Le procureur de Chambéry a requis le renvoi de Nordahl Lelandais devant la cour d'assises de la Savoie pour meurtre, et non plus assassinat dans l'affaire Arthur Noyer. Les parents du jeune caporal, tué à Chambéry en avril 2017, disent ressentir "anéantissement, colère et incompréhension".
Dans le théâtre de verdure du jardin des Prés-Fichaux, qui a vu grandir leur fils à Bourges, les parents d'Arthur Noyer partagent leur colère devant les caméras en ce matin du jeudi 20 février. Ils ne comprennent pas la décision du procureur de la république de Chambéry. Il y a une semaine, celui ci a décidé le renvoi aux assises de Nordahl Lelandais pour le meurtre de leur fils, et non plus pour son assassinat.
"On ressent de l'anéantissement, de la colère et de l'incompréhension", témoigne la mère d'Arthur Noyer. Pour la famille, l'incompréhension vient des justifications du procureur. Dans son réquisitoire, celui-ci écrit que "les éléments du dossier ne permettent pas d'établir avec certitude la préméditation, les mensonges du mis en examen étant insuffisants pour caractériser cet élément".
"On sort le paris rouge à Nordahl Lelandais"
Pour la mère d'Arthur Noyer, "on lui sort le tapis rouge, à Nordahl Lelandais. C'est plus à lui de prouver qu'il n'y avait pas préméditation. Ca va être à nous, partie civile qui n'avons rien demandé. Je préfèrerais être ailleurs et avoir encore mon gamin dans mes bras, mais ça va être à nous de se se battre pour que le dossier aille dans ce sens".
Car pour la famille, le doute n'existe pas : quand Arthur Noyer monte dans la voiture de Nordahl Lelandais, ce dernier a déjà prévu la mort du jeune caporal. "C'est une évidence", précise le père. "Quand on voit, sur les vidéos de la ville, un prédateur en chasse d'une victime, à tourner à pied et en voiture... Si ce n'est pas de la préméditation, où est-elle ?", s'interroge-t-il.
Un projet de loi pour permettre aux parties civiles de faire appel
D'autant que, si le juge d'instruction suit le parquet dans cette affaire, Nordahl Lelandais peut échapper à la réclusion à perpétuité grâce à l'abandon de la notion de préméditation. Pour l'avocat des parents, cette décision ne doit pas être laissée à la seule appréciation de deux magistrats.
"Pourquoi ne pas laisser à la cour d'assises, qui est dotée de douze magistrats, le soin de dire si il y a préméditation ou pas. Pourquoi seulement deux hommes, le procureur de la République, et ensuite le juge d'instruction, vont décider tout seuls dans leurs bureaux ?", s'étonne Maître Boulloud.
Celui-ci affirme cependant avoir "entière confiance dans le juge d'instruction, qui a suivi le dossier de A à Z, et nous comptons sur lui pour la qualification d'assassinat."
Il note malgré tout que "si le juge d'instruction va dans le sens des réquisitions, nous n'aurons pas la possibilité de faire appel de cette ordonnance". Ce droit, seuls en bénéficieront la défense et le procureur.
Maître Boulloud et les parents d'Arthur Noyer ont donc adressé une proposition de loi à leur député, Loïc Kervran. Ils souhaitent que les partis civils puissent faire appel d'une ordonnance de mise en accusation.