Les fortes chaleurs des étés 2018 et 2020 ont provoqué l'apparition de nombreuses fissures sur les murs de maisons et d'immeubles à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône. Pour les propriétaires, la route vers l'indémnisation et les travaux de réparation est un véritable parcours du combattant.
Lorsqu'on lui parle des fissures qui lézardent son appartement, Emilie Defillion, une habitante de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône, finit par éviter le sujet. "J'ai eu des grosses périodes d'angoisse", souffle-t-elle. L'état de catastrophe naturelle a été décrété dans sa ville, ouvrant la porte à une procédure de réparation prise en charge par son assurance. Pourtant, depuis l'apparition des fissures en 2018, son syndic de copropriété et son assurance ne sont pas très réactifs.
Même lorsque la situation est prise en charge rapidement, le chemin s'avère être un vrai chemin de croix. Un autre caladois -le nom des habitants de Villefranche-, Olivier Pellegrino est lui propriétaire d'une maison, elle aussi lézardée par la sécheresse de l'été 2018. "Les analyses ont montré que le sol sous ma maison est bien argileux. Maintenant, on est dans les études qui cherchent à comprendre comment sont faites les fondations afin de trouver la bonne solution pour les réparations", témoigne-t-il. Et cela peut être long. "À partir du début des travaux, c'est encore 2 à 3 ans nécessaires à la réalisation de ceux-ci. Au total, je sais que j'en ai pour 5 à 8 ans."
Un tiers de réponses positives des assurances
Olivier Pellegrino peut s'estimer chanceux. Son assurance a été réactive et a accepté son dossier. Cela n'est pas le cas de tout le monde. "Un tiers des assurances ont donné une réponse positive", explique René Vaudant, de l'association Calade sécheresse qui regroupe des propriétaires aux murs lézardés de Villefranche-sur-Saône et ses alentours. Une situation que le retraité dénonce : "dans beaucoup de cas, les experts refusent de faire des études de sols alors que c'est obligatoire !"
Il est sûr de lui "les cartes prouvant que les habitations concernées sont bien construites au-dessus de zones argileuses sont sur le site du BRGM -le Service géologique national, ndlr-. Il va même plus loin : "évidement dans le lot il y a probablement un ou deux petits malins qui tentent de faire passer leurs fissures alors qu'ils n'ont pas d'argile sous leur maison. Mais les cartes ne mentent pas, dans les mêmes communes, les maisons sur de la terre argileuse sont fissurées, alors quelques centaines de mètres plus loin, lorsqu'il n'y a pas d'argile, il n'y a pas de fissure."
Des victimes découragées
Entre les assurances qui ne "jouent pas le jeu", les délais avant les réparations ou encore la crise sanitaire, de nombreux propriétaires ont baissé les bras. "On était 75 au départ, nous ne sommes plus qu'une cinquantaine", explique René Vaudant.
Résultats : beaucoup d'entre eux ont mis leur maison en vente. "Vu que Villefranche est un secteur très demandé, s'il y a du terrain, les promoteurs vont l'acheter à prix d'or ! Par contre, s'il n'y en a pas, c'est sûr qu'il doit y avoir une importante perte de valeur", analyse-t-il.
Une situation qui ne devrait plus se reproduire à l'avenir. Depuis la loi ELAN du 1er janvier 2020, toute nouvelle construction doit préalablement faire l'objet d'une étude de sol afin de déterminer si, ou non, des risques, notamment de fissuration des murs, existent.