PFAS: "pollueurs payeurs", des militants écologistes dénoncent les polluants éternels devant le site d'Arkema près de Lyon

Pour dénoncer les "pollueurs payeurs", des militants écologistes ont manifesté symboliquement ce lundi 4 décembre devant le site Arkema de Pierre-Bénite, près de Lyon, contre les rejets dans l'environnement de polluants éternels (PFAS).

8 h ce lundi 4 décembre devant l'entrée principale du site du chimiquier Arkema à Pierre-Bénite dans le Rhône : aux cris de "Les PFAS, c'est dégueulasse !" une trentaine d'activistes écologistes tentent de bloquer l'accès au site, à l'appel de cinq associations, Attac, Greenpeace, les Soulèvements de la Terre, Alternatiba et Extinction Rébellion.

"Pollueur payeur" tagué à la peinture rose sur le bitume, arborant des t-shirts listant les 32 communes du secteur dont les sols et les eaux sont pollués par les perfluorés, les militants écologistes réclament entre autres la prise en charge financière par l'industriel Arkema des mesures de surveillance environnementales et sanitaires.

Caroline Millet, porte-parole du collectif des associations écologistes, estime que la législation actuelle est très nettement insuffisante. "Il y a environ 200 000 personnes qui sont touchées par cette pollution autour de ce site. Au niveau européen, on estime que 17 000 sites sont pollués aux perfluorés donc on est face à un gros problème de santé publique."

De son côté, la direction du site Arkema rappelle dans un communiqué que "le seul surfactant PFAS utilisé à Pierre-Bénite n'est pas bio-accumulable, qu'il n'a donc pas la capacité à rester dans le corps humain et que le site en cessera l'utilisation d'ici fin 2024. Une solution de filtration réduisant les rejets de plus de 90% a d'ores et déjà été mise en place. Le site Arkema de Pierre-Bénite se conforme à l'ensemble des arrêtés préfectoraux concernant les PFAS et est très régulièrement contrôlé par les autorités."

Des preuves "suffisantes"

Il y a quelques jours, une décision redoutée par les industriels du monde entier, scrutée par les lobbyistes et attendue par des citoyens du monde entier a été officiellement publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer : le PFOA est un cancérogène avéré pour l’homme.  

L’acide perfluorooctanoïque a été utilisé notamment dans la fabrication du revêtement antiadhésif de type Téflon pendant des années, ou encore dans les emballages alimentaires, les tissus déperlants et dans des milliers d’autres produits du quotidien. S’il a été interdit en 2020 par la Convention de Stockholm, le PFOA a contaminé la faune et la flore de toute la planète, depuis les eaux du Rhône jusqu’aux ours polaires. L’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), utilisé par le passé dans les mousses anti-incendie AFFF et interdit depuis 2009, a été, lui, classé cancérogène “possible”. 

Une annonce du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui intervient, ce vendredi 1er décembre, alors que les cas de pollution de l’eau potable par ces molécules sont de plus en plus révélés et relayés par la presse. Ils sont également présents dans de nombreux aliments.

Des molécules qui se transmettent aux enfants 

En 2012, suite au scandale Téflon et à l'issue de la plus vaste étude épidémiologique jamais conduite aux USA, les scientifiques du C8 Panel Research concluaient que l’exposition au PFOA était probablement liée à six maladies : hypocholestérolémie, maladies de la thyroïde, usure du foie, hypertension pendant la grossesse, cancer des testicules et cancer des reins. Le CIRC a estimé que les preuves reliant le PFOA à ces deux types de cancer étaient “limitées”.  

Le PFOS induit également des altérations épigénétiques et est immunodépresseur chez les humains exposés. Mais les études expérimentales sur les animaux et les données épidémiologiques n’étaient pas “suffisantes” pour le qualifier de cancérogène avéré.  

Ces deux perfluoroalkylés sont aujourd’hui présents dans le sang de toute la population mondiale. On les retrouve aussi dans le placenta, le cordon ombilical et les tissus embryonnaires, ils peuvent être transmis aux enfants via l’allaitement.  

Mais ces travaux du CIRC, qui n'ont aucune valeur réglementaire, ne permettent absolument pas de dire à partir de quel taux de PFOA dans le corps humain le risque de maladie apparaît, ni dans quelles proportions. Alors à la question que se posent les populations aujourd’hui exposées à la pollution de l’eau : faut-il continuer à boire au robinet ? Les scientifiques n’ont pas encore apporté de réponse.  

L'accès au site Arkema de Pierre-Bénite a été entièrement libéré vers 9h30.

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