Les infirmières du service néonatalogie du centre hospitalier de Chambéry (CHMS) ont entamé une grève illimitée, ce mercredi 15 juin. Elles demandent davantage de personnels, des primes auxquelles elles n'ont pas le droit et une meilleure reconnaissance de leur métier. Les candidats aux élections législatives dans la 4e circonscription de la Savoie ont réagi.
Elles sont une quinzaine, mais font du bruit comme cent. Ce mercredi 15 juin, pour leur deuxième jour de grève illimitée, les infirmières du service néonatologie du centre hospitalier de Chambéry (CHMS) ont sorti les sifflets, les mégaphones, la sono et les tracts. Elles alertent les passants et interpellent leur direction sur leurs conditions de travail.
"Ça fait six ans et demi que je travaille en réanimation néo-natale à Chambéry. J'ai vu les conditions se dégrader au fil des années", raconte Élodie, une jeune infirmière. Avec ses collègues, elle dénonce le manque de personnel et des primes auxquelles elles n'ont pas droit. Comme celle de la prime en soins critiques. Un bonus pourtant versé aux infirmières généralistes.
La plupart de mes anciennes collègues sont parties. Elles ont claqué la porte de l'hôpital. Elles ne supportent plus la baisse des conditions de travail.
Élodie, infirmière.
Les conditions de travail n'attirent plus : "C'est dur de faire un bac +4 et travailler dans ces conditions-là", réagit Fabrice Lodo, représentant syndical de la CGT.
"La plupart de mes anciennes collègues sont parties. Elles ont claqué la porte de l'hôpital. Elles ne supportent plus la baisse des conditions de travail et la baisse de la qualité des soins", poursuit Élodie. Malgré la grève, les obligations de soins sont toujours assurées.
80 personnes concernées par la grève
Le manque de personnel pourrait avoir de dangereuses conséquences sur des bébés nés prématurément et qui peuvent peser moins de deux kilos : "les besoins des bébés ont évolué. Quand on est en surcharge, on n'a parfois pas le temps ou les moyens d'effectuer des soins à quatre mains. C'est pourtant très bénéfique pour l'enfant", indique Karine.
"On est régulièrement rappelées sur nos jours de repos pour remplacer quelqu'un dans le service, par manque d'effectif", poursuit-elle. Certaines infirmières confient n'avoir eu qu'une semaine de congés entre octobre dernier et juin.
Faute de pouvoir ouvrir des lits par manque de personnels, Élodie et Karine assistent à des transferts de patients dans les hôpitaux de la région. Quatre-vingts personnes travaillent dans les différents services de la néonatologie (réanimation néonatale, soins intensifs, néonatologie, l’unité kangourou et le SMUR néonatal). Il faudrait six équivalents temps plein en renfort, selon la CGT.
Les propositions des candidats
Les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour des élections législatives dans la quatrième circonscription de la Savoie ont débattu, ce mercredi 15 juin, sur France 3 Alpes. Voici leurs propositions, dans l'ordre de leur intervention lors du débat télévisé, sur l'hôpital et la situation de ces infirmières :
Jean-François Coulomme (Nupes-LFI) : "Pour ces infirmières en néonatalité, une heure de nuit est payée un euro de plus seulement. Un euro de plus de l'heure n'est pas à la hauteur de l'engagement de nos fonctionnaires et de nos soignantes. C'est un problème. Comme celui du point d'indice qui n'a pas été revalorisé depuis des années.
Aujourd'hui, il nous faut un plan d'ensemble ambitieux pour permettre à tous ceux qui constituent le ciment de notre société de pouvoir exercer leur métier dans des conditions dignes, ce qui n'a pas été le cas."
Patrick Mignola (MoDem) : "Le Ségur de la santé ne suffit pas (pour ces infirmières). Il y a plusieurs métiers qui n'ont pas été traités dans le Ségur de la santé au départ, dans le médico-social, dans l'administratif, dans les hôpitaux, dans les établissements pour personnes âgées ou pour personnes handicapées.
L'engagement avait été pris par le gouvernement précédent, et j'espère qu'il le restera dans les semaines qui viennent, de réparer ces lacunes. Il y a besoin d'argent. De 1999 à 2018, le budget de l'hôpital n'a pas augmenté, tous gouvernements confondus. Nous l'avons augmenté en 2018 et plus encore au moment du Covid.
(...) Oui, il faut revaloriser les primes de nuit et les primes de week-end dès cet été, en particulier pour les services d'urgence. Nous avons également pris l'engagement de la revalorisation du point d'indice. (...) J'ai porté une proposition très concrète dans cette circonscription, c'est de lancer un grand plan de construction de logements, en locatif social ou en accession sociale à la propriété, qui sont réservés au personnel du soin au sens large."