Les syndicats appellent les Français à manifester jeudi 19 janvier contre le projet de réforme des retraites. Dans le Rhône, 75% des enseignants s'annoncent grévistes et les trains seront très perturbés.
Dans les bouches d'actifs d'horizons variés, des cadres, des indépendants, des employés, la même colère revient lorsqu'on les interroge sur leur position vis-à-vis du projet de réforme des retraites porté par le gouvernement, avec pour principale mesure le report à 64 ans de l'âge légal de départ.
Dans le centre-ville de Lyon, plusieurs passants se sont ainsi arrêtés pour donner leur avis face à la caméra de France 3. "Si je pars, je pars à 62 ans. Je ne vais pas partir à 64 ans. Le gouvernement dépasse les limites franchement. C'est grave", dénonce Kheira, une agent d'entretien.
"Ce n'est pas parce que je ne suis pas touché que je pense que c'est une bonne réforme. Globalement, c'est une réforme tout à fait injuste pour ceux qui souffrent au boulot", dit un homme de 64 ans, encore en activité comme consultant.
La fin des régimes spéciaux inquiète
Au siège de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Lyon, une effervescence inhabituelle régnait dans le local de la CGT en cette veille de mobilisation. "Ce qu'on constate, c'est que des gens qui n'ont pas l'habitude de se mettre en grève se renseignent pour savoir comment faire grève. J'ai répondu à beaucoup de questions très pratiques sur comment on se met en grève", raconte Hervé Laydier, délégué CGT à la Compagnie nationale du Rhône.
Selon ce syndicaliste, certains salariés sont très en colère. "Les générations de 1964, 65, 66, ce sont les gens les plus énervés. Ils voyaient arriver la retraite et là ça change".
"On avait un régime avec la reconnaissance de la pénibilité tout à fait différent du régime général"
Hervé Laydierdélégué CGT à la CNR
Autre inquiétude au siège de la CNR, la fin du régime spécial pour les nouveaux entrants comme le prévoit le projet de réforme des retraites. "On est une entreprise électrique et gazière, donc on est touché spécifiquement par la fin du régime spécial. On avait un régime avec la reconnaissance de la pénibilité tout à fait différent du régime général. Les nouveaux entrants seront au régime général et ça va créer deux statuts différents au sein de l'entreprise, mais aussi pour nous des difficultés supplémentaires à recruter alors que nos salaires sont déjà moins élevés que dans le privé", poursuit le syndicaliste.
D'autres secteurs font état d'un fort taux de grévistes jeudi 19 janvier. La SNCF annonce seulement 1 TER sur 10 en circulation et 1 TGV sur 3. Les cheminots seront présents en nombre aux manifestations qui se dérouleront un peu partout dans la région.
De nombreuses écoles fermées
Dans l'Education nationale, la mobilisation s'annonce aussi très massive. "On a un taux de grévistes qui est très important avec plus d'une centaine d'écoles qui seront fermées dans le Rhône et 75% d'instituteurs en grève", nous indique Frédéric Volle du syndicat SNUDI-FO qui représentent les enseignants du 1er degré.
"On a eu des échanges avec la préfecture qui s'attend à une grande manifestation à Lyon. Cela fait un moment qu'il n'y avait pas eu une telle mobilisation. Des écoles qui ne sont pas réputées pour être grévistes sont mobilisées. Cette journée de mobilisation va être une réussite", estime Frédéric Volle.
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, 25 cortèges de manifestants sont prévus, avec notamment des manifestations à Lyon Saint-Etienne, Privas, Bourg-en-Bresse ou encore Valence.