Albertville : quatre enfants de 10 ans interpellés pour "apologie du terrorisme"

Quatre enfants ont été interpellés jeudi matin à Albertville pour être entendus dans le cadre d'une enquête pour "apologie du terrorisme". Ils auraient menacé de mort un enseignant.

Quatre enfants de 10 ans ont été interpellés par les forces de l'ordre jeudi 5 novembre pour "apologie du terrorisme". Les faits se seraient produits lundi dans une école primaire d'Albertville (Savoie), lors d'un temps d'échange après l'hommage à Samuel Paty, l'enseignant d'histoire-géographie décapité à Conflans-Sainte-Honorine.

Le procureur de la République de Chambéry, Pierre-Yves Michau, affirme qu'un professeur aurait été menacé de mort par les enfants. "Le terroriste a bien fait de faire ce qu'il a fait. Toi aussi tu vas mourir", auraient-ils déclaré, cités par le magistrat. Des propos "pouvant être des signaux faibles d'un environnement radicalisé", selon une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Le même jour, le directeur de cette école d'Albertville découvrait dans une boîte aux lettres un papier portant l'inscription "T'es mort". Rien ne permet, à ce stade, de relier les jeunes écoliers à cette note.

 

Plusieurs heures d'audition


Jeudi matin, les enquêteurs du commissariat d'Albertville procédaient à l'interpellation des quatre enfants. Leur domicile a été perquisitionné "sans aucun heurt ni aucun trouble à l'ordre public", poursuit la porte-parole. Ils ont ensuite été entendus pendant "huit à neuf heures" par un officier de police judiciaire. Tous étaient assistés d'un avocat, précise le procureur.

La fillette interrogée a été mise hors de cause, mais les trois jeunes garçons ont reconnu avoir tenu ces propos. L'un aurait agi "par mimétisme de ce qu'il avait entendu dans les médias" et les deux autres lui auraient "emboîté le pas".

Ces enfants vont faire l'objet d'une évaluation par la protection judiciaire de la jeunesse, notamment pour déterminer leur environnement familial. Le parquet s'oriente vers des mesures de réparation, comme l'écriture d'une lettre d'excuses, pour "faire comprendre aux enfants les valeurs auxquelles ils ont porté atteinte", ajoute M. Michau.

L'enquête a par ailleurs permis de déterminer que les familles étaient musulmanes, pratiquant leur religion de manière régulière, sans être radicalisées. Les parents des quatre élèves ont été interrogés en audition libre dans le cadre de l'enquête.

 

Vive émotion


Le ministère de l'Intérieur a réagi sur Twitter à cette opération policière, démentant que les fonctionnaires aient "usé d'une force démesurée". L'affaire, révélée par une agence de presse turque jeudi, avait provoqué une vive émotion sur les réseaux sociaux.
 
Cet article se base sur le témoignage du père de l'un des élèves. "Dix policiers masqués et portant des armes longues sont entrées dans la maison", déclare-t-il, décrivant une opération brutale. Le procureur affirme de son côté que "la police a agi dans le cadre légal, sur instruction de l'autorité judiciaire".

Une intervention tôt le matin était nécessaire selon le magistrat car "il fallait perquisitionner le domicile". C'est notamment cette perquisition qui a permis de démontrer que les familles n'étaient pas radicalisées.

 
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