Violences sexuelles sur les enfants : comment réagir en cas de doute

À Condrieu dans le Rhône, un enfant de 11 ans a été victime de viols présumés d'un de ses camarades de classe. La famille s'interroge sur l'absence de réaction de l'établissement scolaire. Une spécialiste des faits de violences sexuelles sur mineur nous explique comment les parents doivent réagir en cas de suspicion de maltraitance.

C'est une école privée ordinaire, l'école privée des Marronniers à Condrieu dans le Rhône. Et pourtant elle a été le théâtre d'un insupportables agressions. Un élève de 11 ans, Victor*, aurait subi des viols de la part d'un autre enfant. Ce dernier aurait forcé Victor à des fellations et l'aurait sodomisé. Le parquet de Vienne a ouvert une enquête pour viol ainsi qu’une autre pour harcèlement scolaire, a-t-on appris mercredi 4 janvier.  Les violences sexuelles présumées ont, en effet, eu lieu en dehors de l'établissement scolaire, mais la victime aurait aussi été harcelée dans la cour de l'école. 

En plus des violences terribles vécues par Victor, cette affaire interroge sur la façon, dont les parents, les professeurs, les assistantes maternelles et plus largement les adultes qui côtoient des enfants, peuvent réagir en cas de suspicion de violences sexuelles sur un mineur. 

Nous avons interrogé Muriel David, directrice et juriste de l'association L'Enfant Bleu à Lyon, qui aide et accompagne des enfants maltraités. Elle nous raconte comment écouter les enfants et décrypter de possibles symptômes liés à une agression sexuelle. 

Comment repérer les symptômes d'une éventuelle maltraitance sexuelle ? 

C'est la hantise de beaucoup de parents. Si un enfant est un jour victime de violences sexuelles, comment le savoir ? Face à la violence, de nombreux enfants ne parviennent pas à briser le silence.

"Quand l'enfant ne parle pas, il y a des symptômes : des troubles du comportement avec par exemple une chute brutale des résultats scolaires. Mais aussi des cauchemars et un sommeil perturbé, de l'agressivité, des cris d'angoisse. Quand il y a des abus sexuels, même chez les tous petits, des enfants âgés de 3 ans, il va y avoir aussi des troubles du comportement sexuel. Cela peut être des masturbations compulsives devant d'autres enfants", raconte Muriel David, la directrice de l'association L'Enfant Bleu, qui aide les familles de mineurs victimes de maltraitance. 

La première chose, c'est de croire l'enfant. Il ne faut pas lui demander de se taire pour le bien de la famille.

Muriel David, l'Enfant Bleu 

Comment interroger un enfant, en cas de doute ? 

Certains enfants brisent le silence eux-mêmes. "La première chose, c'est de croire l'enfant. Il ne faut pas lui demander de se taire pour le bien de la famille", explique Muriel David. 

La grande difficulté est qu'environ les trois-quarts des agressions sexuelles sur mineur ont lieu dans le cercle familial. "Il ne faut jamais minimiser les faits et il faut accueillir la parole de l'enfant le plus sereinement possible pour ne pas l'effrayer. La chose la plus difficile est de ne pas transformer l'écoute en un interrogatoire. Il faut essayer de poser les questions les plus ouvertes possibles et ne surtout pas induire une réponse", poursuit la spécialiste. 

"Quand on a recueilli la parole, il faut aussi éviter de prévenir la personne concernée, même si on est sous le choc. Car s'il y a une plainte, il faut qu'il y ait un effet surprise si les enquêteurs fouillent les ordinateurs et la maison de l'agresseur présumé", ajoute Muriel David. 

Comment éduquer son enfant au risque d'agression sexuelle ? 

Un parent ne veut jamais imaginer que son enfant peut être un jour victime de violences sexuelles. Pourtant, il y a en moyenne trois enfants par classe qui seront, ou sont, confrontés à ce fléau. Alors comment essayer d'éduquer ses progénitures à savoir en parler, au cas où ? 

"On ne peut pas empêcher le pire d'arriver, mais on peut apprendre à communiquer. Il faut marquer les interdits à son enfant, tout en lui apprenant à nommer ses parties intimes. Il faut aussi veiller à bien respecter l'intimité de l'enfant à la maison en lui demandant la permission pour les choses qui concernent ses parties intimes", prévient Muriel David. 

Vers qui se tourner lorsque son enfant est victime? 

Face au drame intime qui touche un enfant, ses parents, mais aussi souvent une famille, il n'est pas simple de savoir vers qui se tourner en cas de violences sexuelles présumées. "C'est quelque chose d'assez démentiel pour un parent d'entendre son enfant lui dire que son papi ou son cousin l'a violé. Nous conseillons aux parents de contacter les associations spécialisées qui sont là pour que leur parole soit entendue. On va accompagner le parent pour l'amener à porter plainte contre un membre de sa famille par exemple", conclut Muriel David. 

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