A la Cour d'assises de Chambéry, le quatrième jour du procès de l'aide soignante, Ludivine Chambet, accusée d'avoir empoisonné 13 pensionnaires de la maison de retraite pour personnes âgées dépendantes "Le Césalet", a été consacré à l'interrogatoire de l'accusée.
L'aide-soignante jugée depuis ce mardi par la cour d'assises de Savoie pour avoir empoisonné des pensionnaires d'une maison de retraite près de Chambéry a évoqué "un processus délirant, incompréhensible", ce vendredi au quatrième jour de son procès.
L'accusée, âgée de 34 ans, a été longuement interrogée sur les faits, répondant avec calme et sur un ton monocorde, de sa petite voix enfantine. "A ce jour, j'ai conscience que ça a vraiment été une folie, que je n'arrive pas encore forcément à expliquer. Je voulais que toutes ces personnes aillent mieux, être reconnue comme la personne qui les a soulagées", a-t-elle dit.
Détenue depuis sa mise en examen fin 2013, elle comparaît pour avoir empoisonné, en 2012 et 2013, 13 pensionnaires de la maison de retraite où elle travaillait, âgés de 76 à 96 ans, en leur administrant des cocktails de psychotropes. Dix avaient trouvé la mort.
Selon son avocat Me Thomas Bidnic, "elle était parfaitement consciente de violer l'interdit réglementaire en administrant des médicaments, mais elle dit et elle redit qu'elle n'a jamais eu conscience de donner la mort".
Des explications jugées inacceptables par les avocats des parties civiles, et difficilement entendables par les familles des victimes.
À l'époque, une leucémie aiguë est diagnostiquée à sa mère, qui lui sera fatale. "J'étais dans un état de souffrance, de mal-être. Je supportais de moins en moins de voir les résidents ralentir", souligne l'accusée, qui dit ne pas se souvenir des recherches faites alors sur internet sur les médicaments et la mort par empoisonnement.
Elle a maintenu qu'elle était responsable de onze empoisonnements mais pas de ceux visant Mathias Carle et Joséphine Pachoud, décédés à 86 et 89 ans après des malaises et résidant au rez-de-chaussée de la maison de retraite, elle-même travaillant à l'étage.
Le procès reprendra lundi matin avec l'audition des membres de la famille de Ludivine Chambet. Le verdict est attendu le 24 mai. L'accusée encourt la réclusion à perpétuité.
Résumé de la journée avec Claudine Longhi-Bernard et Dominique Bourget