui conceptualise et fabrique ces implants, fournit au chirurgien un grand nombre de tailles d’implants pour chaque opération. Car les médecins ne savent pas, à quelques millimètres près, quel modèle ils vont sélectionner pour leur patient. “Le métal est millimétré car il doit correspondre à l’os qui va être préparé”, fait remarquer le chirurgien.  

Cap sur le développement international

La société qui produit depuis 40 ans ces prothèses, a été souvent copiée, souvent imitée. Mais c’est elle qui possède une longueur d’avance en Europe et tout particulièrement en France. Au point qu’elle a ouvert deux filiales en Italie et aux États-Unis. Au total, ce sont 250 000 prothèses qui sont commercialisées auprès des hôpitaux et des cliniques du monde entier. “Nous réalisons 30 % de notre chiffre d’affaires à l’export et nous sommes numéro 1 de la prothèse de hanche dans l’Hexagone ”, présente Cyrille Fleury, le président du groupe Menix et de SERF. Le groupe génère un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros. Il espère parvenir à plus de 150 millions d'ici à trois ans.  

Parmi les moyens qui devraient lui permettre de croître figure le développement à l’international. Pour la société qui possède deux autres sites à Brignais et Saint-Genis-Laval, cette démultiplication est essentielle, car en France, les prix d’achat de ces prothèses n’ont pas bougé depuis des années alors que les prix de production ne cessent d’augmenter, de l’ordre de 18 % en deux ans.  

L'inventeur de la double mobilité il y a plus de quarante ans entend miser sur l’écosystème digital avec une planification en 3D. La réalité mixte ainsi que la robotique fait partie des objectifs à court terme.  

Pour pouvoir conduire à bien son développement international, SERF vise une augmentation de ses homologations à l’étranger tout comme ses certifications dans le monde entier.