"Les feux de la colère agricole" vont-ils embraser tout le pays ? C'est le souhait de la Coordination rurale qui a mobilisé ses troupes ce mardi 19 novembre 2024 partout en France. Dans les Pyrénées-Orientales, les agriculteurs d'Occitanie bloquent l'entrée des camions de fruits et légumes et de vin en provenance d'Espagne à la frontière mais ils ne comptent pas s'arrêter là.
La Coordination rurale, 2e syndicat agricole, a rejoint la mobilisation lancée lundi par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs pour dénoncer l'accord du Mercosur que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l'année. Les manifestants veulent vivre dignement de leur métier et "ne plus dépendre de Bruxelles" pour survivre.
Sur les pancartes, on pouvait lire "Pour nos produits, DES PRIX, pas le mépris", "nous voulons vivre de notre travail", "on se bat pour vous nourrir" ou encore "Mercosur = paysan français mort".
L'A9 paralysé au péage du Boulou
Gilets jaunes sur le dos, drapeaux de la même couleur estampillés "CR" sur leurs véhicules, une centaine de manifestants a investi le péage du Boulou, ce mardi midi, pour bloquer la circulation sur l'autoroute A9, dans le sens Espagne-France.
En quelques minutes, une longue file de véhicules s'est formée et le trafic s'est complètement paralysé, créant au fil des heures un bouchon d'une vingtaine de kilomètres.
Le but c'est le blocage, on veut montrer ce qui se passerait s'il n'y avait plus d'agriculteurs.
Philippe Maydat, président de la Coordination rurale des Pyrénées-Orientales (CR66).AFP
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Sur l'A9, l'autoroute de fruits et légumes qui arrivent d'Espagne, ils envisagent "un blocage durable sur plusieurs jours". Les manifestants s'insurgent contre la concurrence des pays du sud qui ne respectent pas les mêmes normes sociales, sanitaires et environnementales que la France et qui pourtant exportent leurs produits en masse dans l'Hexagone, dont c'est souvent le premier marché.
En inspectant la cargaison d'un camion chargé de légumes, un manifestant s'énerve...
Ce qui me révolte, c'est ça. Avant, en pays catalan, on n'avait beaucoup de maraîchers, aujourd'hui, ces choux on est obligé de le importer d'Espagne. Si on en prend un, et qu'on le fait analyser, vous verrez tous les pesticides qu'il y a là-dedans. Des pesticides interdits en France depuis plus de 20 ans. Ca, il faut le cramer !
Sébastien, membre de la Coordination rurale.
Dans l'après-midi, ils ont "contrôlé" des semi-remorques transportant des denrées espagnoles et des camions-citernes de vin blanc. Plusieurs ont fait les frais de leur colère.
Deux cuves de 60.000 litres l'unité ont été vidangées sur la chaussée sous les hourras des manifestants.
Sur place, les forces de l'ordre sont présentes en nombre autour de ce péage.
À un moment donné, ils vont vouloir nous virer. S'ils ne le font pas de la bonne manière, on brûlera tout.
Serge Bousquet-Cassagne, figure de la Coordination rurale et président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne.
D'autres actions à venir... dans les prochains jours
Le mot d'ordre, désormais, c'est "on va durer"... La Coordination rurale prévoit "de provoquer le chaos" et "la pénurie alimentaire".
En fin d'après-midi, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a salué "une première victoire" après l'annonce de la tenue d'un débat suivi d'un vote le 26 novembre à l'Assemblée nationale sur le traité de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur.
Une annonce qui n'est pas du goût de la Coordination rurale qui veut au contraire accroître la pression sur le gouvernement et sur l'Europe par de nouvelles actions coup de poing.
On bloque l'A9, mais il faut aussi mettre la pression sur les dépôts de carburants, les ports, les centrales d'achat. On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire.
Serge Bousquet-Cassagne, figure de la Coordination rurale dans le Sud-Ouest.
Outre les bâchages de radar, les rendez-vous avec les préfets et les 82 actions prévues dans toute la France, les agriculteurs pourraient décider de bloquer des routes, des sites stratégiques ou encore de faire leur retour sur les ronds-points.
Pour beaucoup, ces opérations symboliques sont parties pour durer.
