Chambéry : une cellule de soutien psychologique vient en aide aux entrepreneurs touchés par la crise sanitaire

En ces temps de pandémie, beaucoup d'entrepreneurs voient leur activité ralentie. En Savoie, certains trouvent du réconfort auprès de la cellule de soutien psychologique du tribunal de commerce de Chambéry. Un nouveau souffle pour mieux rebondir.

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Une centaine de milliers d'emplois menacés et des entreprises qui survivent sous perfusion. La crise sanitaire et ses restrictions font craindre des répercussions économiques majeures. En 2021, les défaillances d'entreprises pourraient atteindre jusqu'à 25% selon le Conseil économique. Et derrière ces chiffres, le mal-être grandissant de nombreux entrepreneurs.

Certains d'entre eux trouvent réconfort et accompagnement auprès de la cellule de soutien psychologique ouverte depuis trois à Chambéry"J'ai poussé la porte du tribunal de commerce épuisée psychologiquement, physiquement. J'avais de grosses difficultés avec ma société", se rappelle Christel Viallet. Après des problèmes financiers, la diététicienne a fini par déposer le bilan au tribunal de commerce. Elle a aussitôt été orientée vers le juge Francis Raux, qui la rassure.

"Il m'a dit une phrase qui a fait résonnance pour moi : 'Ce n'est pas un échec, c'est un accident de parcours'. Pour moi, c'était un échec total et j'avais perdu toute confiance en moi. Cette phrase a été très puissante pour moi", ajoute-t-elle. Le juge a monté cette cellule d'aide en binôme avec un psychanalyste, Maurice Decarreaux.

"Quand ils viennent vers nous, les gens sont choqués. Ils ont le sentiment d'avoir tout perdu, la blessure absolue", explique le psychanalyste. Grâce à l'accompagnement dont elle a bénéficié, Christel Viallet s'est sentie moins seule. "J'ai pu puiser de l'énergie pour pouvoir rebondir, trouver des solutions pour ma société. Il fallait du concret et j'ai sauvé ma société", raconte-t-elle.

 

"La personne humaine est la principale des richesses"

Aujourd'hui, son cabinet de diététique est toujours en redressement judiciaire, mais Christel se sent plus forte. "Les cellules de soutien psychologiques ont une importance majeure. Je dis toujours que la personne humaine est la principale des richesses. Elle surplombe toutes les autres", estime le référent de cette cellule, le juge Francis Raux.

"La symbolique du tribunal, c'est le jugement. Mais on ne juge pas pour condamner, on évalue pour aider des personnes dans un cadre qui est la plus grande confidentialité, complète Maurice Decarreaux. Nous travaillons aussi sur le sens : mettre des mots, retrouver leur place dans la vie, retrouver un autre regard chez ceux qui n'y croyaient plus."

Le juge Francis Raux a exercé pendant 26 ans au cours desquelles il a vu passer des situations difficiles. "On avait constaté que des drames se nouaient une fois que la porte du tribunal se fermait. Nous avons également eu à affronter le suicide d'un chef d'entreprise qui devait passer en procédure de liquidation judiciaire", se souvient-il. C'est à ce moment-là qu'il met en place, au sein même du tribunal de commerce, tout un mécanisme d'aide aux chefs d'entreprise désemparés.

 

"Je ne sais pas comment je m'en serais sorti sans cette cellule"

Yannick Logerot était à la tête d'une entreprise de BTP dans l'hydraulique. Il employait 25 salariés et concurrençait même des groupes internationaux. Mais un jour, tous les gros chantiers sont tombés à l'eau. Il n'avait plus rien et s'est fait orienter vers le psychanalyste. "Son soutien n'a jamais cessé. C'est très précieux. Surtout qu'autour de vous, on dit : 'Il a coulé sa boite'. J'arrivais à 6h15 au bureau et je restais jusqu'à 19h15. Et ça ne s'arrête jamais à ses stricts horaires de travail. A 4 heures du matin, vous ne pensez qu'à ca", ressasse l'ancien chef d'entreprise.

Depuis la liquidation de sa société, sa vie a totalement changé. Yannick Logerot est devenu maire de la commune de Chamousset, en Savoie. "J'ai découvert des plaisirs que je n'avais jamais eus. Celui de venir à pied le matin à la mairie, sourit-il. Dans mon métier, c'était la voiture, quelques fois 400 km par jour. J'ai découvert le plaisir de vivre et d'avoir un peu de temps pour mes petits-enfants."

"Je ne sais pas comment je m'en serais sorti sans cette cellule, songe l'édile. Je ne préfère pas me poser la question. Ca restera toujours un mystère." Peu après la création de la cellule de soutien, la chambre de commerce et d'industrie, la fédération du BTP et la CPME Savoie se sont associés à cette antenne. Cette protection est totalement gratuite et confidentielle pour les personnes concernées.

 

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