Retraité, Christian Bochard, chocolatier connu des Grenoblois, a décidé de remettre son tablier car son métier lui manquait trop. À 77 ans, il vient d’ouvrir une boutique à Chambéry "pour éviter de tourner en rond".
Le père Bochard a le geste vif, gracieux. Ce jeudi 31 décembre, dans son petit laboratoire situé à La Terrasse, en Isère, il nous reçoit les mains pleines de chocolat. "Je suis en train de préparer des frivolités, c’est une des premières recettes que j’ai faite dans les années 1958, explique-t-il. C’est une ganache parfumée au rhum".
Chocolatier depuis 62 ans
Passionné par son métier, le septuagénaire confectionne des friandises depuis 62 ans. Il a débuté le métier à 14 ans par un apprentissage, avant de devenir salarié dans différentes maisons puis enseignant. En 1984, il a ouvert sa première boutique à Grenoble, devenue aujourd’hui une institution pour les gourmands. Ce sont notamment les mandarins, des clémentines confites enrobées de chocolat, qui ont fait sa renommée.
Au fil des ans, sa longue carrière lui a même permis de rencontrer quelques personnalités, comme Valéry Giscard d'Estaing. "J’avais fait le contour de la carte de France dans des anémones. Et c’était en 1983, il n’était plus président de la République. Je lui avais dit que c’était pour qu’il se rappelle de la France et de son épouse, qui s’appelait Anne-Aymone".
Un nouveau défi
Puis en 2019, Christian lègue la chocolaterie grenobloise à son fils. Mais impossible de raccrocher, son métier lui manque trop. "Quand vous avez cette passion, cet amour, que vous êtes toujours en train de chercher des recettes, c’est un bonheur !" confie-t-il.
Alors à 77 ans, cet acharné de travail fait un pari fou : inaugurer une nouvelle boutique à Chambéry. Située rue Basse-du-Château, en plein centre-ville, elle accueille ses premiers clients depuis le mois de décembre. Le chocolatier s’y rend plusieurs fois par semaine pour livrer son stock de chocolats faits maison.
Cette force de caractère suscite l'admiration de ses proches, mais aussi de ses pairs. "Quand il m’a dit qu’il rattaquait à Chambéry, je lui ai dit qu’il était fou ! rigole Louis, un chocolatier retraité qui a rencontré Christian lorsqu'ils étaient apprentis il y a soixante ans. Je lui ai dit de faire des voyages, de prendre des paquebots, mais non !".
Je ne me voyais pas tourner en rond
"C’est extraordinaire, je n'aurais jamais pensé rouvrir une boutique mais je ne me voyais pas tourner en rond à rien faire, reconnaît Christian. C’est un aboutissement".
Infatigable, le chocolatier espère encore travailler de nombreuses années et pourquoi pas inventer de nouvelles spécialités.