Rhône : dans le Beaujolais, les vins invendus sont transformés en gel Hydro Alcoolique

A quelques mois des vendanges, les vignerons du Beaujolais se retrouvent avec des stocks de vins que la crise sanitaire les a empêchés de vendre. L’Etat autorise une distillation exceptionnelle indemnisée.

Trois millions d’hectolitres de vin invendus en France, dix millions en Europe ... voilà ce que la crise du coronavirus laisse sur les bras des vignerons. Un méchant bilan et des volumes dont il faut absolument se délester à quelques mois des prochaines vendanges.

Comment s’en débarrasser ? En transformant, à grande échelle, des stocks de vins invendus en… gel hydro alcoolique. Ou en bioéthanol. Sale destin pour des vins qui ne sont pourtant pas des piquettes, loin s’en faut.

Pour venir en aide à la filière viticole, l’Etat français a donc autorisé donc la distillation exceptionnelle de deux millions d’hectolitres de vin. Et débloqué une enveloppe de 155 millions d’euros, sous la houlette de l’Union Européenne.

Champagne et Bordelais en première ligne

Le volume d’invendus varie selon les régions viticoles. En première ligne, outre la Champagne, le Bordelais. "Ils connaissent le même genre de crise que le Beaujolais a traversé en 2005-2006, où nous étions confrontés à de conséquentes quantités d’invendus. Ces années-là, on distillait près de 100 000 hectolitres chaque année", explique Philippe Terrollion, directeur technique de la distillerie de Charentay.

Dans le Beaujolais, une bonne centaine de vignerons ont d’ores et déjà déposé un dossier auprès de FranceAgriMer, l’organisme semi-public qui met en œuvre cette distillation exceptionnelle. "Les volumes ne sont pas énormes, certains vignerons ont quelques dizaines d’hectolitres en stock, d’autres une centaine. Les négociants aussi pourront distiller, sous certaines conditions."

Une distillation qui, il faut le rappeler, n’a rien à voir avec la qualité du vin. Il s’agit de faire de la place pour la vendange à venir, et aussi de récupérer un peu de trésorerie. Chaque hectolitre de vin sera indemnisé, à raison de 78 euros pour un vin sous appellation et de 58 euros pour un vin sans indication géographique.

Pas de distillation pour la Vallée du Rhône

En Auvergne Rhône Alpes, les vignerons de Savoie et de Haute Savoie sont aussi concernés. Au total, ils distilleront entre 4000 et 5000 hectolitres. En revanche, du côté de la Vallée du Rhône, pas de distillation de crise. "La récolte 2019 était très qualitative, on ne va pas envoyer du vin à la chaudière!" réagit vertement Philippe Pellaton, vice-président de l'organisation professionnelle Inter-Rhône.

Chaque viticulteur intéressé a, jusqu’à vendredi 19 juin, pour déclarer auprès de FranceAgriMer le volume qu’il souhaite distiller auprès de l’une des 33 distilleries françaises agréées. FranceAgriMer indemnisera les distillateurs, qui répercuteront ensuite les aides auprès des producteurs. Fin du dispositif le 15 octobre.

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