"On ne dort pas beaucoup la nuit" : après l’Isère, la fièvre catarrhale ovine se propage en Savoie et décime des troupeaux

En Savoie et en Haute-Savoie, la fièvre catarrhale ovine commence à faire des ravages. Après avoir durement touché l’Isère depuis le mois d'août, la maladie continue de se propager dans des centaines de troupeaux de moutons et de brebis. Les éleveurs craignent de lourdes pertes.

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Jusqu’à présent, ce sont surtout les attaques de loups qui empêchaient Julien Rochaix de dormir. Aujourd’hui, l’ennemi est beaucoup plus petit, mais fait de plus gros ravages. La fièvre catarrhale ovine (FCO), transmise par un petit moucheron, vient de toucher son troupeau de brebis. 

Sur les hauteurs d’Albertville, en Savoie, l’éleveur a remarqué que des animaux étaient souffrants il y a quelques jours. Six sont décédés depuis, sur un troupeau de 65 têtes.

Des troupeaux décimés

"Je me retiens de pleurer, c’est dur, se désole-t-il, les yeux rivés sur la dépouille d'une brebis découverte morte au fond de son pré. Moi, je pars de zéro et quand on voit ça, ça dégoûte. À cause d’un petit moucheron, on a des troupeaux entiers décimés. On ne dort pas beaucoup la nuit, et on a l’angoisse de découvrir des brebis mortes le matin". 

Entre la piqûre et l’apparition des premiers symptômes, quarante jours peuvent s’écouler. Cette maladie dite "de la langue bleue" provoque une inflammation des muqueuses chez les ovins, avec un fort taux de mortalité. La maladie a d’abord touché le département de l’Isère à la fin de l’été, provoquant l’annulation de la descente des alpages qui devait se tenir mi-octobre à Grenoble. En ce début d’automne, le moucheron propagateur du virus sévit désormais dans les deux Savoie. 

Pour protéger ses animaux, l’éleveur tente le tout pour le tout, avec ce qu’il appelle des "remèdes anciens" : huiles essentielles en suppositoires, eau miellée pour réhydrater, cure de magnésium. "J’essaye de requinquer tout le monde", dit-il sans grande conviction. 

Installé depuis 4 ans, il dit se sentir bien seul face à cet épisode de fièvre. "Personne n’est venu depuis que mes brebis ont été déclarées positives à la FCO, regrette-t-il. Les vétérinaires m’ont juste dit de les tenir au courant. Je n’ai pas reçu de consignes. On s’entraide avec d’autres éleveurs sur les réseaux sociaux".

"On double le nombre de cas tous les quatre jours"

A Saint-Baldoph, le Groupement de défense sanitaire se dit pourtant bien présent pour apporter des réponses aux éleveurs touchés. Il y aurait 85 foyers confirmés en Savoie, et près de 200 foyers potentiels.

"On double le nombre de cas tous les quatre jours, explique Laura Cauquil, vétérinaire conseil au Groupe de défense sanitaire. Ces maladies vectorielles ont un lien avec le réchauffement climatique, car la durée d’activité du moucheron est plus longue dû aux hivers moins vigoureux"

Des vaccins existent pour lutter contre cette fièvre catarrhale, mais la question se pose pour les troupeaux déjà touchés. "Ça fait des gros dégâts, prévient la vétérinaire. On peut avoir jusqu’à 50 % de mortalité en élevage de moutons. Il y a des frais vétérinaires à engager pour soulager les animaux. Ça fait aussi des dégâts dans les baisses de production et les futures reproductions". 

Avec une journée sans vent, le petit moucheron, peut parcourir jusqu'à 2 kilomètres par jour, il est donc impossible d’empêcher sa propagation. Les éleveurs devront donc rester vigilants, d’autant qu’un autre variant de la maladie se propage actuellement en France et devrait bientôt toucher le département. Un vaccin, pris en charge par l’Etat, est vivement conseillé pour éviter de nouvelles contaminations.

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