Désignée en mars dernier capitale française de la culture 2022, Villeurbanne ouvre dès ce vendredi 7 janvier, une année d'activités culturelles. Avec "Place aux jeunes", c'est le nom de cette toute première édition. Festival en plein air, balades patrimoniales, centres culturels décentralisés dans les écoles, créations dans l’espace public, expositions vont se succéder. Le maire de la ville nous en dit plus.
«Nous accueillons ce titre avec une grande joie et une grande fierté». A l'annonce des résultats, au mois de mars dernier, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne ne cache pas sa joie.
Capitale française de la culture c'est un label, décerné par le ministre de la Culture, tous les deux ans à une ville entre 20 000 et 200 000 habitants. D'autres pays comme le Royaume-Uni et l'Italie ont déjà une manifestation similaire, en France c'est la toute première édition.
Villeurbanne, capitale française de la culture en quelques chiffres
Villeurbanne compte 150 659 habitants dont la moitié a moins de 30 ans. Un élément essentiel aux yeux des organisateurs.
Pas moins de 700 évènements sont prévus dont 300 spectacles et 30 festivals.
"Place aux jeunes" c'est le nom de cette 1ère édition, pour laquelle 100 jeunes ont participé à l'organisation.
La jeunesse au cœur du projet
Après un appel à candidature lancé en septembre 2020, 30 villes étaient candidates. A l'issue d'une première sélection, 9 sont restées en lice et c'est un jury qui a désigné Villeurbanne vainqueur. "Nous nous sommes concertés avec Stéphane Frioux, adjoint à la culture de Villeurbanne - se souvient Cédric Van Styvendael - C’était une belle occasion de donner un coup d’accélérateur à notre programme sur la culture puisqu'on souhaitait accorder une grande place à la jeunesse, à l'éducation artistique et culturelle en milieu scolaire".
Rien n'était joué d'avance, les 9 finalistes (Communauté d’agglomération Grand Angoulême, Brest, Laval, Le Mans, Metz, Saint-Paul de la Réunion, Sète, Communauté de Communes du Val Briard) présentaient de réels atouts mais Villeurbanne avait ce truc en plus qui a conquit le jury comme nous le dévoile, Cédric Van Styvendael, qui nous a accordé un entretien.
"Je crois que ce qui a convaincu le jury, c’était notamment notre engagement très fort sur les questions de la jeunesse. À la fois sur les jeunes dans leur ensemble mais aussi parce qu'on leur laisse beaucoup de place dans l’organisation, avec des événements dans lesquelles ils sont investis. Notre politique sur le long terme a dû joué sur l'impact de ce projet sur les années à venir. Ce n’est pas juste une année d’événements et puis après on passe à autre chose, mais plutôt comment cette année d’événements construit les prochaines années des politiques culturelles."
Quel est l'intérêt de ce label?
"Déjà, la première chose c’est que tous les groupes scolaires seront dotés de lieux dédiés à la culture avec du personnel de médiation culturelle, recruté pour démultiplier les projets artistiques entre les enseignants, les élèves et les acteurs de la culture. Finalement, on se rend compte que la culture et notamment l’accès à la culture est un sujet d’inégalités assez important et qu'en passant par l’école, c’est une manière d’y répondre.
Et deuxièmement il y a une transformation qui se fait jour. Les équipements culturels sont tournés vers eux-mêmes, et là, on a été submergé par l’enthousiasme des professionnels de la culture qui, sur la métropole, nous ont tous proposé de la programmation, des événements".
Je souhaite qu’on conserve cette capacité des métropolitains à faire travailler les acteurs de la culture ensemble sur un territoire car ça va considérablement enrichir la programmation et ça produit des choses incroyables."
Comment est financée cette année culturelle ?
"Ça a un coût, notamment parce que l’ADN de Villeurbanne, c’est beaucoup la culture gratuite. La plupart des événements seront gratuits et au moment de rentrer dans un théâtre, il y aura la tarification classique mais il y aura beaucoup d’événements gratuits, populaires."
"Ça coûte 10 millions d’euros. On a 1 million de dotation du ministère de la culture et de la caisse des dépôts et consignations, il y a 3 millions d'euros de mécénat et le reste est financé par la collectivité ou par les collectivités puisque la métropole de Lyon participe à hauteur de 300 000 €.
Les millions qui nous restent à financer, le seront par des dépenses nouvelles en partie par notre budget culture sur lequel on a fait quelques arbitrages exceptionnels pour l’année 2022."
Qu’est-ce que cette année culturelle va changer ?
"Je ne sais pas ce que ça va changer. Tout le monde projette plein de choses. Je pense que c’est une opportunité historique pour notre ville de partager la richesse. Villeurbanne a souvent souffert d’être un peu dans l’ombre de sa voisine lyonnaise. Je crois que depuis une centaine d’années, avec une manière particulière de penser, la ville se développe. D'abord avec un maire précurseur, Lazare Goujon, qui a poussé une forme de socialisme municipal, où on retrouve ce face-à-face organisé entre l’hôtel de ville et le TNP. "
"Ce dont je suis fier, c’est que l’on parle de la richesse de cette ville, de sa capacité à faire face toujours d’une manière très droite à la diversité et au pire, je pense évidemment à l’extrémisme. Si l'on peut, pendant un an, faire rêver les gens, les faire s'émerveiller, s’interroger sur notre avenir commun, notre projet prend encore plus de sens."
Après une crise sanitaire sans précédent et face aux enjeux écologiques et sociaux, la culture constitue un rempart primordial pour le maire de Villeurbanne. "La culture pour nous, c’est quelque chose qui nous rend plus libres, plus forts, et ce "plus libre" et ce "plus fort" doivent être au service des enjeux sociaux et climatiques auxquels on doit faire face."
Quel serait l'événement emblématique à retenir ?
"Il y a 700 événements ! C’est impossible de choisir…, Celui qui est le plus symbolique, ce sont les trois jours organisés par les jeunes pour les jeunes. C’est pas forcément l'évènement que je préfère mais c’est celui qui dit de manière emblématique quelle est notre ambition en matière de politique culturelle."
Inauguration mode d'emploi
- Ce vendredi 7 janvier à partir de 17h30, c’est à l’école Jules-Ferry que débuteront les festivités avec l’inauguration (non publique à cause du Covid).
- La compagnie KompleX KapharnaüM prendra ensuite la main en proposant au grand public une déambulation artistique de la rue Pierre-Cacard jusqu’au centre-ville. Sur une bande-son écrite par la compagnie, des images d'interventions artistiques avec les écoliers seront projetées tout au long du parcours sur le thème «Grandir».
- Au parc des Droits de l’Homme, la compagnie Off fera déambuler son troupeau de girafes emmenées par une cantatrice juchée sur un char, 15 jeunes Villeurbannais ont été intégrés à cette opérette animalière.
- Le final aura lieu place Lazare-Goujon, explosion de paillettes, garantie.
Le calendrier des évènements est disponible sur villeurbanne2022 .