VIDEO. On vous explique pourquoi des millions de bâtons rouges sont plantés en ce moment dans les champs en Savoie

La Savoie est l'un des principaux producteurs de pieds de vignes. 35 millions de plants enduits de paraffine rouge sont plantés chaque année. Ils sont destinés principalement aux vignobles de Bourgogne et de Champagne.

On la surnomme la vallée des bâtons rouges. Au printemps, dans la Combe de Savoie, les champs semblent parsemés de petites fleurs vermillon. En réalité, ce sont des pieds de vigne, recouverts de cire. 

Dans une parcelle, près d’Aiton, les ouvriers agricoles commencent le travail dès 7h30. Accroupis dans la terre, ils alignent les jeunes plants tout justes greffés. 

"Il faut planter les plants le plus droit possible, car les machines agricoles vont passer et il ne faut pas qu’elles les abiment. Il faut aussi vérifier que les têtes soient bien présentes, sinon le pied ne se développera pas" explique Audrey. Étudiante en STAPS, la jeune femme entame son premier contrat dans le milieu agricole. "Je suis en vacances, et j’avais envie de travailler. C’est physique comme métier, c’est vrai que j’ai eu mal au dos les premiers jours", poursuit-elle en enfonçant les bâtons rouges dans la terre.

Dans cette pépinière viticole, l’étape de la mise en terre est délicate. Deux millions de bâtons doivent être plantés d’ici la fin du mois. "On a une vingtaine de jours pour planter notre pépinière et pas plus, précise Olivier Vullien, le pépiniériste. Et pendant cette période, il faut qu’on ait du beau temps pour pouvoir travailler dans les terrains sans que ça ne soit trop mouillé".

Un savoir-faire hérité du XIXe siècle

Depuis trois générations, la famille Vullien s’est spécialisée dans la production de plants de vignes. C’est dans son atelier, situé à quelques kilomètres des parcelles, que les bâtons sont trempés dans la paraffine. La cire permet de protéger le bourgeon du vent et des intempéries.

Ce savoir-faire, hérité du XIXe siècle, permet de rendre les jeunes plants plus résistants au phylloxera, un insecte qui a autrefois ravagé le vignoble français. "On utilise un porte-greffe d’origine américaine, et après l’avoir incisé avec une machine, on va venir insérer un bourgeon issu de nos pieds de vigne. Le porte-greffe américain résiste très bien à la piqûre de l’insecte. Ce qui permet au jeune plant de se développer sans risques" détaille Jean Vullien, le père du pépiniériste.

Aujourd’hui, le département de la Savoie est le deuxième producteur de cépages français comme le chardonnay, le merlot, le syrah ou encore le cabernet.

"Nos clients sont des viticulteurs, principalement de Bourgogne, de Chablis, de Champagne et du Beaujolais. Lorsqu’ils ont des plantations de vignes ou des remplacements à faire chez eux, ils nous passent commande au moins un an à l’avance" ajoute Olivier Vullien.

Les plants resteront en terre jusqu’à l’automne. Mais la greffe ne prend pas à tous les coups : seuls 50 à 60 % d’entre eux pourront être vendus aux viticulteurs.