Comme dirait Grand Corps Malade "J'suis pas au bout d'mes surprises, là-dessus y'a aucun doute, et tous les jours je continue d'apprendre les codes de ma route". L’artiste slameur bien connu était au collège Jean Perrin à Vaise près de Lyon. Les élèves lui avaient préparé une belle surprise.
Avec sa grande taille, sa béquille bleue et son jean d’ado, Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade est entré dans la salle. Boitant et surtout souriant. "Ça m’a fait bizarre sur le coup de le voir ici parce ce que j’ai jamais rencontré de personnes célèbres" explique Morgan, élève de la classe ULIS. Une classe adaptée pour une dizaine d’enfants porteurs de troubles autistiques.
Même avec cette entrée sans fanfare, aucun enfant ne le lâchait des yeux, leurs regards étaient remplis d’étoiles. "C’est vraiment l’exemple de persévérance et de réussite pour surmonter des difficultés et c’est un immense message qu’il nous offre" explique Aurélie Chrétien, professeure unique de la classe ULIS. Elle aussi sous le charme, un sourire plaqué aux lèvres.
Il a commencé par parler avec les élèves, avant de s’asseoir au premier rang. Cette fois-ci, les rôles sont inversés, c’est lui le spectateur. Les élèves montent sur scène et le spectacle commence.
Comme les autres…
C’était un challenge pour ces enfants. Malgré leurs difficultés visibles à s’exprimer, ils ont présenté un texte touchant et poétique pour évoquer leur pathologie.
De savoir que c'est peut-être certain de mes textes qui les ont inspirés et qui ont été la base pour tout leur travail, évidemment ça fait hyper plaisir ! Ça m’apporte beaucoup de reconnaissance
affirme Fabien Marsaud alias Grand Corp Malade.
Le slameur a trouvé ces textes "très beau, très émouvant", et l’a fait savoir. Il a félicité et applaudi à plusieurs reprises les enfants.
Ce jour-là, les élèves de cette classe pas comme les aures...se sont sentis comme les autres. "Là aujourd’hui on a vu qu’il y avait beaucoup d’émotions, ils étaient calmes" assure Aurélie Chrétien, avec un regard plein de fierté. Les professeurs et accompagnantes avaient les larmes aux yeux lorsque les collégiens se tenaient en face de l’auditoire mi- chantant, mi- déclamant : "On s’emmêle les pinceaux, on ne trouve plus nos mots, mais aujourd’hui on slame et c’est ce qui est le plus beau !" illustrant leur combat quotidien. Sur sa chaise, Grand Corps Malade donnait le rythme.
"Tout est possible"....
"Je pense qu’ils réalisent pas que Grand Corps Malade était là, qu’il chantait avec nous" avoue la professeure. Elle a observé les efforts et la motivation des élèves mais surtout l’effet produit par la présence de l’artiste. Ils préparaient un projet depuis des mois. Son nom : Changer le regard sur le handicap.
Le choix de Grand Corps Malade s’est imposé, en situation de handicap suite à un accident, "ça montre que tout est possible, qu’on peut à force de travail, d’engagement, de motivation faire venir Grand Corps Malade" a repris leur professeure. Chaque enfant de cette classe le regardait tel un modèle, tel la personne qu’ils voudraient être plus tard.
Après le slam encore des mots. Les questions fusent, tous souhaitent en apprendre plus sur lui, sa vie d’artiste et ses projets. Il a parlé des aspects de la célébrité, à quel point il était heureux de pouvoir travailler de sa passion. Une passion qui parfois complique la vie de famille. Pour cet artiste, le slam c’est plus qu’un genre musical, c’est un engagement et "une belle ressource pédagogique".
Il permet à chacun de s’exprimer de manière poétique sur n’importe quel sujet même le handicap.
Et pour finir, tous se sont rassemblés sur la scène, alignés devant le public, lui au milieu et les élèves à ses côtés, pour slamer le texte écrit par la classe.