Un maire du Rhône appelle à se révolter contre la Journée des droits des femmes

Elle a lieu chaque année le 8 mars en France. Mais Pierre Marmonier, maire de la commune de Colombier-Saugnieu, dans le Rhône, estime qu'il ne devrait pas y avoir une journée pour mettre en valeur les femmes... mais 365 par an. Démagogie, ou sincérité ? Nous l'avons interrogé.

"Nous devons nous révolter contre la Journée Internationale des Droits des Femmes du 8 mars ! Il ne devrait pas y avoir une journée pour mettre en valeur les femmes, mais 365 journées par an." explique sans plaisanter le maire (SE) de Colombier-Saugnieu, dans le Rhône. Il a décidé de publier un communiqué pour partager son opinion sur cette date. 

Pourquoi une journée des droits des femmes le 8 mars

D'après le site "8 mars.info", l'idée proviendrait... des Etats-Unis. L’origine de cette journée s’ancrerait en fait dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe et le monde occidental, au début du XXe siècle.

La création d’une « Journée internationale des femmes » aurait été proposée pour la première fois en 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, par Clara Zetkin. La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se serait mise en place. Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier. Ce n'est donc pas une journée franco-française.

L’inclusion, l’égalité, le vivre ensemble, sont autant de valeurs que je partage

Pierre Marmonier

Le maire de Colombier-Saugnieu, dont l'équipe municipale est bien composée de femmes et d'hommes à nombre égal, veut en fait aller plus loin. Sa municipalité a fait du respect de la femme et de l'égalité des sexes un principe. "Il y a une journée pour les femmes, et puis 364 pour les hommes ? Ça veut dire quoi? Pour moi, on est tous sur un pied d'égalité" explique l'élu, qui ajoute "Cela me fait doucement rire quand je vois encore aujourd’hui que les avis se divisent autour de la question de l’écriture inclusive. Nous étions l’une des premières collectivités en France, si ce n’est la première, à adopter ce nouveau type de langage. L’inclusion, l’égalité, le vivre ensemble, sont autant de valeurs que je partage.

Un péril pour la langue

L'idée consiste à user à la fois du féminin et du masculin quand on s'adresse aux hommes et aux femmes, et remet en cause la règle d'accord de la langue française selon laquelle, au pluriel, «le masculin l'emporte sur le féminin». A Colombier-Saugnieu, on en fait effectivement un usage systématique dans la communication municipale. "Je comprends que cela puisse poser une petite difficulté à certains et certaines pour le lire. Mais cela ne fait de mal à personne. Cela nous impose de trouver des formules beaucoup plus génériques, et qui s'adressent à tout le monde" estime le maire.

L'écriture inclusive, dont les promoteurs et usagers réguliers défendent l'égalité des sexes, est loin d'être acceptée en France. Pour preuve : le 28 février 2021, le Conseil d'État a rejeté des recours demandant l'annulation d'une circulaire du Premier ministre proscrivant ce langage épicène dans les communications ministérielles. Pas question donc d'écrire «député.e.s», «agent.e.s» ou encore «électeur.rice.s» dans les textes officiels. L'académie française estime même qu'elle représente un "péril mortel pour la langue".

On voit que les choses progressent. De plus en plus de femmes sont élues maires et c'est très bien

Pierre Marmonier, maire de Colombier-Saugnieu

 

Pierre Marmonier vise un idéal : "Il faudrait simplement respecter les femmes et les hommes au quotidien. Il y a plein de choses que l'on peut faire en commun. Homme, femmes, noir, blanc, gros, maigre... Je ne fais pas de différence. On doit vivre ensemble" explique cet ancien sapeur-pompier professionnel, aujourd'hui en retraite, mais très marqué par son expérience. "C'était vraiment machiste. Il n'y avait aucune femme, à part quelques-unes chez les volontaires. La première fut notre médecin-colonel. Et ensuite j'ai travaillé dans une caserne où sont arrivées les premières filles sapeurs-pompiers. Je peux vous dire qu'à l'époque, cela n'allait pas de soi. Et aujourd'hui, force est de constater que c'est devenu normal. Elles ont autant les capacités de le faire que l'homme et cela se passe très bien."

A la mairie de Colombier-Saugnieu, commune rurale sur laquelle est implanté l'aéroport régional, il précise que les délégations de ses adjoints et adjointes ont été attribuées "d'abord pour les femmes, parce qu'on est galants. On les a laissées choisir en premier. Les hommes ont pris ce qu'il restait. Ça change un peu." rapporte le maire, qui voudrait voir aussi davantage d'égalité au niveau intercommunal : "Dans notre communauté de communes, je constate que l'on est huit maires masculins. Mais on voit que les choses progressent. De plus en plus de femmes sont élues maires et c'est très bien. Moi-même, j'étais opposé à une candidate lors des dernières municipales et je l'ai respectée d'égal à égale. Les femmes vont logiquement intégrer progressivement l'executif inter-communal. Cela va peut-être trop doucement, mais les choses avancent. "

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