Violences à Sainte-Soline : "ils ont tiré dans le tas, ce n'est pas possible", témoignent des élus de Lyon

Présents à Sainte-Soline le 25 mars 2023 auprès des militants anti-bassines, des élus lyonnais en écharpe affirment avoir été gazés par la brigade de gendarmerie en quad alors qu'ils formaient un cordon autour de manifestants blessés.

La journée du 25 mars 2023 a été émaillée de nombreux heurts à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Forces de l'ordre et manifestants anti-bassines se sont affrontés des heures durant dans l'après-midi. La préfecture avait interdit toute manifestation en prévision de potentiels troubles à l'ordre public.

3 000 gendarmes étaient sur place pour défendre le chantier d'une bassine géante. 4 véhicules de la gendarmerie ont été brûlés et de nombreux blessés ont été signalés de part et autres.

Présents sur place, un groupe d'élus écologistes et insoumis affirme avoir été pris pour cible alors qu'ils formaient un cordon autours de personnes blessées. Le sénateur de Lyon Thomas Dossus (EELV) et le co-président du groupe écologiste à la Métropole, Benjamin Badouard, témoignent.

A l'écart des affrontements

Benjamin Badouard nous explique qu'il y avait " trois ou quatre cortèges différents de plusieurs milliers de personnes". L'ambiance était bonne enfant selon lui et les élus faisaient partie du dernier groupe à se mettre en marche vers les bassines. 

" En arrivant les affrontements avaient déjà commencé", explique l'élu, qui précise condamner les violences d'où qu'elles viennent. Le groupe s'aperçoit alors qu'une brigade en quad arrive par derrière. Ils décident alors de se mettre en retrait.

" Nous étions environ à 100m des heurts" affirme Benjamin Badouard. Il affirme que les quads ont d'abord manœuvré à l'arrière des affrontements avant de faire " un virage à 90°" dans leur direction. 

Des manœuvres "à l'aveugle" ?

"Nous avons vu un groupe de "médics" sur le côté en train de prendre en charge des blessés", poursuit Thomas Dossus. Les élus décident donc de former un cordon de sécurité autour d'eux pour éviter qu'ils soient également pris à partie. "Nous étions bien visibles avec nos écharpes.

"Je ne sais pas s'ils nous ont bien identifiés, mais ils ont au moins tiré à l'aveugle et ça, ce n'est pas possible" s'indigne Benjamin Badouard. Les deux élus affirment que le groupe s'est pris une pluie de grenades de désencerclement et lacrymogène. "Cela a duré 5-10 minutes et il était très compliqué de fuir puisqu'il y avait un fossé de deux mètres de largeur et de profondeur derrière nous", poursuit l'élu. 

Il a fallu négocier avec la préfecture afin que des secours viennent prendre en charge les blessés les plus sérieux. Je pense à une jeune fille qui avait un enfoncement orbital. Elle était en train de perdre son œil.

Thomas Dossus

Une fois à l'abri, les élus n'étaient pas encore au bout de leur peine, explique Thomas Dossus. "Je pense à une jeune fille qui avait un enfoncement orbital. Elle était en train de perdre son œil" s'indigne-t-il. Selon lui, les secours n'ont pu intervenir qu'au bout d'une heure.

De son côté, la préfecture des Deux-Sèvres affirme que "les gendarmes ont été attaqués et ont du répondre pour écarter la menace". Elle affirme également que "à aucun moment, les élus n’ont été identifiés dans cette zone". 

Rapport accablant de la Ligue des Droits de l'Homme

Présents sur les lieux, les rapporteurs de la Ligue des Droits de l'Homme affirment qu'aucune raison ne justifiait les manœuvres sur le groupe dont faisaient partie les élus et les blessés. 

"De manière générale, nous avons constaté un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes sur les lieux avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine quel qu’en soit le coût humain", écrit l'association dans sa synthèse. 

"En contradiction avec ce que dit la préfète, rien ne justifiait l'utilisation de la force [sur le groupe d'élus], aucun tir d'engin incendiaire ici", poursuit-elle. 

Appel à une doctrine du maintien de l'ordre de désescalade

Thomas Dossus et Benjamin Badouard affirment condamner les violences à Sainte-Soline, tant du côté des manifestants que des forces de l'ordre. Ils appellent également de leurs vœux un changement dans la doctrine française du maintien de l'ordre.

"En France, la doctrine est de chercher le conflit et le contact. Nous aimerions une approche de désescalade afin que le droit de manifester soit respecté sans violence" avance le sénateur. "3000 policiers pour protéger un trou ce n'est pas un peu trop ?" s'interroge Benjamin Badouard. 

Le bilan humain officiel est lourd, avec sept manifestants et 28 gendarmes blessés, dont trois personnes toujours dans un état grave, deux parmi les anti-bassines et une du côté des forces de l’ordre. Les organisateurs de la manifestation annoncent plus de 200 blessés dans leurs rangs. 

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