Ce mercredi 1er juin, le parquet d’Albertville a décidé de classer sans suite la procédure judiciaire concernant l’empoisonnement de deux loups et deux gypaètes barbus - des espèces strictement protégées - dans le parc national de la Vanoise en mars 2021. Les perquisitions menées la semaine dernière chez 11 éleveurs savoyards n’ont pas permis d’identifier le ou les auteurs des faits.
Au lendemain de nos révélations concernant des perquisitions menées dans onze exploitations agricoles en Savoie, Anne Gaches, la procureure de la République d’Albertville, annonce ce mercredi 1er juin que l’enquête sur l’empoisonnement d’animaux sauvages, dont deux loups et deux gypaètes barbus, va être classée sans suite.
Des dépôts d'appâts empoisonnés
Pour rappel, les cadavres de ces deux espèces protégées avaient été retrouvés dans le Parc de la Vanoise, en mars 2021, ainsi qu’une dizaine d’autres animaux. Des analyses avaient montré qu’ils avaient tous été empoisonnés avec des insecticides mortels, interdits en France. Un an plus tard, en février 2022, d'autres examens pratiqués sur un renard au comportement suspect révélaient à nouveau la présence de carbofuran et celle d’un poison raticide.
Si l'enquête ouverte par le Parquet a bien démontré le côté intentionnel de ces intoxications, dues à "des dépôts d’appâts empoisonnés", les divers interrogatoires, investigations et perquisitions réalisés pendant plus d’un an n'ont permis d'identifier "aucun auteur ", a reconnu la procureure.
Contacté, le parc de la Vanoise n'a pas souhaité commenter cette décision de justice et a indiqué qu'il ne se porterait pas partie civile.
"On est traités comme des malfrats"
Ces perquisitions menées chez onze éleveurs par les gendarmes et l’Office français de la biodiversité n’ont pas permis de trouver des traces d’insecticides. Mais les éleveurs regrettent d’avoir été pointés du doigt et se disent victimes de "dénonciations calomnieuses".
Il faut dire que, dans cette affaire, les regards s’étaient rapidement tournés vers les éleveurs savoyards, qui se plaignent régulièrement des attaques de loups sur leurs troupeaux depuis de nombreuses années. L’hypothèse selon laquelle le poison visait les loups - quitte à faire des victimes collatérales comme les gypaètes barbus – avaient gagné les esprits des défenseurs de la faune sauvage.
Dans une lettre ouverte envoyée ce mercredi 1er juin au préfet de Savoie, plusieurs syndicats départementaux comme la FDSEA des Savoie, les Jeunes agriculteurs, le Syndicat d’exploitants agricoles de Haute Maurienne et le Syndicat ovin, assurent que les agriculteurs "ont été traités comme des malfrats".
"Ces manœuvres n’ont d’autres résultats que de jeter l’opprobre sur toute une profession déjà largement salie, poursuivent-ils. Dans un contexte agricole déjà extrêmement tendu, lié à des éléments d’ordre mondial (guerre en Ukraine) et local (gestion de la brucellose, attaques de loups,…) […] ce type d’action ébranle très fortement des situations précaires et des équilibres déjà fragiles".
"Face à la détresse du monde agricole trop ciblé dans ce dossier", les éleveurs demandent au préfet de "tout mettre en œuvre pour que les agriculteurs de ce secteur puissent à nouveau vivre et travailler dans la sérénité".