Depuis cinq ans, elles ont envahi l'espace urbain. Pratiques, utiles, elles sont aussi impliquées dans des accidents graves. Les trottinettes vont faire l'objet de nouvelles règles à l'automne prochain. Enquête à Lyon.
Les Lyonnais les ont découvertes en 2018. À l'époque, elles interrogeaient. Comment les trottinettes allaient-elles modifier les déplacements ? Quelles règles devaient s'appliquer ? Quels risques prenait-on à les utiliser ?
En cinq ans, la ville de Lyon a dû s'adapter. Au départ, il y avait dix opérateurs différents qui proposaient leur service de location courte durée. Les habitants se souviennent encore de l'anarchie qui régnait. Trottinettes garées sur les trottoirs, laissées par terre ou même jetées dans le Rhône.
Quant aux utilisateurs, ils découvraient un nouveau moyen de déplacement. Plus rapide, simple et ludique.
Ce qui est attractif, c'est le côté utilisation impulsive, imprévue. Dès que l'on met des règles, comme le stationnement contraignant ou bientôt le port du casque obligatoire, on va se heurter à cette liberté d'action.
Stéphanie Vincent, Docteur en sociologie au Laboratoire Aménagement Economie et Transports de Lyon
Trop d'accidents
Les règles vont changer. En 2015, 164 accidents étaient relevés. Ils sont passés à 1197 en 2019. Une hausse de 700% !
Des accidents parfois mortels. En 2022, deux jeunes sont tués alors qu'ils roulaient à deux sur leur trottinette. Récemment, une jeune femme a été percutée par une voiture, son pronostic vital était engagé.
Gilles Bagou est médecin urgentiste au SAMU de Lyon, il a réalisé une étude, la seule à ce jour en France, sur les conséquences de ces accidents.
Dans ces accidents, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes. Pour 1/4 de la population, il s'agit de jeunes entre 20 et 24 ans. Les lésions, dans 37 % des cas, sont cérébrales.
Gilles Bagou, anesthésiste urgentiste au SAMU de Lyon
Des mesures mises en place
Très vite, les pouvoirs publics ont réagi. La ville de Lyon a "fait le ménage". Sur les dix opérateurs présents au départ, n'en restent que deux. Une convention est passée. Les opérateurs s'engagent à être vertueux, la ville les accompagne. Concrètement, des places de stationnements sont réservées aux trottinettes. Les opérateurs développent des prototypes, comme cette trottinette qui détecte la présence de deux personnes sur l'engin. Si tel est le cas, elle s'arrête automatiquement.
À l'automne prochain, l'État va renforcer la réglementation. Lyon va interdire la location aux moins de 18 ans, limiter la vitesse maximale autorisée à 20 km/h et proposer d'immatriculer les trottinettes pour retrouver les auteurs d'infractions.
Ce que dit la loi
À l'heure actuelle, le port du casque est "conseillé" mais pas (encore) obligatoire. La circulation est interdite sur les trottoirs et obligatoire sur les pistes cyclables. La vitesse est limitée à 25 km/h. Il faut être âgé d'au moins 12 ans. À la nuit tombée, les usagers doivent porter un gilet rétro réfléchissant. On ne doit pas monter à deux sur l'engin, au risque de recevoir une amende de 35 euros.
Enfin, il est rappelé que les usagers doivent être assurés, comme pour l'utilisation d'une voiture ou d'une moto.