15 ans ferme ont été requis, ce mercredi 28 mai, à Lyon, à l'encontre de Mohamed Bessame, figure du banditisme lyonnais. Il est jugé pour trafic de drogue mais s'était illustré en s'évadant par hélicoptère de la prison d'Aiton, en Savoie, fin 2005.
Au total, six hommes comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Lyon, cette semaine. Outre les 15 ans de prison requis contre Mohamed Bessame, le procureur a par ailleurs réclamé des peines de 30 mois à sept ans de prison contre les cinq autres prévenus également poursuivis pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.
Le jugement a été mis en délibéré.
Les six prévenus sont soupçonnés d'avoir participé à une importation de 624 kilos de résine de cannabis dans un convoi de type go-fast, intercepté le 20 juin 2012, dans la Drôme, lors d'une grosse opération de police, qui s'était soldée par une course-poursuite. Dans cette affaire, Mohamed Bessame, qui ne conteste pas son implication dans l'organisation du convoi, met en cause les conditions de l'enquête et assure qu'un indicateur de la police l'aurait incité à participer à ce trafic.
Mohamed Bessame affirme avoir été manipulé par la police
Au cours du procès qui s'est ouvert lundi 26 mai, les quatre avocats de Mohamed Bessame ont longuement évoqué un "infiltré illégal" qui aurait été masqué dans la procédure "de façon déloyale". Les conseils ont déposé plusieurs demandes de nullité de la procédure lors du procès, qui ont été jointes au fond. Par ailleurs, ils ont déposé une plainte pour faux à Grenoble, visant des procès-verbaux portant la signature de fonctionnaires qui n'en auraient pas été les auteurs.
Dans son réquisitoire, le procureur a critiqué l'enquête de l'antenne de Grenoble de la direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ) de Lyon. "La preuve n'est pas formellement rapportée de la dissimulation d'un indicateur" mais "trop de portes sont restées ouvertes dans l'enquête et elles ont continué de claquer", a-t-il déploré soulignant que ces faiblesses de l'enquête "auront des conséquences dans cette région".
Pour autant, le magistrat a estimé que la présence mal élucidée d'un personnage dans l'organisation du trafic, ne suffisait pas à écarter la culpabilité de Bessame. "Il dit qu'il s'est senti obligé mais ce n'est pas de la provocation, c'est un mobile", a-t-il déclaré.
Originaire de Meyzieu (Rhône), Bessame a déjà été condamné en 2006 à neuf ans de prison pour trafic de stupéfiants.
Détenu depuis 2003 dans cette affaire, Mohamed Bessame avait réussi en décembre 2005, avant le procès, à s'évader en hélicoptère de la prison d'Aiton (Savoie) avec deux autres détenus, avant d'être repris. En 2008, il avait écopé de six ans de prison pour cette évasion. Quelques mois après une libération conditionnelle accordée en 2011, Mohamed Bessame avait été à nouveau interpellé, de retour d'Espagne, lors de l'interception du go-fast dans la Drôme.