Le CDCM, Conseil du Culte Musulman de Savoie, vient tout juste de naître. Et il veut proclamer haut et fort, au nom des fidèles savoyards, sa condamnation de l'attentat terroriste survenu ce 16 octobre à Conflans dans les Yvelines. "C'est un acte qui n'a rien à voir avec l'islam!" déclare le CDCM.
"Pour nous, au nom de l'islam, en tant que musulmans de France, c'est impossible d'accepter une chose pareille." Bilal Soyak, secrétaire général du tout récent Conseil du Culte Musulman de Savoie, est très clair. "C'est insensé, ça n'a rien à voir avec l'islam, ça n'a pas sa place ici.""Aujourd'hui, c'est pas à tout le monde de faire sa loi dans la rue. Sinon, ce serait la jungle! On a l'impression qu'une petite minorité d'extrêmistes fait sa loi. Nous, nous voulons apaiser, montrer que c'est possible de vivre ensemble en France" ajoute-t-il.
Le CDCM a été créé le 26 septembre dernier. Déclinaison savoyarde du CFCM, il regroupe 16 mosquées (sur la vingtaine du département), de Chambéry à Moûtiers, en passant par Modane et Ugine. Il recense environ 8 000 fidèles réguliers. Depuis plusieurs années déjà, les musulmans du bassin chambérien s'étaient constitués en collectif. Nous avons rencontré ses responsables ce mercredi 21 octobre lors du rassemblement en hommage à Samuel Paty organisé à Chambéry.
Le secrétaire général du CDCM s'inquiète de la tournure que prennent les évènements depuis l'attentat de Conflans.
"Il y a une crainte, et même une peur réelle. La stigmatisation, l'amalgame sont présents. Il y a eu des descentes de police dans les mosquées. Nous avons des fidèles qui viennent nous demander : 'Est-ce qu'on doit rentrer au pays?' Ce sont des français, nés comme nous en France, qui se demandent s'ils ont encore leur place dans ce pays. Certains n'osent plus faire leurs courses en toute sérénité. Une dame en foulard n'ose plus sortir au parc avec ses enfants. Nous avons beaucoup de témoignages en ce sens."
"Pas d'autre choix que l'éducation!"
Un autre membre du CDCM Savoie, Aziz Ouali, professeur à Chambéry, ajoute : "Il faut continuer à accompagner, à éduquer, à ouvrir le débat avec nos jeunes parce que c'est un jeune qui a commis cet acte horrible, donc il faut qu'on continue, y a pas le choix, y a pas d'autre choix que l'éducation, l'éducation, l'éducation."
"L'objectif c'est de ne pas rompre le lien, de le maintenir. certes, on a la concurrence des réseaux sociaux, mais il faut qu'on sème, et on récoltera dans l'avenir, j'en reste convaincu sinon je serais pas prof."
"Que des élèves puissent être choqués on ne peut pas le nier. Mais moi, mon travail de prof, c'est de passer de cette émotion à la réflexion. Réfléchir sur le vivre ensemble, sur la tolérance. Nous sommes tous différents, et heureusement. Il faut que nous puissions vivre tous avec nos prinicpes, mais sans que cela empiète sur la vie de l'autre".
Le CDCM travaille depuis une dizaine d'années sur cette question du vivre ensemble avec le Diocèse catholique de Chambéry.