Rixe d'Echirolles. Les avocats généraux requièrent de 10 à 20 ans de réclusion pour les 12 accusés

Des peines de 10 à 20 ans de réclusion ont été requises, ce lundi 7 décembre, devant les assises de l'Isère, à l'encontre des 12 accusés jugés pour le meurtre de Kevin et Sofiane. Un acteur présenté comme de second plan au début du procès, se retrouve sous le coup d'une des plus lourdes peine. 

Ouvert depuis le 2 novembre, le procès dit de la rixe d'Echirolles s'est tenu à huis clos dans une ambiance tendue, ponctuée de menaces, d'insultes et de pressions sur les témoins.

Comme durant l'instruction, aucun accusé, dont deux étaient mineurs au moment des faits, n'a avoué sa participation directe au crime. D'où ces réquisitoires à l'encontre de l'ensemble de ces jeunes hommes aujourd'hui âgés de 19 à 24 ans. Les deux avocats généraux mobilisés ont demandé des peines allant de 10 à 20 ans de prison. 

Pour Constant Mukala Wetu, qui comparaît pourtant libre, ils ont requis 20 ans de réclusion. Même verdict souhaité pour Ilyes Tafer. Pour Youssef Camara, Eraba Diakabi, Naderhaman Delli, Ulas Cetin et Antonin Challange, 18 ans. Pour Ahmed L., 14 ans. Pour Denis C., 13 ans. Pour Mohamed Elhadj, Bérat Karaborklu et Ibrahim Camara 10 ans.

La peine de 20 ans de réclusion requise à l'encontre de Constant Mukala Wetu a étonné tout le monde, tout comme celle à 10 ans pour Bérat Karaborklu, y compris les parties civiles. Pour Mukala Wetu, seul son portable avait été tracé dans le secteur au moment des faits. 

Reportage Jean-Christophe Solari et Grégory Lespinasse

Intervenants: Maître Szpiner, avocat des parties civiles; Maître Ronald Gallo, avocat de Bérat Karaborklu; Maître David Metaxas, avocat de Constant Mukala Wetu

Le verdict de la cour n'est pas attendu avant le 14 décembre après les plaidoiries de la défense.

Ce que le procès nous a appris

par AFP

Un à un, les 12 accusés ont livré leur version du violent affrontement qui a coûté la vie à Kevin, étudiant en master de 21 ans, et Sofiane, éducateur de 22 ans, le 28 septembre 2012.

Parmi les rares confessions, Antonin Challange, 23 ans, a reconnu avoir donné un coup de bouteille sur la tête de Sofiane. "Il est courageux d'assumer", a estimé son avocat, Me Arnaud Lévy Soussan. Mais les débats ont surtout été marqués par les révélations d'Ibrahim Camara, 24 ans, considéré comme un des leaders du groupe, et le seul avec Mohamed Elhadj, 23 ans, à livrer des informations sur le rôle des autres protagonistes de la rixe. Il a ainsi indiqué avoir vu Ilyes Tafer, 21 ans, donner des coups de couteau à Sofiane le soir des faits. Ce dernier avait été condamné en mai 2012 pour avoir poignardé le vigile d'un supermarché et était sorti de prison 13 jours avant la rixe mortelle.

Ibrahim Camara, qui comparaît libre, a aussi dit avoir reçu des confidences selon lesquelles Constant Mukala Wetu, 23 ans, lui aussi libre, aurait donné des coups de couteau à Sofiane. Enfin, il a accusé Naderhalman Delli, 21 ans, et un accusé mineur au moments des faits d'avoir frappé Sofiane à la tête avec un marteau. 

"Mon client a courageusement exprimé tout ce qu'il avait à exprimer et il est allé très loin dans ses accusations. Il est assez courageux et assez mal remercié", a commenté Bernard Ripert, avocat des frères Camara.

Les déclarations d'Ibrahim Camara sont en effet assez mal perçues par les autres avocats qui remarquent qu'il s'exonère de toute responsabilité dans la rixe. "Tous coupables sauf lui", résume Me Ronald Gallo. Me Florent Girault, avocat d'Ilyes Tafer et de Constant Monkala Wetu, a lui dénoncé "une collection de nouveaux mensonges inattendus".

"Ça me semble parfaitement crédible dans la mesure où il y a des éléments corroborés par le dossier", a au contraire estimé Me Kayana Manivong, avocat des parties civiles. "Il y a des accents de sincérité chez ce garçon", a aussi jugé Me Denis Dreyfus, dont le client a aussi parlé. "On y voit assez clair après les auditions", a-t-il ajouté, évoquant des "précisions sur les noms et sur les armes".

Des zones d'ombres importantes demeurent cependant, par exemple au regard de la personne qui a porté le coup de couteau mortel à Kevin.

De multiples incidents

Les débats ont, en outre, été marqués par de multiples incidents. Hormis des insultes entre avocats, le plus important rebondissement est intervenu la semaine dernière quand un témoin, amené à la barre par la police, a accusé Ilyes Tafer d'avoir porté des coups de couteau, avant de se rétracter subitement après la pause déjeuner. Durant celle-ci, une altercation avait éclaté entre les proches du témoin et ceux d'Ilyes Tafer.

Un procès-verbal a été dressé et "la procédure a été transmise au parquet qui s'en saisira le moment venu", a indiqué le parquet général. Des poursuites pourraient ainsi être engagées pour subornation de témoin ou faux témoignage.

"Ils sont toujours dans leur justice à eux avec leurs règles à eux. C'est la loi du quartier, les réputations, les fausses solidarités", commente Me Francis Szpiner, avocat des parties civiles.

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