VIDÉO. Une vie s'écroule pour des habitants dont la maison doit être détruite pour aménager une ligne de bus

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La route de Genas, le long de laquelle des maisons et bâtiments vont être détruits pour faire passer une ligne de bus à haut niveau de service.
Les nouveaux aménagements de la ligne 25 de Lyon nécessitent la destruction de plusieurs bâtiments frappés d'alignement. ©FTV

L'est de la métropole de Lyon est en plein développement. Et le Sytral a décidé d'une nouvelle ligne de bus sur la route de Genas. Les aménagements nécessaires condamnent plusieurs bâtiments qui vont être détruits. Leurs occupants désemparés ont créé un collectif.

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La route de Genas, entre le 3e arrondissement de Lyon et Bron, va être transformée pour accueillir une nouvelle ligne de bus à haut niveau de service (BHNS). Pour mener à bien cet aménagement, des riverains - dont les maisons sont frappées d'alignement - vont être expulsés. Le Sytral argumente sur une amélioration significative du cadre de vie des habitants et une meilleure solution pour les usagers.
Difficile dilemme entre urbanisation au service de tous et quotidien qui s'écroule pour un groupe de personnes. 

Des habitants démunis et inquiets

Un collectif d’habitants et d’une trentaine de commerçants de la route de Genas s'est créé. 

Ali Harbaoui est boulanger. Sa boutique bénéficie d'un grand parking, ce qui lui assure, une bonne clientèle. Avec le projet, il va en perdre une partie et pense devoir fermer. "Si je perds la moitié de mon parking, je ne pourrai plus exercer" confirme-t-il.
Même problème pour la pharmacie de l'autre côté de la rue. Avoir du stationnement est incontournable pour ces commerces. Si les clients ne peuvent plus s'arrêter les quelques minutes nécessaires à leurs achats, ils passent leur chemin.

Valérie Molle, la pharmacienne, dresse l'inventaire. "Tony, pièces détachées, va être exproprié ainsi que les habitants de son immeuble, le magasin de parquets aussi. C'est une bombe qui est tombée dans le quartier et tout le monde est dépité". Car les travaux ne concernent pas seulement les commerces. Des habitations vont être détruites.

Sylvie habite au numéro 264, le premier bâtiment impacté, depuis 17 ans. Elle a reçu un courrier début avril. "Ils prennent très peu sur le stade en face (situé de l'autre côté de la rue), mais ils détruisent un bâtiment de moins de 20 ans, où on avait notre entreprise de plomberie, notre garage et un studio, pour créer un passage piéton et vélo. C'est assez incompréhensible".

Irène, elle, a appris par son voisin que sa maison allait être rasée. "Je n'avais aucune nouvelle de personne. Je suis tombée raide quand mon voisin me l'a dit". Elle vit là depuis 52 ans. Son époux souffre de la maladie d'Alzheimer. "J'ai du mal à déménager. Mon mari qui a 87 ans n'est pas autonome. Il ne s'habituera jamais dans une autre résidence". Elle se retrouve très démunie par ces changements brutaux et a "du mal à imaginer la suite".

Quand on vend sa maison, c'est qu'on a un projet. Là, on n'a pas de projet et on ne sait pas où aller.

Irène

bientôt expropriée

"Ça fait 68 ans que je suis dans la maison. J'ai fait toute ma jeunesse dans la maison de mes parents. Et pour agrandir la route de Genas, on nous écroule sans problème" déplore Pascal, une autre habitant historique du quartier qui a vu sa vie s'écrouler sur un simple coup de téléphone. Tous les deux sont choqués par la manière utilisée pour leur faire part de cette nouvelle.

Les Domaines sont en train d'évaluer les habitations qui vont être détruites. À ce jour, aucune proposition financière n'a été faite selon les personnes concernées.

La ville de Bron réclame un projet plus global

De son côté, la mairie de Bron déplore le tracé de cette nouvelle ligne et l'absence d'études et de comptage préalable. Elle estime ne pas avoir été entendue par le Sytral sur sa demande de projet plus global qui prendrait en compte la densification de la population dans l'Est lyonnais. "Nous avions demandé à ce que le tracé aille plus à l'est pour permettre de transporter plus de monde qui vient de l'Est lyonnais et un parking relais en extrémité de la ligne. On demandait que ce soit, non pas un bus HNS, mais un tramway qui transporte plus de personnes [...] et qui prend moins d'emprise au sol en largeur" explique Marion Carrier, adjointe aux mobilités et à la voirie.

La route de Genas est "une porte d'entrée de la métropole de Lyon par l'est lyonnais". L'ancienne départementale est à la croisée de Lyon, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Bron. L'élue évalue le nombre de voitures à 15.000 par jour. 

L'utilité de cette ligne de transport reste à démontrer.

Marion Carrier

adjointe aux mobilités et à la voirie de Bron

La ligne HNS, un plus pour le quartier, le Sytral y croit

Passage toutes les 7 minutes, voies dédiées, priorités aux feux, ce nouveau type de bus est présenté comme un plus pour les voyageurs. Il reliera la Part Dieu aux Sept Chemins en 25 minutes.
Il y a des élargissements qui sont nécessaires pour cette transformation. On va passer à une route de Genas totalement apaisée, très végétalisée avec un confort accru pour les piétons et les cyclistes. Alors oui, cela nécessite des acquisitions foncières comme tout projet de ligne forte de transport en commun" justifie Vincent Monot. Le vice-président de Sytral Mobilité assure une parfaite collaboration avec les communes concernées depuis 2021 pour l'approbation du tracé.

L'élu insiste sur la présence d'un dialogue permanent entre les différentes parties. Il met l'accent sur le confort à venir pour les habitants qui auront un quartier moins minéral, et s'appuie en complément sur le triplement des aires de livraison pour les commerces et des places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite sur les 7km de voie. "Nous prenons en compte l'ensemble des besoins des riverains et des commerçants de la route de Genas" conclut-il.

Coût de ce nouveau chantier : 120 millions d’euros pour la mise en service de trolleys électriques dès 2026 pour 19 arrêts sur 8km de ligne.

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