Municipales 2020 : dans le Rhône, une citoyenne britannique exclue des municipales pour cause de Brexit

Le Brexit sera officiel le 31 janvier. A Larajasse, on ressent aussi les conséquences du divorce entre Londres et Bruxelles. Ainsi, Anne Ditchfield, citoyenne britannique et conseillère municipale de cette petite commune du Rhône, ne pourra pas se présenter aux élections municipales de 2020.


Après des mois de tempête et de débats, le Royaume-Uni devrait finalement quitter l’Union européenne le 31 janvier. Mais il faudra plusieurs mois avant de percevoir toutes les conséquences du divorce entre le Royaume-Uni et l'Europe. Quel sort sera réservé aux Britanniques qui vivent en France parfois depuis plusieurs décennies ? Dans l'incertitude la plus complète, beaucoup ne cachent pas leur inquiétude à propos de leur avenir. Famille, emplois... ils sont nombreux à avoir construit leur vie en France ou a avoir pris leur retraite dans l'hexagone. Certains envisagent de demander la nationalité française mais les démarches prennent plusieurs mois, voire plusieurs années. 
 

Privés de participation à la vie citoyenne française

Si certains sont de simples citoyens. D'autres, en raison de leur statut de ressortissants européens, siègent depuis plusieurs années dans un conseil municipal français. Les élections municipales : seule élection à laquelle les citoyens européens peuvent se présenter.
Que se passera-t-il après le 31 janvier 2020 pour ces élus locaux ? Privés de leur statut de ressortissant européen à cause de la sortie de la Grande Bretagne de l'Union Européenne, ils ne pourront donc ni voter, ni se présenter à une élection locale en France. Ce que ces britanniques déplorent : être privés de participation à la vie citoyenne du pays dans lequel ils résident. D'autant que les ressortissants britanniques qui vivaient hors du Royaume Uni depuis plus de 15 ans, n'avaient pas pû s'exprimer au moment du référendum en Grande Bretagne sur la sortie de l'UE. Anne Ditchfield, ressortissante britannique, est concernée. 
 

"Je ne peux plus voter nulle part : ni en France, ni en Grande Bretagne" (Anne Ditchfield)

Anne Ditchfield, installée sur la commune de Larajasse, 1800 habitants des Monts du Lyonnais, depuis 1984, fait partie de ces citoyens bientôt privés de voix. Cette sexagénaire siège au Conseil municipal de la petite commune du Rhône depuis bientôt six ans. Figure locale, elle est en charge de l'environnement, des affaires scolaires. Elle ne pourra pas se représenter aux élections municipales de 2020. 
"Le Royaume Uni quitte l'Europe à 11h vendredi (31 janvier) et comme je suis Britannique, je n'ai plus le droit de me présenter comme conseiller municipal," explique sobrement Anne Ditchfield.
La conseillère municipale va donc se retrouver exclue de la vie municipale de sa commune, à cause du Brexit, vécu comme une disposition "imposée". Une privation de liberté très mal vécue et que la future ex-conseillère municipale "ne souhaite à personne". "C'est dommage, j'ai appris beaucoup de chose sur le fonctionnement de la commune, sur le fonctionnement de l'Etat et j'avais envie de continuer". 

Hors de Grande-Bretagne depuis plus de 15 ans, Anne Ditchfield est également privée du droit de voter dans son propre pays d'origine. Elle ne peut plus voter nulle part : "ni en France, ni en Grande Bretagne".
Autre conséquence d'une sortie de la Grande Bretagne de l'Union Européenne pour les Britanniques qui travaillent en France : "après vendredi soir, ils ne pourront plus travailler dans un autre pays d'Europe," résume Anne Ditchfield, "il faut qu'ils restent en France. Ils n'ont plus le droit de bouger dans un autre pays pour travailler." Elle explique, dubitative : "des discussions vont commencer tout de suite sur notre sort."

Sur la question des travailleurs saisonniers venus de Grande Bretagne, elle ajoute: " pour les saisonniers qui travaillent en montagne l'hiver, et en Espagne ou au Portugal l'été, ils ne le peuvent plus ! Il faut qu'ils restent en France."

Ce mercredi soir, les eurodéputés britanniques plient bagages et quittent le Parlement européen, elle résume en une phrase son sentiment : "je trouve que c'est un gâchis, on ne pensait pas se trouver dans cette situation-là." Pourquoi n'a-t-elle jamais demandé la nationalité française ?"On pensait qu'on était à l'abri."
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