Stéphane Erbs a été percuté par le camion conduit par un terroriste lors de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016. Son épouse fait partie des 86 victimes. Le verdict, 2 à 18 ans de prison pour les 8 accusés, lui a redonné confiance en la justice mais son combat n'est pas terminé.
Stéphane Erbs, co-président de l'association de victimes "Promenade des anges", attendait le verdict de l’attentat de Nice, depuis de six ans. Il l’attendait mais sans trop se faire d’illusions. "Les personnes encouraient jusqu'à 6 ans de prison, ça voulait dire que le soir du procès, elles pouvaient ressortir libres" rappelle-t-il. Stéphane n'y croyait plus vraiment, persuadé d'être déçu par la décision de justice. "Je suis arrivé avec un vrai sentiment de défiance, défiance des institutions, et aucune confiance en elles".
A l'énoncé des peines par la Cour d'Assises, de 2 à 18 ans de prison pour les 8 accusés, au-delà des peines requises, ses sentiments ont changé, "J'étais "KO débout, presque sidéré".
"J'avais foi dans la république et aujourd'hui, j'ai foi dans la justice".
Stéphane Erbsvictime de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice
On ne tourne pas la page mais on fait quelques pas
Stéphane Erbs a suivi tout le procès. 14 semaines hors du temps avec des aller-retours à Paris trois fois par semaine. 42 voyages chargés d'émotions. "On y a laissé quelque chose. On n'en sort pas indemne. Ça ravive toutes les douleurs, toute l'horreur. Ça fait repenser à des choses qu'on essaie d'oublier, de mettre de côté mais c'était un mal nécessaire". Il a longuement témoigné à la barre.
On a laissé une grosse partie de nous-même là-bas.
Stéphane Erbsvictime de l'attentat de Nice
Le procès a ouvert une parenthèse dans le quotidien des victimes présentes et leurs avocats, avec des rituels collectifs et des temps forts comme les longues préparations des auditions et le jour où la vidéo des faits fut projetée.
Stéphane se souvient alors des mots de sa fille. "Les témoignages, la vidéo... ne peuvent pas nous faire plus de mal. On l'a vécu. On y était" et répond "c'était difficile, ça ne rajoutait pas de la douleur mais avoir été là, accompagner les gens qui témoignaient, qui venaient vider leur sac, être avec eux pour boire un café, pleurer avec eux, je pense que ça leur a fait du bien [...] Je me devais d'être là".
Stéphane était présent à l'énoncé du verdict, quand dans la salle comble, les applaudissements ont secoué l'audience. Il se souvient encore des mots de Laurent Raviot, le président de la Cour d’Assises spéciale de Paris. "La justice n'a pas besoin d'être applaudie, ni vilipendée, la justice besoin de sérénité pour s'exécuter". Des mots à la hauteur de la grande qualité du procès selon lui.
Le combat pour la justice continue
Le 14 juillet 2016, Stéphane Erbs a été percuté par le camion du terroriste. Son épouse est tuée comme 85 autres victimes. Depuis ce jour, il se bat. "J'étais là pour elle et pour tous, pour dire qu'on ne s'est pas battu pour rien. On a contribué à ce que justice soit rendue. C'était notre devoir".
Pour Stéphane Erbs rien n’est encore terminé. Comme il dit "C’est juste la première mi-temps". Avec l’association "Promenade des anges" un autre match se profile, un autre rendez-vous judiciaire. Celui de la responsabilité des autorités locales, celui de l’enquête sur d’éventuelles défaillances de sécurité le soir de l’attentat. "Sur la vidéo, on voit que le camion a pu parcourir la promenade sans être entravé sur quasiment 3 km."
Rien n'est fait pour me donner confiance dans l'instruction qui est menée à Nice. Il n'y pas de mises en examen. Les pièces qui devaient être communiquées n'ont toujours pas été demandées. On fait des demandes d'actes, on n'a pas de réponse.
Stéphanevictime de l'attentat de Nice
Stéphane Erbs redoute un classement sans suite mais il se montre prêt à livrer de nouvelles batailles pour faire reconnaître que ce qu'il estime être des défaillances de sécurité.