Violences urbaines. "Sous l'euphorie, nous n'avons pas réfléchi" : les mots des premiers émeutiers jugés à Lyon

Feux de poubelles, dégradations en tout genre, jets de projectiles contre les forces de l'ordre... la violence urbaine s'intensifie. En trois jours, le parquet de Lyon a enregistré 128 gardes à vue. Ce lundi 3 juillet, les premiers émeutiers passaient en comparution immédiate, avec tous, un profil particulier, éloigné de celui des casseurs.

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"C’est un jeune sans casier”. “Il n’a jamais fait parler de lui”. Au tribunal judiciaire de Lyon, les premiers “émeutiers” ont été entendus ce lundi 3 juillet lors des comparutions immédiates. Loin du profil homogène de casseurs, les trois prévenus du jour se distinguent les uns des autres.  

“Quand il y a des émeutes comme celles-ci, le parquet a tendance à ratisser large, à lancer un grand filet. L’audience permet ensuite de faire le tri entre les personnes qui sont réellement concernées par les émeutes et celles qui ne le sont pas”, explique maitre Hervé Guyenard, avocat de l’un des émeutiers. “Dans ce genre de situation, vous savez que les plus malins et les plus organisés ne sont pas ceux qui se font attraper en premier”, ajoute-t-il.  

“Sous l’euphorie, nous n’avons pas réfléchi”

Son client, un jeune de 27 ans, est accusé d’avoir réalisé des tirs de mortiers en direction du drapeau français apposé sur la Nécropole de la Doua, à Villeurbanne, alors qu’il rentrait de soirée le 2 juillet dernier. “Sous l’euphorie, nous n’avons pas réfléchi”, avoue Nadji.  

Le jeune homme titulaire d’un bac +2 en management, boulanger en reconversion professionnelle, reconnait la détention de l’engin, placé à son insu par son ami dans le coffre de sa voiture. En revanche, il se dédouane de toute intention de porter atteinte au drapeau tricolore.

“Nous n’étions pas dans une ambiance de vandalisme”, conclut-il. “Il y a un certain nombre de coïncidences qui sont venues se greffer les unes aux autres et qui sont venues faire de lui un présumé coupable”, ajoute son avocat. À son casier judiciaire figurait un délit de conduite sans permis ainsi qu’une amende dont il venait de payer le montant.

Nadji a écopé de six mois de prison avec sursis probatoire de 18 mois et travail d’intérêt général. Il est également condamné à une interdiction de port d'armes pendant cinq ans, nous a indiqué son avocat commis d’office, Me Hervé Guyenard.

Trop curieux 

Faudel lui n’avait pas de casier. Il s’est fait arrêter pour avoir réalisé des tirs de mortiers assortis d’actes de résistance à l’encontre des forces de police lors de son interpellation. Si le prévenu nie avoir lancé les projectiles, il reconnait s’être opposé aux forces de l’ordre les premières secondes.

“J’ai été pris par surprise. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je me suis opposé au début, le temps de comprendre que c'étaient des policiers”, avoue le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années, affirmant avoir été pris au piège dans les émeutes lors de la nuit du 1ᵉʳ au 2 juillet à Vaulx-en-Velin.  

"Par curiosité, j’ai décidé de me garer et d’aller voir. Avec les gaz lacrymogènes, on a fini à la médiathèque [ndlr : lieu des violences cette nuit-là]”, avoue Faudel, déclarant être venu chercher son cousin quand les violences se sont déclarées. Tout comme Nadji, Faudel "s’est retrouvé là en suivant la foule. Il s’est laissé entrainer”, assure son avocat, maitre Giovanni Bertho-Briand. Le jeune homme écope d’un an d’emprisonnement, dont huit mois avec sursis probatoire d’une durée de deux ans. 

Récidiviste et alcoolisé

Le troisième prévenu est lui présenté comme un récidiviste assouvissant une vengeance personnelle. Alcoolisé, contrôlé à Saint-Genis-Laval, un lieu qui lui était interdit de fréquenter suite à une précédente condamnation, pour tapage nocturne, Jordan se retrouve quelques heures plus tard au milieu des émeutes dans la commune.

Il est accusé d'avoir participé aux violences à l'encontre des forces de l'ordre. À cela vient s'ajouter le port d'un couteau, ce qui lui était également interdit en raison d'une précédente condamnation. 

"Pour le port d'armes, j'assume", a-t-il répondu. "Pour les violences, je n'ai rien fait", renchérit l'homme de 29 ans, en liberté conditionnelle au moment des faits. Le prévenu prétextait être venu récupérer son cousin au moment où les violences ont éclaté. 

À l'heure de la publication de cet article, toutes les décisions de justice n'étaient pas encore connues. Ce mardi 4 juillet, une vingtaine d'émeutiers s'apprêtent à être jugés lors des comparutions immédiates. 

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